Chapitre 9 : Course poursuite (la suite)

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Mon mari me jeta quelques coups d'œil en souriant adorablement, mais aux bouts de quelques minutes, je le vis froncer les sourcils en fixant intensément le rétroviseur. Intriguée, j'arquai les miens, cherchant à comprendre ce qui se passait.

— Je crois qu'on est suivi, déclara-t-il sur un ton étonnamment calme.

— Quoi ? m'étranglai-je, sentant mon pouls s'accélérer.

J'examinai ce qu'il regardait et découvris une voiture de sport noire, les vitres teintées, qui nous suivait à une distance prudente. Mon cœur s'affola, et instinctivement, je serrai mon ventre, protectrice.

— Ce sont les complices d'Ayden ? l'interrogeai-je, craignant le pire.

— Je ne crois pas. Ils ont l'habitude de se déplacer en vans ou en Jeeps. Ce n'est pas leur style.

— C'est peut-être fait exprès, ils savent que tu connais leurs méthodes, suggérai-je, essayant de trouver une explication rationnelle.

— Je ne sais pas Isabella, mais j'ai comme le sentiment que c'est quelqu'un d'autre cette fois...

Mon cœur rata un battement.

— On fait quoi alors ? demandai-je, sentant l'angoisse monter en moi.

— Accroche-toi ma puce.

J'écarquillai les yeux lorsqu'il appuya fermement sur l'accélérateur, ses mains expertes manipulant la boîte de vitesses avec précision. La voiture réagit promptement, décollant sur la route comme un bolide. Oh mon Dieu. Je m'accrochai à mon siège d'une main tandis que l'autre protégeait instinctivement mon ventre. J'avais confiance en les talents de conducteur de Chris, mais le risque d'accident n'était pas à écarter.

La voiture derrière nous avait accéléré à son tour, confirmant nos craintes. Nous nous retrouvâmes bientôt au cœur de la circulation dense de Manhattan. Je lâchai des cris de panique quand Chris se mit carrément à doubler sur la droite et à zigzaguer entre les véhicules qui nous klaxonnaient. Une fois sortis des embouteillages, il emprunta une route que je connaissais trop bien : celle de la clairière.

— Chris, c'est dangereux ! Tu ne peux pas nous emmener en plein milieu de nulle part ! m'affolai-je.

— Aie-confiance en moi Isabella, n'aie pas peur.

Je ne dis rien, me contentant de prier pour que nous nous en sortions indemnes et que ces malades qui nous poursuivent ne soient pas armés. Je fus surprise quand Chris tourna sur la gauche, alors que la clairière était encore tout droit. Il baissa la vitesse et finit par se garer.

Notre voiture était désormais dissimulée par de grands sapins, et mon sang se glaça quand je regardai derrière moi et vis la voiture continuer tout droit en roulant à toute vitesse. Ils ne nous avaient pas vus. Dieu merci.

— Putain... C'est quoi ce bordel ? m'énervai-je.

Chris inspira du nez, les poings serrés contre le volant. Il semblait aussi en colère que moi, mais il faisait de son mieux pour se contrôler. Il hésita quelques secondes avant de sortir son téléphone.

— J'appelle Chad, il viendra te chercher et t'emmènera à l'appartement de ta cousine, c'est l'endroit le plus sûr pour le moment.

— Quoi ? Et toi ? paniquai-je.

— Je vais rentrer à la maison et décharger nos courses. Je verrai bien si on me suit toujours. Si ce n'est pas le cas, je te rejoindrai.

— Et si c'est le cas ? Tu ne peux pas rester tout seul ! On ne sait même pas combien ils sont ! protestai-je, craignant pour sa sécurité.

— Ne t'inquiète pas pour moi, Isabella, siffla-t-il.

— Je t'ai perdu une fois, Christopher, la deuxième c'est sur mon cadavre qu'on me t'enlèvera !

Son visage perdit toutes ses colères.

— Tu es enceinte, Isabella. Ta sécurité et celle des bébés sont la priorité. Ça ira pour moi, j'appellerais Henri et Isaac en cas de besoin.

