Chapitre 5 : Une battante

Chris était parti à Brooklyn, et je ne l'avais pas retenu. En fait, nous n'avions pas beaucoup parlé depuis notre dispute ce matin. Il semblait m'en vouloir de l'avoir accusé de tromperie, et moi j'étais fâchée qu'il ait osé hausser le ton.

Nous étions tous les deux têtus, avec des caractères bien affirmés, alors nous verrons bien qui ferait le premier pas pour briser la glace cette fois. Ça ne serait pas moi, en tout cas.

Marie m'avait réconforté avec des crêpes, mais j'étais toujours contrariée. Je voulais comprendre ce que cette barmaid - ou strip-teaseuse - avait de si spéciale pour que Chris veuille lui prêter de l'argent. Il n'avait pas été très explicite à ce sujet, et cela m'agaçait.

Si je n'étais pas enceinte et aussi flemmarde, je l'aurais sûrement accompagné comme son ombre. Je m'inquiétais pour lui, je voulais qu'il reste avec moi à la maison.

— Les conflits au sein d'un couple pendant la grossesse sont fréquents et tout à fait normal, Isabella. Vous êtes tous les deux stressés. Croyez-le ou non, votre mari doit flipper encore plus que vous à l'idée d'être parent. Il a eu un vrai choc quand il est rentré et vous a trouvé... comme ça.

— Je sais, Marie... on avait l'habitude de se chamailler avant, mais on se réconcilie facilement sous les draps, et Chris s'excuse toujours même quand il n'est pas le seul en tort...là j'ai l'impression qu'il est... différent.

— Dans quel sens ? demanda-t-elle.

— Ce matin, on s'est pris la tête et il m'a engueulé pour un truc très stupide alors qu'il aurait dû se mettre un peu à ma place ! J'ai les hormones en folie, et j'ai failli le perdre ! Je suis fragile et susceptible, il devrait être plus prévenant.

— Il a frôlé la mort deux fois, Isabella. C'est le genre d'expérience qui change un homme. Vous avez tous les deux changé au cours de ces trois derniers mois, mais vous aurez largement le temps de vous redécouvrir et de raviver votre amour avant l'arrivée des bébés, ne vous en faites pas.

Je haussai les épaules. Pourvu qu'elle ait raison, et que quatre mois soient suffisants pour que Chris et moi réapprenions à nous connaître, à faire le point sur beaucoup de choses, à mettre nos différends de côtés, et nous préparer pour l'arrivée de nos bébés.

***

Une heure plus tard, je reçus la visite de Sarah, qui avait fait l'effort de lâcher son travail et son petit ami pour venir voir sa cousine enceinte.

— Je devais garder le secret mais Amy, Olivia et ses diablesses de filles vont venir ! annonça-t-elle.

— Quoi ? hoquetai-je.

— Elles ont appris que Chris est revenu, alors elles veulent vérifier de leurs propres yeux que ce n'est pas une blague.

— Putain, marmonnai-je.

Mes tantes et mes cousines avaient fait le déplacement pour assister aux funérailles. Elles n'étaient pas restées plus de deux jours. Mes cousines devaient assister à leurs cours et Amy travaillait. Elles auraient aimé rester avec moi et m'épauler durant ma dure épreuve, mais je n'aurais pas permis qu'elles plantent tout pour moi.

— Et Jennyfer ? Et ta mère ? l'interrogeai-je.

— Jennyfer est débordée avec son divorce, et elle s'excuse de ne pas donner de nouvelles d'ailleurs, et ma mère et bien... franchement, elle n'aime pas ton mari, elle est en colère contre moi et toi...

— Je sais, levai-je les yeux au ciel. C'est mieux qu'elle ne vienne pas, j'ai déjà du mal avec Irène.

— Elle fait encore la gueule ?

— Oui.

— Je ne comprends pas ce qui lui prend. Tu es mariée et consentante, tu peux faire ce que tu veux avec ton époux...

Je souris nerveusement.

