Le vent froid soufflait à travers la lande tandis qu’Aelstrom remontait la colline menant au château, Silastrya volant à ses côtés, ses ailes battant silencieusement dans la nuit. La créature, majestueuse et imposante, restait pourtant étrangement distante, son regard perçant scrutant son maître, un éclat d’inquiétude dans ses yeux brillants. Aelstrom ne remarqua pas immédiatement le poids de ce silence, trop absorbé par ses pensées. Il se sentait épuisé, mais une tension persistait dans son esprit. La guerre n’était pas terminée, et les batailles à venir se dessinaient déjà à l’horizon.
Il guida son cheval vers l’entrée du château, les lourds portails de pierre s’ouvrant devant lui. Il n’avait pas encore posé un pied au sol que Silastrya se posa doucement à côté de lui, ses yeux toujours fixés sur lui, scrutant chaque geste avec une intensité étrange.
Aelstrom descendit du cheval, et sans un mot, se tourna vers la créature qui le suivait avec une patience infinie, comme si elle attendait quelque chose. Il n’eut même pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle était préoccupée. Son lien avec Silastrya était aussi vieux que la guerre elle-même, et même s’il avait appris à lire ses gestes et son langage corporel, il savait qu’elle ressentait une tension dans l’air, quelque chose qu’il ne voulait pas admettre.
Silastrya s’approcha lentement, ses yeux brillant d’une lueur inquiète. Elle ouvrit la bouche, sa voix grave et fluide, mais pleine de préoccupations.
— Aelstrom, commença-t-elle, sa voix douce mais fermement préoccupée. Tu n’es pas comme d’habitude. Qu’est-ce qui te tourmente ?
Aelstrom leva les yeux vers elle, ses sourcils froncés. Il n’avait jamais été du genre à se confier facilement, même à sa vouivre, pourtant, il se sentait étrange, ce soir. La guerre, les pertes, les décisions à prendre… Tout cela pesait lourd sur ses épaules.
— C’est la guerre, Silastrya, répondit-il d’une voix calme, mais teintée d’un soupçon de fatigue. Elle nous ronge, et même ici, au château, je sens que l’ombre des démons plane. Je suis fatigué de tout cela, fatigué de voir des innocents souffrir. Mais je ne peux pas m’arrêter. Je ne peux pas baisser les bras.
La vouivre pencha légèrement la tête, ses grands yeux scrutant les siens, comme si elle cherchait à comprendre. Un instant, le vent souffla plus fort, faisant frémir la flamme des torches qui éclairaient les murs du château.
— Je le sais, Aelstrom, murmura-t-elle doucement, un ton de consolation dans sa voix. Mais toi aussi, tu es humain. Même les plus puissants ont leurs limites. Laisse-moi t’aider. Tu n’as pas à porter tout ce fardeau seul.
Elle s’avança un peu plus près, se mettant à sa hauteur, ses grandes écailles réfléchissant la lumière des torches. Malgré son apparence imposante, il y avait une douceur presque maternelle dans ses gestes. Silastrya, comme toujours, avait perçu l’agitation dans son cœur, l’inquiétude qui grandissait en lui à mesure que les jours passaient.
Aelstrom ferma les yeux un instant, sentant une chaleur étrange se répandre en lui. Il n’était pas habitué à ce genre de réconfort. La distance entre eux, pourtant, était palpable – même dans cette proximité, il y avait une barrière invisible. Une barrière qu’il ne comprenait pas encore, mais qui grandissait à chaque journée de guerre.
— Je n’ai pas le choix, répondit-il enfin, sa voix devenant plus grave. Le royaume a besoin de moi. Il a besoin de ma force, de ma vision. Nous ne pouvons pas perdre… Pas maintenant.
Silastrya souffla légèrement, un nuage de vapeur sortant de ses narines. Elle se tenait silencieuse un instant avant de répondre, mais Aelstrom pouvait voir dans ses yeux l’empathie et la compréhension qui se reflétaient. Elle savait mieux que quiconque à quel point il était déterminé. Elle savait aussi à quel point il était prêt à sacrifier sa propre tranquillité pour le bien des autres.
— Et toi, Aelstrom ? demanda-t-elle d’une voix plus douce, mais pleine de sagesse. Quand penseras-tu à toi-même ? Quand arrêteras-tu de te sacrifier sans fin ?
Ces mots frappèrent Aelstrom comme une cloche dans la nuit. Il se tourna enfin vers elle, son regard sérieux, mais il y avait une lueur de reconnaissance dans ses yeux. Il comprenait ce qu’elle lui disait, mais la vérité restait la même : il ne pouvait pas s’arrêter. Pas maintenant.
— Je dois veiller sur eux, murmura-t-il, presque pour lui-même.
Il détourna ensuite les yeux, se dirigeant vers la porte du château. Silastrya ne bougea pas, mais ses yeux restèrent rivés sur lui. Ils avaient traversé bien des batailles ensemble, mais cette guerre, ce conflit incessant, semblait changer tout ce qu’ils avaient connu.
Alors qu’il se dirigeait vers les portes du château, il s’arrêta un instant et se tourna vers sa vouivre.
— Silastrya, dit-il d’un ton plus faible, comme si un secret jusqu’alors enfoui avait été révélé. Je… je vais retourner là-bas. Il faut que je sache si nous avons encore des alliés, des survivants à protéger. Reste ici et veille sur le château. Je reviendrai.
Elle ne répondit pas immédiatement, mais la tension dans l’air se dissipa légèrement. Elle s’approcha et, avant qu’il ne parte, souffla doucement dans son oreille, ses mots un murmure réconfortant.
— Fais attention à toi, Aelstrom. Je t’attendrai.
Et alors qu’il quittait le château, avec son esprit toujours agité, Silastrya resta là, observant sa silhouette se perdre dans la brume. Un profond sentiment d’inquiétude persista en elle, mais elle savait aussi qu’Aelstrom était le genre d’homme qui n’abandonnait jamais. Et tant qu’il luttait, elle serait là, prête à le soutenir, même si elle ne pouvait pas toujours tout lui dire.
Le silence s’étendait dans la cour, mais entre eux, il y avait une promesse implicite : quoi qu’il arrive, ils se retrouveraient toujours.
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