Je le fusillai du regard. J'avais un mauvais pressentiment. Je ne pouvais pas le laisser faire ça tout seul, c'était beaucoup trop dangereux. Il ignora mes tourments et appela Chad. Il lui décrivit l'endroit où nous étions et il nous rejoignit en dix minutes. Mon mari tenta de me sortir presque de force de la voiture alors que je me débattais, désespérée.

— Non, je ne te laisserai pas, Chris ! Tu ne peux pas encore m'abandonner ! Tu m'as promis que ça n'arrivera plus ! m'écriai-je.

Je m'agrippai à sa veste en pleurant à chaudes larmes. Chad resta silencieux dernière moi, tenant la portière de sa voiture ouverte, attendant que je m'y installe, mais je refusais de lâcher mon époux.

— Bébé, je te promets que je te rejoindrai dans peu de temps. Je vais juste faire un saut à la maison, et vérifier que ces salauds sont bien partis. Ne t'inquiète pas, il ne m'arrivera rien.

Je pris son visage en coupe et l'embrassai, le cœur serré. Il caressa tendrement mon ventre et mes pleurs redoublèrent. Amèrement, je montai dans la voiture de Chad tandis qu'il s'approchait de Chris et sortait un flingue de sa poche, qu'il lui tendit. Mes yeux s'écarquillèrent d'effroi.

— En cas de besoin, n'hésite pas, il est déclaré, lui dit-il.

— Merci, siffla-t-il, bien que désapprobateur. Prends soin d'elle.

— Compte sur moi... Mais fais attention à toi, ok ?

Il acquiesça, me jeta un dernier regard puis grimpa dans ma voiture et s'en alla. Chad vint me rejoindre dans sa Porsche, et je continuai de pleurer à chaudes larmes en serrant mon ventre, sentant mes bébés s'agiter en réponse à mon état émotionnel. Ils ressentaient forcément mon angoisse, et je devais garder la tête froide pour eux. Leur père reviendrait sain et sauf, il le fallait.

C'était ma seule certitude dans ce moment de doute et de peur.

***

— Calme-toi Isabella, ça ne fait qu'une demi-heure qu'il est parti, il va revenir !

Sarah tentait désespérément de me faire passer ses ondes positives, mais rien ne marchait. Je n'arrêtais pas de faire les cent pas dans son salon, à m'imaginer les pires scénarios. Et s'il avait un accident ? Et si ces hommes le coinçaient quelque part et le tabassaient ? Et s'ils étaient armés jusqu'aux dents ?

— Isabella, pense aux jumeaux, je t'en prie...

— Je ne fais que penser à eux, bordel ! Leur père est là dehors, tout seul face à des criminels ! Je l'ai déjà perdu une fois Sarah, je ne survivrai pas à une deuxième fois ! Je n'y survivrai pas ! craquai-je.

Elle me prit immédiatement dans ses bras, frottant doucement mon dos alors que je m'effondrais en larmes. J'avais tant pleuré que je n'avais plus de larmes à verser. Je tremblais de partout, et une migraine lancinante martelait mon crâne. J'étais épuisée, à bout de forces. Si ma gynécologue me voyait dans cet état, elle me clouerait au lit sans hésitation.

La porte de l'appartement s'ouvrit brusquement, et je me détachai de la blonde pour voir Chad, suivi de mon mari, entrer. Je courus le prendre dans mes bras et il enfouit son visage dans mes cheveux. J'inspirai son parfum, m'assurant qu'il était bien là et que je ne rêvais pas.

— Dieu soit loué, tu vas bien ! soufflai-je, soulagée.

— Je t'ai dit que je reviendrai, bébé.

Il posa ses mains sur mes joues et me sourit, ses yeux plongeant dans les miens. Je l'examinai avec attention, vérifiant s'il présentait la moindre égratignure, mais il semblait indemne. Il était sain et sauf, et son sourire me rassura plus que toutes les paroles du monde.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Ils t'ont suivi ? demandai-je, cherchant des réponses à mes questions.

— Oui, répondit-il sobrement. J'avais à peine repris la route que la voiture était derrière moi. On a joué au chat et à la souris dans toute la ville puis elle a disparu. Je n'ai pas réussi à voir qui était le chauffeur, mais il était apparemment seul.

