Chapitre 6 : Drôle de coïncidence

Point de vue de Chris :

— Chris ! Debout ! Allez lève-toi gros paresseux !

Putain.

Elle n'arrêtait pas de me secouer et de me hurler aux oreilles. Je manquais terriblement de sommeil. Je mettrais ma main à couper qu'il était encore très tôt et que ça l'amusait de m'embêter de bon matin.

— Lâche-moi, Isabella...

Je refusais d'ouvrir les yeux alors elle se mit carrément à me frapper sur le torse. Satanés hormones. Minute… et si c'était grave ? Et si elle faisait un malaise et devait aller d'urgence à l'hôpital ? Et si les bébés n'allaient pas bien ? De sombres idées se bousculèrent dans ma tête alors je me redressai immédiatement, pleinement réveillé et fixai ma femme assise en tailleur sur le matelas, à côté de moi.

— Tu vas bien ? Les bébés vont bien ?

— Oui, on va bien tous les trois ! m’offrit-elle un grand sourire.

Je fronçai des sourcils en la lorgnant quelques instants. Elle semblait aller très bien, en effet. Elle était rayonnante ; son teint éclatant, ses joues roses, ses yeux illuminés, et son sourire éblouissant...

Elle n'avait plus de cernes, plus de moue pâle, plus de regard vidé d'émotion. Elle avait retrouvé sa joie de vivre et sa bonne humeur depuis que j'étais rentré. Elle était sublime.

— Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu m'as réveillé ?

— Il neige !

Ma mâchoire tomba. Quoi ?

— Il neige depuis novembre, Isabella ! grondai-je, agacé.

— Oui, mais il n'a pas neigé depuis que tu es rentré à la maison... allez viens ! On va jouer dehors !

— Jouer dehors ? répétai-je de plus en plus bouche bée. Il fait un froid de canard dehors, Isabella !

— On a qu'à bien se couvrir ! Allez ! jubila-t-elle.

Je me relaissai tomber à la renverse, attrapai l'oreiller à côté du mien et le plaqua contre mon visage. La blonde me le retira aussitôt et me tira de toutes ses forces hors de lit. Grincheux, j'atterris sous la douche, là où ma femme me rejoignit pour se faire pardonner. Je retrouvais rapidement mon sourire, et me régalais à lui savonner le corps et à lui laver les cheveux. Sans plus.

J'avais toujours envie d'elle, elle me faisait bander à la même fréquence qu'avant, malgré les nouvelles petites imperfections qui s'étaient installées, auxquelles je trouvais un certain charme. Je la trouvais encore plus belle avec ses formes plus arrondies - ses généreux seins - et son ventre qui, bien que toujours troublant, avait fini par devenir familier. Elle me permettait de la caresser à ma guise, répondant à chacun de mes regards timides en plaçant ma main sur elle sans même que j'aie à le demander.

Isabella était contagieuse. Je m’étais retrouvé plongé dans les recherches - à l'instar de sa passion pour l'exploration de tous les sujets - afin de me préparer à mon nouveau rôle de père. Au fond, je cherchais surtout des conseils pour éviter les erreurs. Je voulais savoir comment être là pour ma femme et également comment interagir avec mes futurs enfants, même s'ils n'étaient encore que deux petites vies en devenir dans le ventre de leur mère.

J'avais entendu parler de femmes qui ne supportaient plus leurs conjoints pendant la grossesse, trouvant leurs odeurs, leurs contacts physiques, et même leurs baisers désagréables, et ne supportant plus leur présence même si elles étaient choyées. Elles les trouvaient mous, agaçants, encombrants... Mais ce n'était pas du tout le cas d'Isabella. Mon épouse me collait comme un timbre. Cela ne me dérangeait pas vraiment, mais elle ne me lâchait pas d'une semelle.

Elle ne semblait pas particulièrement frustrée sur le plan sexuel, car nous n'avions fait l'amour que trois fois depuis mon retour. Les bébés bougeaient à chaque fois qu'elle atteignait l'orgasme. J'avais lu que c'était dû à l'ocytocine, l'hormone de l'amour. Étant donné que l'orgasme représentait un antistress naturel, ça tombait sous le sens que les bébés soient aux anges lorsque leur mère l'était aussi.

Cependant, de mon côté, cela me perturbait. Si les bébés bougent pendant l'acte, ce sera pour moi un vrai tue-l'amour. Irrationnellement, j'avais peur qu'ils ressentent que j'étais en train de copuler avec leur mère, que ma « grosse » queue puisse les atteindre et les réveiller... Je savais que c'était impossible, mais cela me refroidissait à chaque fois, sous les rires de mon épouse.

Isabella cherchait surtout de la tendresse, elle voulait être gâtée, câlinée, complimentée. Elle aimait que je lui masse les épaules et les pieds. Elle aimait mes bisous dans son cou avant de s'endormir. Elle aimait que je sois près d'elle, que je ne lui dis jamais non, que j'encaisse sa mauvaise humeur sans m'énerver, et que je partage son enthousiasme pour des trucs puérils comme... jouer dans la neige.

