ENGENDREMENT~一代
Point de vue de Chris :
Mes yeux se fermèrent, et une larme silencieuse roula sur ma joue. Bizarrement, j'étais en paix. Je n'avais plus peur. Je ne ressentais plus rien, à vrai dire. Seulement l'air frais qui chatouillait mon visage. Mon cœur s'était calmé de lui-même, et ma respiration régularisée. J'étais prêt.
— J'ai été ravi de te connaître, Christopher Warner.
J'affichai un rictus. Le bruit du coup de feu assourdit mes oreilles.
J'attendais une seconde, puis deux, puis trois... J'attendais que la balle me transperce le corps. J'attendais d'avoir mal quelque part. J'attendais de perdre l'équilibre et de plonger dans l'eau. Mais rien. J'avais parfaitement entendu ce coup de feu, pourtant. Toutes les personnes à proximité l'avaient sûrement entendu aussi. Je n'avais pas halluciné.
Troublé, je décidai d'ouvrir les yeux. La vision horripilante qui s'offrait à moi me donna le tournis, et je souhaitais que le sol se divise sous mes pieds et qu'un trou noir m'engloutisse. Non, putain... qu'est-ce qu'il lui a pris ?
Ayden était étendu par terre, noyé dans son sang, et a priori mort. À deux mètres de lui, se tenait Henri, un pistolet à la main, tremblant comme une feuille. Il sanglotait, suffoquant presque, et réalisant la gravité de ce qu'il venait de faire, il tomba à genoux. Moi-même, j'étais tétanisé. Il venait de me sauver. Il avait tiré sur Ayden pour me sauver la vie !
Prudemment, je descendis du rebord de ce foutu pont et courus vers le bouclé. Je lui arrachai le pistolet des mains et le jetai loin de lui, au risque qu'il fasse une autre connerie avec. Je pris ensuite son visage en coupe et l'obligeai à me regarder droit dans les yeux. Ses pupilles étaient dilatées et on distinguait peu le vert de ses iris noyées de larmes.
— C'est fini, Henri, je suis là. Tout va bien se passer, t'entends ? Tu ne crains rien, je suis là.
Il se blottit contre moi, et je le laissai faire. J'allais me mettre à chialer à mon tour. Cette journée était horrible, mais le cauchemar était enfin terminé. Ayden est mort.
— Je l'ai tué, suffoqua-t-il, je l'ai tué... je vais aller en prison... je l'ai tué !
— Non, c'était de la légitime défense. Tu m'as sauvé la vie, Henri. Il allait tirer, tu l'as juste devancé.
— Je suis un meurtrier...
C'était peine perdue, il n'écoutait pas un mot de ce que je lui disais. Le choc qu'il venait de subir était beaucoup trop violent.
— Henri, je te promets que tu n'iras pas en taule, ok ? Tu suivras une thérapie si nécessaire et tu iras mieux. Tu tourneras la page et tu oublieras tout ça. Je serai là pour toi. Les autres aussi. On t'a pas laissé tomber et on te laissera jamais, fais-moi confiance.
Je lui frottai le dos, et peu à peu, ses pleurs se calmèrent. Je soufflai. Ça allait être dur, vraiment très dur, mais ça ira mieux pour nous tous, j'étais optimiste.
Quand le brun se détacha de moi, je lui offris un sourire encourageant qu'il me rendit. Les fossettes de ce petit con m'avaient manqué.
— On fait quoi maintenant ? fixa-t-il le cadavre.
— On attend les flics...
— Ils vont nous croire, tu penses ?
Je soupirai.
— Ils doivent nous croire, on n'a pas d'autre choix.
Je me rapprochai lentement du corps inerte d'Ayden et m'accroupis à hauteur de son visage pâle. Ses yeux étaient fermés et ses lèvres closes. Son sang coulait encore, formant une flaque importante sous lui. La balle lui avait transpercé l'épaule, et bien que je ne sois pas médecin, ça m'étonnait que le coup lui ait été fatal ; aucun organe vital n'était touché. Perplexe, je plaçai deux doigts sur sa carotide pour vérifier son pouls. Mes yeux s'écarquillèrent.
— Il est toujours en vie.
Henri sauta sur ses pieds, totalement affolé.
— Quoi ?
— Son pouls est faible, il a perdu beaucoup de sang, mais il peut s'en sortir. On doit l'emmener tout de suite à l'hôpital !
— Non, hors de question ! refusa-t-il.
Je fronçai les sourcils.
— Comment ça non ? S'il reste en vie tu ne risques rien, Henri.
— S'il reste en vie il va tous nous éliminer. Il commencera par moi, tu seras le prochain, puis Chad et les autres...
— Il va croupir au fond d'une cellule, Scott. Il a kidnappé Isabella, il a essayé de me tuer et n'oublie pas ce qu'il t'a fait à toi... On va tous témoigner, on va le faire tomber, dis-je, convaincu.
Il rit faussement.
— Tu crois que ça sera facile de le faire tomber ? Ça sera sa parole contre la nôtre et on a aucune preuve, rien du tout. Ayden ne fait jamais rien au hasard. Il a pris beaucoup de risque ce soir et crois-moi, les flics ne trouveront absolument rien qui le relie de près ou de loin à ce qui s'est passé ici. Il prétendra que je suis un fou furieux qui l'a agressé... laisse-le crever, Chris, il ne mérite que ça.