— C'est l'un des hommes d'Ayden ? m'enquis-je.

— Non, intervint Chad.

Nous le regardâmes.

— Chris a réussi à prendre le numéro d'immatriculation de la voiture. Je l'ai envoyé à l'un de mes contacts dans la police criminelle, et la voiture est enregistrée au nom de Victoria Danvers. Vous savez qui ça peut être ?

Chris haussa les épaules, visiblement confus, et je partageai son sentiment d'incertitude. Une femme ? Il était difficile d'imaginer une femme au volant de cette bagnole.

— La voiture est peut-être volée ? suggéra Chris.

— Je ferais des recherches plus approfondies, ne vous inquiétez pas, qui que ce soit, on le coincera, nous dit-il avec détermination.

Son téléphone sonna et il s'en alla pour décrocher. Je posai ma tête contre le torse de mon mari.

— Ayden est sûrement mêlé à tout ça de près ou de loin, lâchai-je.

— Cette fois, j'ai bien peur que ce ne soit pas lui et qu'on ait affaire à quelqu'un de plus... dangereux.

Je déglutis.

— Qui d'autre peut en avoir après toi ?

Il marmonna quelque chose que je ne compris pas.

— Quoi ? fronçai-je les sourcils en le regardant.

— Rien, ne te préoccupe pas de ça ma belle. Les bébés vont bien ? détourna-t-il habilement la conversation.

— Ils étaient très agités, mais ça va maintenant, ils se sont calmés.

Il posa sa main sur mon ventre et le caressa délicatement. Un frisson me parcourut à ce contact réconfortant.

— Je suis désolé ma puce, tu as besoin de calme et de repos, et à cause de moi te retrouve au milieu de fast and furious, s'en voulut-il, exprimant ses remords avec humour.

— Temps que tu ailles bien, je m'en fous dans film d'action je me retrouve... Mais tu as raison, je dois me reposer, je suis épuisée...

— Allez, on rentre chez nous.

***

— Maman s'il te plaît... Je vais bientôt être père et toi, tu me traites encore comme si j'avais cinq ans ! plaida Chris, un léger rire étouffé dans sa voix.

— Tu seras toujours mon bébé, peu importe l'âge que tu as, lui répondit-elle tendrement.

Nous étions chez mes beaux-parents, invités pour un dîner en famille. Leur fils leur manquait, même s'il venait les voir quotidiennement depuis son retour. Ils avaient traversé le deuil de sa disparition, et s'ils le pouvaient, ils le garderaient avec eux pour l'éternité. Je les comprenais, car je partageais ce même sentiment.

Chris n'était pas agacé, mais plutôt mal à l'aise quand sa mère lui caresse les cheveux et lui donne des petits bisous sur la joue. Elle ne voulait pas le lâcher, et je me contentais de les observer depuis mon fauteuil, un sourire bienveillant aux lèvres, les mains posées sur mon ventre arrondi. Les jumeaux semblaient éveillés, et je savais déjà que la nuit à venir ne serait pas de tout repos. Mais cela faisait partie de la préparation à la maternité : être prête à faire des compromis pour le bien-être de ses enfants.

— Alors, Isabella, comment vont mes petits-enfants ? me demanda Robert.

— Ils vont bien, très énergiques ! lui répondis-je avec un brin de fierté.

— Ils bougent, là ? s'enquit leur père, un sourire radieux illuminant son visage.

— Oui, ris-je de son enthousiasme.

Chris se libéra doucement de l'étreinte de sa mère et s'approcha de moi. Il s'assit sur l'accoudoir du fauteuil et déposa sa main sur mon ventre. Ses yeux s'illuminèrent dès qu'il ressentit une légère pression contre sa paume. Il était dans cet état à chaque fois. Son désir de les sentir et de communiquer avec eux, était à la fois touchant et adorable.

Il était important que le papa crée des liés avec ses bébés dès la grossesse. Quand ils seront enfin là et qu'il les tiendra dans ses bras, ça sera plus facile, pour lui comme pour eux. Ils sauront que leur papa était toujours présent depuis les premiers instants de leurs développements.