Elle m'avait traîné de force à l'extérieur, après m'avoir obligé à porter une doudoune, un bonnet, une écharpe et des gants. Elle s'était également bien couverte, et on s'était retrouvé les pieds coincés dans la neige poudreuse, dans le froid et le calme troublant. Profitant du fait que je sois occupé à nettoyer mes chaussures, elle attrapa une boule-de-neige et me la jeta en pleine figure. Je fermai les yeux, et serrai discrètement les dents, essayant de calmer ma frustration et mon courroux.

Et depuis, je l'observai construire une sorte de bonhomme de neige et souris comme un imbécile, la trouvant belle et mignonne comme tout. Je me rapprochais d'elle, mais elle ne fit pas trop attention à moi, agenouillée dans la neige en train d'aplatir les grosses boules qu'elle avait formées.

— Bébé, je ne veux pas que tu tombes malade, rentrons à l'intérieur, tu veux ?

— Non, s'entêta-t-elle. On ne tombe pas malade sous la neige. C'est trop beau, regarde !

Elle pointait notre jardin et je soufflais. Je faisais la gueule, mais elle avait raison. Le paysage était magnifique. Toute la surface était maculée de blanc ; le gazon, les arbres, le toit, les volets roulants qui couvraient la piscine... rien n'avait été épargné. On se les gelait pas tant que ça finalement, mais je voulais être près de la cheminée, serrant mon épouse dans mes bras, et sirotant une bonne bière.

Depuis mon jeune âge, je n'étais pas amateur de batailles de neige, de luge, du ski, ou encore de la construction des bonhommes de neige et de faire des anges sous la neige... je détestais l'hiver. Mon plaisir se trouvait plutôt en été, voire au printemps, mais lorsque le temps se gâtait, mon activité diminuait considérablement.

— Tu as raté les fêtes de fin d'année, entendis-je.

Je fronçai les sourcils, et m'accroupis pour être à la hauteur de la blonde. Son regard était soudain devenu plus mélancolique. Mon cœur se serra.

— J'adorais Noël, c'était ma fête préférée quand j'étais petite, mais mes parents sont morts en décembre et depuis, les fêtes de fin d'année me plongent dans une profonde tristesse... j'aurais espéré que l’année passée soit différente, qu'en t'ayant à mes côtés, chez nous, mariés, et avec nos bébés en route, j'aurais retrouvé la magie de Noël, mais tu n'étais pas là... tu étais mort, comme mes parents... j'ai souhaité disparaître tellement c'était dur pour moi...

Elle éclata en sanglots et mon cœur se brisa. Mes yeux me brûlaient tant ses confessions étaient bouleversantes. Sa vie avait été marquée par tant de souffrances. La perte de ses parents, le harcèlement qu'elle avait enduré au collège, l'insupportable emprise de sa grand-mère qui avait contrôlé sa vie pendant de longues années...

J'étais sa fenêtre dans l'obscurité, son échappatoire, son sauveur, je lui avais promis l'amour, le bonheur, et la sécurité, mais je l'avais lâchement abandonné. Je ne méritais même pas qu'elle me pardonne, qu'elle me reprenne, qu'elle veuille encore de moi comme mari et comme père de nos enfants.

Elle aurait pu me mettre à la porte, me quitter, demander le divorce et me priver des jumeaux. Une autre l'aurait fait. J'avais simulé ma mort, bordel. Des funérailles avaient été organisées en mon honneur, des fleurs déposées sur une tombe vide qui porte mon nom, mes proches avaient prononcé quelques mots pour me faire leurs adieux, et des larmes avaient été versées pour moi... Mes parents avaient souffert, mais personne n'avait vécu le deuil comme Isabella.

Elle était la femme la plus courageuse que je connaisse. Elle était plus forte que moi.

— Je suis tellement désolé mon amour... je regrette tout ce que je t'ai fait... j'aimerais tant revenir en arrière et prendre de meilleures décisions, réparer mes erreurs...

Elle se réfugia dans mes bras, se blottissant le visage dans le creux de mon cou et pleurant à chaudes larmes. Je me laissai tomber dans la neige, et elle grimpa sur mes cuisses. Je la serrai contre moi, frottant son dos et embrassant sa tempe. L'air frais sécha les larmes sur mes joues, mais j'avais toujours la boule au ventre. Je détestais la voir dans cet état, surtout en sachant que j'étais la cause de ses pleurs.

— Ce sont mes hormones, l'entendis-je marmonner.

— Tu avais besoin de te confier, c'est important qu'on en parle, ma puce. Tes blessures ne guériront pas du jour au lendemain, mais je te promets que je ferais tout pour me rattraper, pour consoler ton cœur et soulager tes peines. Je resterai là, je ne te laisserai plus jamais.

Elle releva ses yeux rouges et gonflés vers moi et arbora une moue en faisant ressortir sa lèvre inférieure. C'était fou comme elle était belle, même dans cet état.

— Je te pardonne si tu m'aides à finir ce bonhomme de neige, renifla-t-elle.

Je souris.

— Tout ce que tu voudras, bébé... que dois-je faire ?