— Sarah, toi-même tu as pété un câble quand je t'ai parlé des sex-toys et de la sodomie, tu te rappelles ?

— Oui, baissa-t-elle les yeux. Je le regrette, Isabella, ça ne me regardait pas, tu fais ce que tu veux avec ton corps...

— Je n'attends la permission de personne, de toute façon. J'espère juste qu'après l'arrivée des bébés Chris et moi retrouverons une sexualité épanouie... ça me manque de ne plus faire l'amour avec lui.

— Vous ne l'avez pas encore fait ? ouvrit-elle de gros yeux. Ça fait quoi, une semaine qu'il est revenu ?

Je me tordis les pouces.

— Il est réticent... il m'a gentiment repoussé une fois, et il ne m'a pas fait d'avances depuis... je crois que c'est à cause de ma grossesse, expliquai-je.

Ce qui c'était passé ce matin en était la preuve.

— Mais ce n'est pas dangereux de le faire alors que tu es enceinte, si ? Tu peux demander à ta gynéco...

— Elle nous a dit que c'est ok, à l'échographie... mais je ne sais pas. On verra, haussai-je les épaules.

Le Chris que je connaissais m'aurait prise dès notre retour à la maison après le rendez-vous, mais j'avais l'impression que ces trois mois de séparation l'avaient fait mûrir. Il n'était plus dévergondé et impulsif comme avant, et franchement, ça me manquait.

— En parlant d'échographie, quand comptez-vous nous annoncer les sexes des bébés ? On meurt tous d'envie de savoir ! Vous allez organiser une gender reveal ?

— Oh, mon Dieu, non ! ris-je.

— Bah dis-le-moi alors ! Isabella... allez ! S'il te plaît ! me supplia-t-elle.

Je ris de plus belle. Chris et moi avions décidé de garder le secret et de ne rien dire à nos proches. Seule Marie le savait, et elle nous avait promis qu'elle ne dira rien à personne.

— Non, Sarah, désolée, la taquinai-je.

— T'es pas sympa... bouda-t-elle.

Je l'enlaçai et elle fit semblant de pleurer contre mon épaule ce qui fit accentuer mes rires.

— Vous allez forcément leur préparer une chambre... on va vous démasquer grâce à la peinture des murs et à la déco ! sourit-elle diaboliquement.

— On ne vous laissera pas y mettre les pieds.

Elle roula des yeux, puis se pencha sur mon ventre.

— Votre maman est méchante, je vous plains déjà mes petits chéris, plaisanta-t-elle.

Je ne cessai de rire en la regardant faire. Elle me sourit.

— Il faut t'organiser une baby shower, et je t'interdis de dire non, Isabella !

— D'accord, acceptai-je. Il y a une semaine, j'aurais refusé, mais là, je veux profiter à fond de ma grossesse, faire toutes ces petites choses nunuches et coutumières... Chris est revenu, on va être parents ! Mon bonheur est sans limite et je ne laisserai personne m'enlever tout ça.

Elle me serra contre elle, et m'embrassa la joue.

— Tu es forte, Isabella. Tu es une battante. Personne n'osera perturber ton nid, au risque de te voir sortir les griffes...

***

J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer, mais je ne bougeai pas du canapé. Je fis semblant d'être adsorbée par le dessin animé que je regardais lorsque Chris se pointa au salon.

— Salut...

Je levai les yeux sur la pendule ; 16h. Il s'était absenté pendant six heures. Je ne répondis pas et l'entendis souffler bruyamment. Il s'approcha et s'agenouilla devant moi. Il avait les mains dans le dos, dissimulant quelque chose. S'il comptait se faire pardonner avec des fleurs, il se gourait.

— Bébé ? chercha-t-il à attirer mon attention.

— Quoi ?

— Tu es toujours fâchée ?

Je l'ignorai et augmenter le son de la télé. Il leva les yeux au ciel, mais mon regard noir le fit déglutir.

— J'ai quelque chose pour toi... enfin... pour les bébés.

