Sous les branches du répit

La nuit était tombée, paisible mais lourde. Autour du feu qu’ils avaient allumé dans la clairière nettoyée des cadavres, Ilmarion et sa fratrie s’étaient regroupés, formant un cercle chaleureux malgré le froid mordant de la forêt. Les crépitements des flammes illuminaient les visages fatigués, mais soulagés.

Naelia était blottie contre le flanc d’Ilmarion, sa petite main serrée autour de son bras. Lysha s’était endormie, la tête posée sur l’épaule d’Elaria qui la berçait doucement. Aerys, encore pâle, observait les flammes d’un air songeur.

Kaelen était assis un peu en retrait, son regard fixant le ciel au travers des branches.

Aelstrom, quant à lui, gardait une distance respectueuse, adossé contre un arbre. Il ne participait pas aux échanges, mais son regard passait sans cesse d’un frère à l’autre, comme s’il cherchait à comprendre cette tendresse qui les liait.

— Je n’arrive pas à croire que tu sois vivant, souffla Elaria à Ilmarion. Quand on t’a perdu, je… j’ai cru que tout était fini.

Ilmarion lui prit la main.

— Je suis désolé de vous avoir laissé. Je n’avais pas le choix. Je devais vous mettre à l’abri.

— Tu nous as sauvés, dit Kaelen, sa voix grave brisant le silence. Mais tu as aussi failli mourir pour ça. Si on t’avait perdu, on n’aurait pas survécu longtemps sans toi.

Ilmarion baissa les yeux, puis sourit faiblement.

— Notre père comptait sur moi. Et je n’abandonnerai jamais aucun de vous. Jamais.

Naelia leva la tête, les yeux brillants.

— Tu vas rester avec nous maintenant ?

— Oui, murmura-t-il. Plus jamais je ne vous quitterai.

Un silence doux s’installa. Puis Aerys, d’une voix encore timide, ajouta :

— Tu es blessé… et pourtant tu es revenu. Tu es si fort, frère…

— Je suis fort parce que vous êtes vivants, répondit Ilmarion, les larmes aux yeux. Et tant que vous vivez, je tiendrai debout.

Aelstrom détourna le regard, masquant le trouble qui passa un instant dans ses yeux.

Elaria se tourna vers le roi des Fyrliths.

— Nous vous devons notre salut, majesté. Merci de l’avoir protégé… et d’être venu avec lui.

Aelstrom redressa la tête.

— Il a décidé de vous retrouver seul. Je l’ai simplement empêché de mourir en chemin.

Un silence respectueux accueillit sa réponse.

— Il a risqué sa vie pour nous, reprit Kaelen. Et vous avez risqué la vôtre pour lui. Pourquoi ?

Le regard d’Aelstrom croisa brièvement celui d’Ilmarion.

— Parce qu’il y a des gens qui valent qu’on traverse les flammes, répondit-il simplement.

Les paroles planèrent dans l’air, comme un secret non formulé.

Lysha remua dans son sommeil, et Elaria la couvrit d’une cape.

— Demain, nous partirons ? demanda Aerys.

— Oui, confirma Ilmarion. Nous rentrerons à Fyrlith. Vous serez en sécurité là-bas. Je dois parler avec Aelstrom et ses conseillers. Une guerre approche… et nous aurons besoin d’alliés.

— Tu crois vraiment qu’on pourra reconstruire notre royaume ? souffla Naelia.

Ilmarion serra doucement sa petite sœur dans ses bras.

— Oui, dit-il d’une voix calme mais résolue. Mais d’abord, on doit survivre. Ensemble.

La nuit continua sous le souffle du vent et les étoiles silencieuses. Chacun dormait peu à peu, sauf Aelstrom, toujours éveillé. Son regard restait fixé sur Ilmarion, dont les bras enlaçaient les siens comme un bouclier silencieux.

Tu n’es pas qu’un prince, pensa Aelstrom. Tu es une force. Et peut-être… peut-être que tu changeras plus que ton royaume.

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