— Oh, mon Dieu, je vais pleurer, craqua Marilyn, les yeux brillants d'émotions.

Son mari et elle nous regardaient, les cœurs émus, et je savais que si elle se mettait à pleurer, je ne tarderais pas à la rejoindre. Je posai ma tête sur le bras de Chris, et il m'embrassa tendrement le sommet du crâne.

— Vous ne voulez toujours pas nous dire leurs sexes ? demanda Robert.

— Non, papa, ce sera une surprise.

— Mais on voudrait leur acheter des petits présents ! bougonna Marilyn.

Chris me regarda, cherchant mon approbation, mais je secouais la tête fermement. Je tenais absolument à préserver le secret. Je voulais que ça reste entre mon époux et moi... et Marie.

— Désolé, vous le saurez le jour de leur naissance, leur dit-il alors.

— Tant pis, abandonna sa mère. Heureusement qu'il y a des affaires mixtes pour bébés, et donc, on a un cadeau pour vous... pour eux plutôt !

Mon partenaire et moi échangeâmes un regard intrigué alors que ma belle-mère s'éclipsait brièvement pour revenir avec un petit sac. Elle nous le tendit, et en découvrant le contenu, mon cœur fondit : deux adorables petits body blancs, identiques, avec l'inscription : « Baby Warner ».

C'était beaucoup trop chou.

Les parents de Chris étaient tellement aimants. Ils allaient être des grands-parents exceptionnels. Je relevai la tête vers le brun et vis son sourire éclatant.

— Merci infiniment, les remerciai-je.

— C'est le moins qu'on puisse faire ma chérie, quand ils seront là, on les couvrira de cadeaux !

— Ils vont être plus chouchoutés que je ne l'aie été ! renchérit Chris.

Je lui donnai un coup de coude et son sourire s'élargit.

— Je serai le premier à les gâter, chérie, ajouta-t-il, malicieux.

— Je ne veux pas qu'ils soient trop gâtés et égocentriques. Ils devront apprendre à être responsables. Ils hériteront de la société, mais ils devront travailler dur pour avoir une vie aisée et épanouie, on ne sera pas toujours là pour leur remonter les bretelles.

— Bébé... Ils ne sont pas encore nés et tu parles déjà boulot, grimaça-t-il.

Je le fusillai du regard. Les rires chaleureux de ses parents interrompirent notre petite confrontation.

— Vous serez formidables comme parents. On est tellement heureux d'avoir pris la bonne décision de vous unir, vous êtes fait l'un pour l'autre, vous être complémentaires.

— On vous pardonne, c'est bon, répondit Chris à sa mère, pour nous avoir caché la promesse de mariage et tout ce qui s'en suit... On est fou amoureux l'un de l'autre et on va avoir deux merveilleux bébés, on est heureux, le reste n'a plus d'importance.

Le regard de Marilyn s'assombrit tristement.

— Tu as tellement eu de problèmes toutes ces années et on ne s'en est rendu compte de rien... Tu avais besoin de nous, tu étais seul, livré à toi-même et...

Elle éclata en sanglots et mon cœur se déchira. Chris contracta la mâchoire et se précipita pour rejoindre sa mère sur le canapé. Il la prit dans ses bras, lui frottant tendrement son dos et la suppliant de se calmer. Robert semblait aussi bouleversé que sa femme.

— C'est fini maman, je vais bien maintenant. Je suis en sécurité, tout va bien pour moi, ne t'en fait pas. Tout va bien.

Je me pinçai les lèvres. Il voulait rassurer sa mère, mais il lui mentait partiellement. Les ennuis étaient loin d'être terminés. Ayden était enfermé mais ses complices courraient toujours. Nous ignorions toujours qui était derrière la course poursuite en voiture, et Chris évitait le sujet chaque fois que j'essayais de l'aborder.

J'étais préoccupée. Je redoutais que la menace qui planait au-dessus de nos têtes soit bien plus grave que tout ce que nous avions affronté jusqu'à présent, bien plus grave qu'Ayden Marin.

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