Soudain plus intéressée, je le fixai, curieuse. Il me tendit alors deux peluches ; deux petits lapins blancs identiques sauf que le premier arborait un nœud papillon rose sur l'oreille et le second portait une cravate bleue autour du cou. Oh, mon Dieu.

Mes yeux se flouèrent de larmes malgré mes efforts pour rester impassible. Il jouait sur une corde sensible ; nos petits bébés.

— Je te déteste, tu ne peux pas faire ça ! Je suis en colère contre toi !

— Ils ne sont pas pour toi, ils sont pour mes enfants, plaisanta-t-il.

Je lui frappai l'épaule et il sourit. Je me mordis les lèvres pour dissimuler mon sourire. Ne pouvant pas résister, je lui pris les peluches et les serrai contre ma poitrine.

— Tes enfants t'en veulent pour avoir énervé leur maman, lui dis-je d'une voix enfantine.

— Je leur présente mes sincères excuses dans ce cas, dit-il en regardant mon ventre.

— Et à moi ? fronçai-je les sourcils.

— Je ne sais pas... je dois encore y réfléchir.

Je fis la moue, et le tapai à nouveau, provoquant son rire adorable. Il se redressa, souleva mes jambes et vint s'asseoir à leur place, mes pieds sur ses cuisses. Je restai allongée sur le canapé, couverte d'un plaid et les doudous tout contre moi. Je le regardai.

— Je suis désolé, Isabella, je n'aurais pas dû m'emporter. Tu es enceinte, je dois prendre soin de toi et être patient en dépit de tout. Je suis désolé...

— Je m'excuse aussi... je ne douterais jamais de toi, Chris. Je sais que tu me seras toujours fidèle, où que tu sois, et que ton amour pour moi est inébranlable.

— On fait la paix alors ? sourit-il.

— Oui !

Il tendit son poing vers moi et je lui fis un check en gloussant. Il se mit ensuite à me masser les pieds et je fermai les yeux, me livrant paisiblement à son doux massage. Même pour cela, il était doué !

— Tu as aidé ton amie ? le questionnai-je aux bouts de quelques minutes.

— Oui, je lui ai donné un chèque.

— Combien ? voulus-je savoir.

— Cinq mille dollars.

— Quoi ? écarquillai-je les yeux.

— Isabella... elle va me rembourser sur le long terme.

— Est-ce que tu es sûr qu'elle est digne de confiance ?

J'avais peur qu'elle soit une croqueuse de diamants et qu'il se soit fait avoir. Ce genre de meuf était imprévisible. Elle était prête à vendre son corps par soif d'argent. Une strip-teaseuse, quand-même !

— Oui, j'ai un bon pressentiment à son égard, ne t'en fais pas... Et puis, l'argent ce n'est pas ce qui nous manque.

— Ce n'est pas parce qu'on est riche qu'on doit jeter notre fric par les fenêtres et faire la charité à n'importe qui.

Il contracta la mâchoire, et cessa immédiatement le massage. Merde. Il fallait vraiment que je contrôle ma langue.

— Désolée, me repris-je. Ce sont mes hormones, je...

— Ce n'est pas grave, tu as raison. Je n'aurais jamais fait ça si j'avais des doutes sur sa crédibilité, mais elle a vraiment besoin de cet argent, chérie. Elle a laissé tomber le strip-tease et veut se concentrer sur ses études... elle n'a que vingt-et-an, tu sais ? Je ne la laisserai pas gâcher sa vie alors que j'ai les moyens de l'aider.

Mon cœur fondit. Chris était un homme bon, généreux et altruiste. Il me prouvait pour la énième fois que j'avais de la chance de l'avoir comme mari et père de mes enfants.

— Je suis fière de toi, mon amour, lui susurrai-je.

Il me sourit. Je me redressai doucement et tendis mes bras vers lui. Il m'encercla avec les siens et me serra contre lui. Je l'embrassai partout sur le visage et il me répéta mille fois qu'il m'aimait.

— On monte ? fis-je timidement.

— Tu veux faire une sieste ?

Je ris discrètement.

— Pas forcément, mais le lit est plus confortable pour mon dos, prétextai-je.