Je contractai la mâchoire.
— On n'est pas des assassins. Je n'aurais pas sa mort sur la conscience et toi non plus. Il y a forcément un moyen de l'inculper pour tout ça...
— S'il t'avait tué, peut-être qu'on aurait pu le coincer, mais là, franchement, il va s'en tirer si on le sauve.
Mes yeux dérivèrent sur le pont. S'il m'avait tué. Évidemment. Je savais ce qu'il me restait à faire, mais c'était beaucoup trop dur pour moi de faire ça à Isabella. Elle n'allait pas s'en remettre. J'allais la détruire comme Alice m'avait détruit en m'abandonnant lâchement, mais je n'avais pas le choix. Je devais le faire, pour elle et pour notre avenir ensemble.
Ayden devait payer pour ses crimes. Je devais protéger ma femme, ma famille, mes amis, cette ville entière de ce démon. Mais c'était hors de question pour moi d'être responsable de sa mort. Le laisser mourir serait lui rendre service. Il devait être jugé, payer pour ses crimes, et pourquoi pas avoir l'aide psychologique dont il avait besoin...
— Henri, tu vas écouter attentivement ce que je vais te dire, et tu vas obéir sans poser de question, d'accord ? me rapprochai-je de lui.
Une lueur de panique envahit ses émeraudes.
— Tu vas appeler le 911, et quand on t'interrogera, tu diras que tu as tiré sur Ayden après qu'il ait tiré sur moi, pour me défendre, mais qu'il était trop tard...
— Quoi ? balbutia-t-il.
— Tu vas faire croire à tout le monde qu'Ayden m'a tué, et que mon corps est tombé dans l'eau. Ça leur prendra des semaines pour fouiller le détroit et ça sera largement suffisant pour réunir les preuves nécessaires pour le condamner ; pour trafic de drogue, séquestrations, proférations de menaces... quand il sera en détention.
— Attends, tu... tu veux simuler ta propre mort ? s'écria-t-il.
— Oui. J'ai disparu depuis des heures, les flics sont sûrement à ma recherche, ils goberont facilement ton histoire, Henri. Tu ne dois pas avoir peur, ça va bien se passer.
— Mais... Isabella et ta famille, tu vas leur dire la vérité, non ?
Mon cœur se serra.
— Non, tu mentiras à tout le monde, même à Isabella.
— Putain Chris, je ne peux pas faire ça ! Mentir sur sa déposition est un crime ! Et pense à ta femme, elle sera anéantie...
— Je sais, baissai-je la tête. Je vais quitter la ville, et tu vas faire ce que je t'ai dit, Henri. On va le coincer, je te le promets.
— Combien de temps... tu vas partir pendant combien de temps ?
— Je ne sais pas, le temps qu'il faudra. Je ne reviendrai que quand il sera derrière les barreaux.
— Tu vas avoir des problèmes, Chris, s'inquiéta-t-il.
— Je sais, mais ça ira pour moi.
Son téléphone vibra dans sa poche, il le récupéra pour lire le message qu'il venait de recevoir.
— C'est Chad. Il a retrouvé Isabella, elle est saine et sauve... putain ! Ils viennent te chercher ici, sur le pont !
Elle est sainte et sauve. Dieu merci...
— Merde, Chris, ils ne vont pas tarder ! paniqua-t-il.
— Je vais y aller... Je peux prendre ta voiture ?
— Oui, oui !
Il me lança ses clés, et je sortis mon téléphone que je jetai par terre, près du corps d'Ayden.
— Tu aurais un couteau sur toi par hasard ? lui demandai-je.
— Un couteau de poche, ça ira ? arqua-t-il les sourcils, hésitant.
— Oui.
Il me le passa. Avec amertume, je me dirigeai vers le rebord du pont et inspirai profondément avant de passer la lame sur ma paume. Je grimaçai, ravalant ma douleur, puis pressai mon poing, laissant mon sang glisser goutte à goutte sur la corniche.
— Putain t'es fou ! Pourquoi tu te mutiles ? s'ébranla-t-il.
— Pour être crédible, Scott. Ils ne trouveront pas mon corps, mais au moins, ils trouveront mon sang.
Une fois satisfait de la belle tache rougeâtre que j'avais laissée, je rendis le couteau à Henri et m'étanchais avec des mouchoirs. Je grimpai ensuite dans sa Ford rouge, et il déglutit nerveusement dès que je démarrai.
— On reste en contact. Prends soin d'Isabella pour moi, ok ?
— Ouais... Je stresse à l'idée de lui annoncer ton décès plus que de devoir mentir à la police, grimaça-t-il.
— Elle est forte, elle s'en remettra... Et puis, je reviendrai vite... j'espère.
— Où est-ce que tu vas aller ?
— À Brooklyn, répondis-je.
Il hocha la tête.
— Bonne chance, Christopher...
Qu'as-tu pensé du chapitre ?
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37 épisodes mis à jour
Comments
Irina karla
formidable et je suis la première à le lire et être abonné putaiiiiinnnnn/Drool//Sob/
2024-03-25
7
Miss Nk 💖👌
Je faillis faire une attaque quand j'ai lu que chris était mort /Frown//Frown/
2024-03-27
2
lovely
INCRRR CHRIS MON BBB!! MRC OLIVEEE
2024-03-26
1