La cour du manoir Zhao était plongée dans un silence pesant. Le décret impérial scellé du sceau de l’empereur tremblait dans les mains du marquis Zhao, dont le visage était figé entre la stupeur et la colère. Shen Jiayi, drapée dans sa dignité malgré les blessures qui marquaient encore son dos, se tenait face à lui, accompagnée de Xiaolan.
Mais derrière cette confrontation imminente, le déclin des Zhao était déjà en marche. Depuis plusieurs mois, des rumeurs circulaient sur la perte d’influence de la famille. Les affaires du commerce du marquis Zhao père avaient souffert d’une mauvaise gestion, et plusieurs créanciers commençaient à frapper à leur porte. La dot de Jiayi était devenue la bouée de sauvetage de la famille, et sans elle, l’effondrement semblait inévitable.
— Remets-moi ma dot, Yan Zhao, répéta-t-elle d’une voix calme mais tranchante.
Les domestiques, témoins involontaires de cette confrontation, retenaient leur souffle. Personne n’osait parler. Zhao Yan serra les dents, puis éclata d’un rire amer.
— Tu crois que je vais me plier à ça si facilement ? La dot d’une femme appartient à son mari une fois le mariage scellé.
Jiayi haussa un sourcil, son regard empreint de mépris. Elle fit un pas en avant et tendit la main.
— Ce décret vient de l’empereur. Veux-tu le défier ?
Zhao hésita. Le décret était officiel, et le défier reviendrait à défier l’autorité impériale. Son père et sa mère, qui venaient d’être informés de la situation, firent irruption dans la cour, furieux.
— C’est un scandale ! s’écria la marquise Zhao. Nous avons déjà tout préparé pour le mariage !
— Une femme répudiée qui ose encore exiger des richesses ? Quelle honte ! renchérit le marquis Zhao père.
Jiayi les fixa sans ciller. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire glacial.
— Une honte ? La véritable honte, c’est d’avoir volé la dot d’une fille de la famille Shen pour financer l’union d’une inconnue.
À cet instant, une silhouette s’avança à côté de Zhao. Une femme vêtue d’une robe élégante, aux traits raffinés, mais dont le regard était chargé d’arrogance. La nouvelle épouse.
— Lady Shen, dit-elle avec un sourire suffisant. Il est inutile de lutter contre l’inévitable. Vous n’êtes plus qu’un souvenir, et cette maison est désormais la mienne.
Jiayi la fixa sans émotion, puis sourit froidement.
— Si tu penses être à la hauteur, prouve-le.
Le défi était lancé. La cour se figea. La nouvelle épouse fronça les sourcils mais, piquée dans son orgueil, elle dégaina une épée fine attachée à sa taille.
— Très bien, accepta-t-elle avec arrogance. Un duel.
Les serviteurs reculèrent, laissant un large espace vide. Xiaolan s’avança immédiatement auprès de Jiayi, inquiète.
— Maîtresse, vous êtes encore blessée…
— Cela ne prendra pas longtemps, Xiaolan, répondit Jiayi en attrapant son épée.
Le combat débuta. La nouvelle épouse attaqua la première, rapide et précise, mais Jiayi para sans effort. Chaque mouvement était fluide, chaque esquive calculée. Au bout de quelques échanges, Jiayi désarma son adversaire d’un seul mouvement précis, envoyant son épée voler au loin.
Elle plaça la pointe de son arme sous la gorge de la jeune femme.
— Tu voulais prouver ta place ici ? C’est raté.
La nouvelle épouse, tremblante, recula sans un mot. Le silence retomba dans la cour, jusqu’à ce qu’une nouvelle voix se fasse entendre.
— Assez !
Le conseiller impérial Huang venait d’entrer dans la cour, suivi de plusieurs soldats impériaux. Son regard sévère se posa sur Zhao et sa famille.
— Shen Jiayi a obtenu son divorce par décret impérial. La dot doit lui être rendue, sans condition. Toute opposition sera considérée comme une offense directe à l’empereur.
Zhao blêmit. Le marquis Zhao père ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa en voyant l’expression du conseiller.
— Très bien, lâcha Zhao entre ses dents. Vous voulez votre dot ? Prenez-la et partez !
Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres de Jiayi. Elle fit un geste à Xiaolan qui présenta la liste officielle de sa dot. En un instant, les serviteurs du manoir durent rassembler tous les coffres, étoffes précieuses et bijoux qui lui appartenaient.
Alors que les richesses étaient entassées sur des chariots, l’inquiétude s’installa parmi les membres de la famille Zhao. Sans cette dot, comment allaient-ils faire face à leurs dettes ?
Lorsque tout fut chargé, Jiayi remonta sur son cheval, le dos toujours meurtri mais l’âme victorieuse.
— Profite bien de ton mariage, Zhao, dit-elle en un dernier regard.
Le marquis Zhao, impuissant, ne put que regarder Jiayi s’éloigner avec tout ce qu’il espérait garder.
À ses côtés, Xiaolan se retourna brièvement et tira la langue à la famille Zhao avant de talonner son cheval pour rattraper sa maîtresse.
Le conseiller Huang chevauchait aux côtés de Jiayi, son regard empreint d’admiration.
— Vous avez fait preuve d’une grande maîtrise, Lady Shen. L’empereur saura apprécier votre détermination.
Jiayi ne répondit pas immédiatement, observant le ciel s’ouvrir devant elle.
Le Phénix était libre… et son envol ne faisait que commencer.
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