— Va chercher une carotte, deux boutons assez larges, des petits cailloux et deux bâtons de bois, ordonna-t-elle.

Ma bouche s'entrouvrit.

— Tu veux un chapeau aussi ? la taquinai-je.

— Oui ! Et une écharpe !

— Je plaisantais, Isabella... grimaçai-je.

— Pas moi ! Allez, sinon il va fondre !

Elle quitta mes genoux pour retourner près de son bonhomme de neige à qui elle façonnait la tête. Je la regardais faire, complétement avachit par terre.

— Grouille-toi, Christopher !

***

— Vous êtes de la famille ?

— Eh... non.

— Votre nom ? me demanda-t-elle, grognonne.

— Chris Warner.

Elle parcourra des yeux la liste devant elle, peu de noms était marqués dessus, puis me dévisagea.

— Vous êtes le présumé mort ?

— Oui, grimaçai-je.

— Votre nom est sur la liste avec « mort » marqué entre parenthèses, expliqua-t-elle. On aura tout vu dans cet hôpital de toqué !

Je ne répondis pas et elle appela l'une des infirmières pour m'escorter jusqu'à sa chambre. Elle était tout au fond d'un long couloir froid et sinistre. On entendait des hurlements, des pleurs, des gros mots... La vielle femme à l'accueil avait raison ; c'était un asile pour les fous, mais c'était surtout un hôpital pour des êtres humains, malades, qui avaient besoin d'aide.

— Il n'est pas agressif, mais pas bavarde non plus. En cas de besoin, un agent sera positionné devant la porte, n'hésitez pas, on ne sait jamais, me dit l'infirmière.

— Ok, merci.

Elle déverrouilla la porte devant laquelle nous nous étions arrêtés et me laissa entrer avant de refermer derrière moi.

Je le vis. Il était là, la tempe collée au mur, les mains dans les poches de sa combinaison, les yeux rivés sur la fenêtre au volet relevés qui donnait sur le jardin.

Ses lèvres sèches s'étirèrent sans même que je n'aie fait un mouvement ou prononcé un mot. À vrai dire, je tremblais. Les affreux souvenirs de la fameuse nuit sur le pont refaisaient surface et je craignais cet homme, et ce qu'il avait tenté de me faire.

Il voulait me tuer, putain.

Il sortit ses mains de ses poches et se mit à applaudir tout en virevoltant vers moi. Nos regards se croisèrent et mon sang se glaça. Il tapa encore dans ses mains, puis éclata de rire. Un rire amer.

— Oh, un revenant !

— Salut, Ayden, dis-je, dubitatif.

— Salut Ayden ? Oh... je te salue aussi, Christopher ! J'espère que ton séjour en enfer était bénéfique, que tu as bien papoté avec Lucifer et qu'il t'a félicité pour le plan généralissime que tu as mis en œuvre pour me piéger !

Il était encore plus dérangé qu'avant de se faire interner.

— Tu ne m'as pas laissé le choix, Ayden...

— C'est ironique, tu ne trouves pas ? rit-il. Je voulais te tuer parce que je n'avais pas le choix, et toi, tu as simulé ta propre mort parce que tu n'avais pas le choix. Tu ne comprends toujours pas, Chris ? C'est toi le problème. C'est ton existence qui perturbe tout. Si tu disparaissais, tout le monde trouverait la paix, à commencer par ta femme.

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Comments

Miss Nk 💖👌

Miss Nk 💖👌

Pas du chocolat chaud, du café mais la bière ? /Sweat//Sweat/

2024-04-05

3

Élie🌈💖Quënny👑💗

Élie🌈💖Quënny👑💗

enfoiré Ayden c'est à toi de disparaître

2024-03-31

1

lovely

lovely

incrr comme tjr

2024-03-30

1

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1 Prologue
2 Chapitre 1 : Ressemblance
3 Chapitre 1 : Ressemblance ( la suite )
4 Chapitre 2 : Un père
5 Chapitre 2 : Un père (la suite)
6 Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable
7 Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable (la suite)
8 Chapitre 4 : Petits miracles
9 Chapitre 4 : Petits miracles (la suite)
10 Chapitre 5 : Une battante
11 Chapitre 5 : Une battante (la suite)
12 Chapitre 6 : Drôle de coïncidence
13 Chapitre 6 : Drôle de coïncidence (la suite)
14 Chapitre 7 : Propriété exclusive
15 Chapitre 7 : Propriété exclusive (la suite)
16 Chapitre 8 : Sexy
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18 Chapitre 9 : Course poursuite
19 Chapitre 9 : Course poursuite (la suite)
20 Chapitre 10 : prénoms
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22 Chapitre 11: Brooklyn
23 Chapitre 11: Brooklyn (la suite)
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26 Chapitre 13 : Le passé reste dans le passé
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28 Chapitre 14 : La relaxation
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30 Chapitre 15 : Un frisson
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33 Chapitre 16 : ENTRAÎNEMENT (la suite)
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37 Chapitre 18 : Une belle journée (la suite)
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Prologue
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Chapitre 1 : Ressemblance
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