Il hocha vivement la tête et m'aida à me lever pour monter les escaliers. Une fois dans la chambre, je déposai les deux lapins en peluche sur le fauteuil dans mon coin détente, puis je m'approchai de Chris. Il était assis au bord du lit, absorbé par son téléphone.

Je pris une profonde inspiration, réunissant mon courage, puis je commençai à déboutonner la chemise de mon pyjama. Mon époux releva lentement les yeux vers moi, les sourcils levés. Je retirai ma chemise, suivie de mon pantalon. Je m'apprêtais à faire de même avec mon débardeur quand il me stoppa brusquement :

— Isabella, qu'est-ce que tu fais ? Rhabille-toi, tu vas attraper froid !

— Tu me réchaufferas, lui offris-je un sourire provocateur.

Il déglutit quand mon débardeur tomba au sol. Je n'avais plus que ma petite culotte sur moi. Seins à l'air, le ventre exposé, je m'offrais à lui avec toutes mes imperfections.

Chris fixa ma poitrine en entrouvrant la bouche. Ah oui, mes seins. Ils n'avaient cessé de grossir depuis que j'étais enceinte. Bien que lourds et sensibles, je le laisserais y toucher s'il le voulait. Je fis un pas vers lui, mais il secoua la tête.

— Rhabille-toi, Isabella...

Sa résistance m'agaçait. Je grimpai sur ses genoux, mes jambes de part et d'autre des siennes et m'emparai de son sweat pour le lui ôter. Son débardeur subit le même sort et je me mordis la lèvre en scrutant son torse musclé. Je cherchai son regard, mais il restait verrouillé sur ma poitrine. Je souris alors en attrapant ses mains moites pour les poser moi-même sur mes seins.

— Mais... tu n'as pas mal ? balbutia-t-il.

— Non, mais sois doux quand-même.

Il ne dit rien, fasciné par les deux formes charnelles qu'il commença à malaxer savamment. Je haletai lorsque la piqûre d'excitation de sa caresse se déchaîna sur mes tétons durcis. Je retins un gémissement, le cœur en accélération, le souffle haché. J'avais été privée de ce plaisir depuis trop longtemps, et maintenant, je me sentais pousser des ailes.

Je débutai des petits mouvements de hanches stimulants, mon ventre se cognant au sien, mais je n'y prêtai pas si attention que ça, contrairement à Chris qui semblait perturbé.

— C'est quoi le problème ? m'irritai-je.

— Isabella, je... je ne sais pas jusqu'où tu veux aller et...

— Jusqu'au bout. Je veux que tu me fasses l'amour.

Ses yeux bleus me fusillèrent.

— Non, je risque de te faire mal et de blesser les bébés...

— Chris... tu n'as pas écouté ce que nous a dit ma gynécologue ? On a le feu vert pour avoir des rapports sexuels, les bébés sont en sécurité... j'ai envie de toi, s'il te plaît.

Distrait, il taquina légèrement l'un de mes tétons, veillant à ne pas trop titiller la pointe hypersensible, et je passai mes doigts dans ses cheveux avant de me jeter sur sa bouche. Il s'abreuva de mon baiser et je gémis contre ses lèvres tandis que mon déhanché s'intensifiait. Je n'arrivais pas à le sentir durcir à travers ses vêtements, toujours à cause de mon ventre qui prenait de la place entre nous.

Remarquant ma frustration, Chris me souleva comme si je ne pesais rien et m'allongea sur le matelas. Il déboucla hâtivement sa ceinture, et retira son jean délavé puis son boxer. La chaleur enflamma mon corps en découvrant son sexe majestueux gisant sur le côté, en semi-érection, ne demandant qu'à ce qu'on s'occupe de lui.

Mes pensées égarées s'interrompirent quand mon partenaire déposa un baiser dans le creux de mon cou. Me surplombant, il épousa chaque courbe de mon corps d'un effleurement de la paume. Un délicieux frisson me parcourut le dos, éveillant une exquise chair de poule sur son passage.

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