Chapitre 17 : Jeux d’ombres et de vengeance

Le lendemain matin, un vent glacial soufflait sur la capitale, comme un présage du tumulte qui allait suivre.

Dans la demeure en déclin des Zhao, l’atmosphère était pesante. Yan Zhao, autrefois l’un des plus fiers héritiers de la noblesse, errait dans le hall principal, ses pas résonnant sur le sol vide. Les domestiques étaient partis, laissant derrière eux un manoir délabré et un avenir incertain.

Assis face à lui, ses parents, le Marquis Zhao et son épouse, échangeaient des regards sombres. Leur fortune fondait comme neige au soleil, et leur nom autrefois glorieux était désormais synonyme d’humiliation.

— Tout ça… à cause d’une seule femme ! siffla le Marquis Zhao, le poing frappant la table.

Son épouse, le visage déformé par la frustration, ajouta d’un ton venimeux :

— Cette Shen Jiayi… elle nous a volé notre place ! Si seulement nous avions pu empêcher son retour…

Yan Zhao, lui, ne prononça pas un mot. Son regard restait fixé sur la fenêtre, là où sa nouvelle épouse, l’épée à la main, exécutait des mouvements d’une précision redoutable dans la cour.

La jeune femme, Su Meilin, semblait être la seule à canaliser sa frustration d’une autre manière. Elle enchaînait coup sur coup, frappant violemment le mannequin de bois devant elle. Sa respiration était haletante, son regard empli de rage contenue.

Elle aussi détestait Jiayi. Non pas pour les mêmes raisons que son époux et ses beaux-parents, mais parce qu’à ses yeux, c’était une insulte d’avoir épousé un homme brisé par une autre femme.

— Je ne resterai pas dans l’ombre d’un fantôme, murmura-t-elle en lançant un coup d’épée final.

Elle se retourna vers Yan Zhao qui l’observait depuis le seuil.

— Alors ? Tu comptes rester là à pleurnicher ou as-tu enfin une idée pour restaurer la grandeur des Zhao ?

Yan Zhao esquissa un sourire froid.

— Bien sûr que j’ai un plan.

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### **Dans la Cité Impériale – Palais de l’Impératrice**

Pendant ce temps, au palais impérial, l’annonce du décret impérial en faveur de Jiayi avait secoué la cour comme une onde de choc.

Lorsque l’information parvint aux oreilles de l’Impératrice Minghzu son sang ne fit qu’un tour.

Assise dans ses appartements privés, une coupe de thé en main, elle l’écrasa violemment entre ses doigts, le liquide brûlant éclaboussant sa robe de soie. Des gouttes de sang perlaient désormais sur ses paumes.

Sa servante personnelle, Lianfei, sursauta en voyant la scène et accourut immédiatement.

— Votre Majesté ! Votre main…

L’Impératrice ne sembla même pas ressentir la douleur. Son regard était noir, empreint d’une **fureur incontrôlable.

— Shen Jiayi… cette femme est une épine dans mon flanc depuis bien trop longtemps.

Lianfei se mordit les lèvres, incertaine de ce qu’elle devait dire.

— Votre Majesté, vous devriez faire soigner votre blessure…

Mais l’Impératrice ignora l’avertissement. Elle se leva brusquement, faisant voleter les pans de sa robe brodée d’or, et ordonna d’une voix tranchante :

— Faites venir mon frère immédiatement.

Lianfei hésita.

— Le Ministre Jiang est actuellement en audience avec Sa Majesté l’Empereur…

— JE ME MOQUE DE L’EMPEREUR !

Le cri résonna dans toute la pièce, glaçant le sang des servantes présentes.

L’Impératrice reprit son souffle, puis, d’une voix plus calme mais non moins tranchante, ajouta :

— *Il viendra. Immédiatement.

Lianfei s’inclina précipitamment avant de quitter les appartements pour exécuter l’ordre.

Seule, l’Impératrice serra son poing ensanglanté.

— Tu crois que la couronne peut te protéger, Jiayi ? Tu crois que je vais rester les bras croisés pendant que tu voles tout ce qui me revient de droit ?

Elle leva son regard vers un miroir et observa son propre reflet.

— Tu ne sais pas encore à qui tu t’opposes.

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### **Retour au Manoir des Shen**

Au même moment, Jiayi terminait de lire un rapport détaillé qu’un informateur lui avait fait parvenir.

La capitale était en ébullition. Les murmures allaient bon train.

— Ma Dame, dit Xiaolan en posant une nouvelle tasse de thé devant elle, on raconte que l’Impératrice est entrée dans une colère noire en apprenant votre ascension.

Jiayi ne releva même pas les yeux.

— C’était prévisible.

Xiaolan hésita un instant avant d’ajouter, plus doucement :

— Pensez-vous qu’elle tentera de vous nuire ?

Jiayi haussa un sourcil avant de sourire légèrement.

— Elle essayera. C’est certain. Mais ce n’est pas elle qui détient le pouvoir.

Elle posa la lettre sur la table et fixa l’horizon.

— Ce jeu ne fait que commencer.

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