Chapitre 7 : Le Retour au Manoir Shen

Le grand manoir du général Shen se dressait fièrement sous le ciel limpide, son architecture imposante témoignant d’un passé glorieux. Niché au cœur d’un vaste domaine, il avait autrefois abrité l’une des familles les plus respectées de l’Empire. Mais aujourd’hui, alors que Shen Jiayi franchissait les portes monumentales, elle ressentait un étrange mélange de nostalgie et de vide.

Le vent soufflait doucement à travers les jardins, faisant bruisser les feuilles des pruniers en fleurs. Chaque pas qu’elle faisait sur les dalles de pierre usées ramenait un souvenir : des éclats de rire d’enfants, les voix sévères mais bienveillantes de ses frères aînés, le regard fier de son père alors qu’il l’entraînait au maniement de l’épée, le parfum délicat de sa mère qui venait la border le soir.

Elle s’arrêta un instant au seuil de la grande porte, posant une main tremblante sur le bois sculpté. Une bouffée d’émotions lui serra la gorge.

— Maîtresse, vous êtes enfin de retour.

La voix douce et enjouée de Xiaolan la sortit de ses pensées. La jeune servante se tenait à ses côtés, un sourire radieux illuminant son visage.

— Oui… Je suis rentrée.

Elle ouvrit lentement la porte et pénétra dans le hall principal. Malgré les années, tout était resté intact. Les vastes tapis richement brodés, les lanternes suspendues projetant une lumière chaude, les portraits de ses ancêtres accrochés aux murs… mais le silence qui régnait désormais dans la demeure contrastait avec le bruit joyeux de son enfance.

Xiaolan observait sa maîtresse avec attention. Pour la première fois depuis longtemps, Jiayi avait cet éclat particulier dans les yeux, cette lumière qui semblait s’être éteinte lorsqu’elle était devenue l’épouse du marquis Zhao.

— Vous avez l’air… apaisée, maîtresse.

Jiayi tourna son regard vers elle et esquissa un léger sourire.

— Cet endroit… c’est ici que j’ai grandi, ici que j’ai appris à devenir forte. Peu importe tout ce que j’ai perdu, ici, je redeviens moi-même.

Xiaolan hocha vivement la tête.

— Alors nous allons tout faire pour redonner à cette maison son éclat d’antan !

Jiayi laissa échapper un petit rire en voyant l’enthousiasme de sa servante.

— Oui, Xiaolan. Nous allons redonner vie à cette demeure.

Pendant ce temps, dans la cour principale, le conseiller Huang supervisait le déchargement des affaires de Jiayi. Les gardes déplaçaient les coffres contenant sa dot et ses biens personnels, les installant dans l’aile principale du manoir.

Huang observait les lieux avec un regard pensif. Il n’était pas venu ici depuis des années, depuis l’époque où le général Shen vivait encore. Voir cet endroit lui rappelait à quel point le destin de cette famille avait été tragique.

Lorsqu’il aperçut Jiayi sortir du hall, il s’avança vers elle avec un sourire respectueux.

— Lady Shen, tout est en ordre. Vos affaires ont été installées comme vous l’avez demandé.

Jiayi hocha la tête.

— Merci, Conseiller Huang. Vous m’avez beaucoup aidée.

L’homme secoua la tête.

— Ce n’est rien. Votre famille était autrefois une des plus loyales servantes de l’Empire. Il est naturel que je vous apporte mon soutien.

Il marqua une pause avant d’ajouter d’un ton plus sérieux :

— Vous savez que votre retour ne sera pas vu d’un bon œil par certains. L’Impératrice vous surveille, et d’autres familles influentes pourraient voir en vous une menace.

Jiayi croisa les bras, un léger sourire aux lèvres.

— Je ne suis pas revenue pour me cacher.

Le conseiller la scruta un instant, puis esquissa un sourire satisfait.

— C’est bien ce que je pensais. Vous avez l’âme d’un vrai général, Lady Shen.

Il jeta un regard vers le ciel qui commençait à s’assombrir.

— Sachez que si vous avez besoin d’aide, je serai toujours là.

Jiayi le regarda avec reconnaissance.

— Je vous en suis reconnaissante, Conseiller Huang.

À ce moment-là, Xiaolan, qui avait tout suivi en silence, leva le poing avec détermination.

— Et moi aussi ! Je serai là pour vous, maîtresse, quoi qu’il arrive !

Jiayi éclata de rire devant l’enthousiasme de sa servante.

— Je n’en attendais pas moins de toi, Xiaolan.