Le retour au royaume

Le voyage de retour se fit dans un silence lourd, interrompu seulement par le bruit des sabots du cheval frappant le sol poussiéreux de la forêt. Ilmarion et Aelstrom chevauchaient côte à côte, leur route éclairée par la pâle lueur de la lune. Ilmarion, l’arc des dieux reposant contre son épaule, regardait droit devant lui, perdu dans ses pensées. Aelstrom, bien que silencieux, ressentait la tension qui émanait de son compagnon. L’atmosphère était empreinte de mélancolie, comme si chaque battement de cœur rappelait les pertes subies, mais aussi la lourde tâche qui les attendait.

Les étoiles brillaient faiblement au-dessus d’eux, témoin muet de leur quête, mais il n’y avait aucune lumière rassurante dans le ciel nocturne. Seulement des ténèbres, qui semblaient s’étendre à l’infini, tout comme la guerre qui les attendait.

Alors qu’ils traversaient la dernière ligne de forêt avant d’atteindre les plaines qui bordaient le royaume de Fyrliths, Aelstrom brisa enfin le silence, sa voix calme mais ferme.

— Nous approchons. Dès que nous serons à l’intérieur des murs, il sera temps de réunir le Conseil. Nous devons discuter des prochaines étapes. Et tu sais bien qu’il faudra des alliances solides, des décisions stratégiques…

Ilmarion hocha légèrement la tête, son regard toujours tourné vers l’horizon.

— Je sais, mais… il y a tant à faire. Le royaume des elfes… Il marqua une pause, ses mots se figeant dans la nuit. Leurs vies ne sont pas encore comptées, Aelstrom. Pas tant que je serai en vie.

Aelstrom tourna brièvement la tête, ses yeux perçants capturant le regard d’Ilmarion.

— Tu as fait tout ce que tu pouvais. Mais maintenant, nous devons penser à la survie de ton peuple, et plus encore, à la victoire sur les démons. Nous devons penser à l’avenir. L’espoir ne réside pas seulement dans le passé. Il réside dans ce que nous ferons demain.

Ilmarion serra les mâchoires, frustré par ses propres émotions qu’il ne parvenait pas à contrôler. Il ressentait encore le poids de son échec, la culpabilité de ne pas avoir pu protéger son royaume, sa famille. Mais il savait, au fond de lui, que la guerre n’était pas terminée. Elle ne faisait que commencer.

Ils arrivèrent enfin aux portes du royaume, les immenses murs de pierres sombres se dessinant à l’horizon, comme une silhouette imposante se dressant contre la nuit. Les gardes, postés en hauteur, les repérèrent immédiatement et signalèrent leur arrivée. Les portes massives s’ouvrirent lentement, grincement métallique résonnant dans la nuit calme.

À l’intérieur, l’air était chargé de tension. Les couloirs sombres du palais étaient silencieux, à l’exception du bruit de leurs pas qui se répercutaient sur le marbre froid. Ils traversèrent rapidement les galeries ornées de statues d’anciens rois et de créatures mythologiques, et arrivèrent finalement à la grande salle du trône. Les conseillers et les généraux attendaient déjà, leurs visages graves, prêts à recevoir les informations de leur souverain.

Aelstrom et Ilmarion pénétrèrent dans la salle, leurs présences imposantes éclipsant les murmures des membres du Conseil. Dès qu’ils furent arrivés devant le trône, Aelstrom parla d’une voix ferme, mais marquée par une fatigue évidente.

— Nous avons été témoins du carnage qui a frappé le royaume des elfes. Il est évident que les démons sont plus nombreux et plus puissants que nous l’avions envisagé. Mais nous avons une chance de repousser cette menace, à condition de renforcer nos alliances et de préparer nos troupes pour une guerre totale.

Ilmarion s’avança un peu, ses yeux bleus intenses braqués sur les membres du Conseil. Il ne s’adressait pas à eux de manière autoritaire, mais avec la sagesse et la diplomatie qu’Aelstrom lui avait appris à cultiver.

— Les elfes ne peuvent pas se permettre de se replier davantage. Il nous faut une réponse immédiate, et je suis prêt à diriger nos armées, si nécessaire. J’ai vu ce que ces créatures peuvent faire… Elles ne sont pas de simples ennemis. Ce sont des êtres à la fois rusés et brutaux, et pour les vaincre, il nous faudra des alliances puissantes.

Un murmure parcourut la salle. Les conseillers échangèrent des regards inquiets. Il y avait des réticences à accepter une telle guerre, mais le regard résolu d’Ilmarion semblait enflammer la détermination de certains.

— Le royaume des elfes se battra à nos côtés, déclara Aelstrom d’une voix ferme. Nous allons nous tourner vers d’autres royaumes, ceux qui comprennent la menace. Ce n’est plus une question de territoire ou de pouvoir, c’est une question de survie.

Les membres du Conseil acquiescèrent, bien que l’incertitude flottait dans l’air. Le regard d’Aelstrom se tourna alors vers Ilmarion.

— Mais pour cela, nous devons d’abord préparer nos terres. Nous devons sécuriser nos frontières. Nous avons la chance d’avoir le soutien des elfes, mais d’autres royaumes doivent nous rejoindre.

Ilmarion hocha lentement la tête. La guerre qui se profilait ne serait pas facile, mais il n’avait pas d’autre choix que de mener son peuple, même à travers les ténèbres.

— Nous commencerons dès demain. Rien ne pourra nous arrêter.

La réunion se poursuivit, les plans de bataille et les alliances stratégiques furent discutés, mais dans le cœur d’Ilmarion, une certitude se formait. La guerre serait longue, mais il lutterait jusqu’à la dernière goutte de son sang pour protéger ce qui restait de son royaume et de son peuple.

Et ainsi, un nouvel espoir renaissait dans les cœurs, un espoir forgé par la détermination et le courage des héros qui allaient se dresser contre l’obscurité grandissante des démons.

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