Chapitre 4 : Petits miracles (la suite)

...----------------...

Chris me fixa, abasourdi, puis ses yeux virèrent sur mon ventre.

— Nos bébés se sont bien foutus de nous.

— C'est ma faute, je sais que tu voulais attendre et je n'ai pas respecté ça, je suis...

— Non, m'interrompit-il en attrapant ma main dans la sienne. Je t'interdis de dire ça. Tu portes nos enfants, chérie. Ce sont nos petits trésors à nous et on les aimera plus que tout. Ils n'étaient pas prévus, l'univers l'a voulu ainsi, et j'en suis très heureux.

Les larmes me montèrent aux yeux. J'avais un mari si merveilleux.

— Ce qui vous arrive est le miracle de la vie, profitez de chaque instant, nous dit Caroline avec bienveillance.

Nous nous sourîmes amoureusement.

— Bon, le dernier point que nous devrions soulever : la sexualité du couple pendant la grossesse.

Je retins mon souffle. Chris écarquilla les yeux. Je m'attendais à son sourire narquois habituel, mais j'avais très bien compris qu'il comptait prendre tout son temps avec moi, quitte à ne pas me faire l'amour jusqu'à l'arrivée des bébés et cette idée accentuait mon manque et ma frustration refoulés.

— Les rapports sexuels durant la grossesse sont sans danger et n'augmentent pas le risque de fausse-couche. Sans une contre-indication médicale, la fréquence et l'intensité des rapports ne posent aucun problème. L'utérus protège vos bébés, et si vous n'utilisez pas de préservatifs, ça va aussi, les hormones contenues dans le sperme ne déclencheront pas un accouchement prématuré... le sexe anal et les sex-toys ne sont pas interdit non plus, mais à pratiquer avec modération, amour et délicatesse. Cela dit, en cas de douleur, de pertes de sang et de quelconque inconfort, il faudrait s'abstenir et consulter, si besoin. Le plus important, c'est le bien-être de la maman et la sécurité des bébés.

Mon mari écoutait attentivement, bien qu'il fixe un point imaginaire.

— Merci, souris-je à la spécialiste.

— D'autres interrogations monsieur Warner ?

Il secoua la tête.

— Je crois que ça va pour le moment, il faut juste que je trouve mes repères et que je me prépare à ma future vie en tant que parent...

— Bon, je vous dis au mois prochain alors ? conclut-elle.

Nous nous levâmes en acquiesçant.

— Les échographies ont lieu tous les mois ? demanda-t-il.

— Oh, oui. Les grossesses gémellaires sont à risque alors il faut surveiller et prendre plus de précautions qu'une grossesse ordinaire.

L'expression troublée du brun me fit soupirer.

— Quel genre de risque ?

— Et bien...

— Tout va bien, mon amour ! m'empressai-je de le rassurer.

— Je t'ai vu t'essouffler en montant les escaliers, et Dieu sait ce que tu endures d'autres sans te plaindre.

— Mais je vais bien ! Nos bébés vont bien ! Je suis enceinte de cinq mois, tu vas réagir comment quand mon ventre fera le double de celui-là ?

— On devrait peut-être faire venir une aide-soignante à la maison pour s'occuper de toi.

Et voilà, il s'entêtait comme d'habitude !

— Ecoutez, je comprends tout à fait votre inquiétude monsieur Warner, mais Isabella est en parfaite santé tout comme vos bébés. Elle est à son deuxième trimestre, elle a besoin de se sentir belle, heureuse et de profiter à fond des joies de la grossesse avant d'entamer la dernière ligne droite ! Dans un mois, on discutera des risques d'une grossesse alitée si tout ne se passe pas comme on le voudrait, mais pour l'instant, détendez-vous, et offrez à votre épouse l'amour dont elle a besoin. Je suis sûre que ce n'est pas votre surprotection qui lui a manqué le plus ces derniers mois...

Chris baissa la tête. Je savais qu'intérieurement, il s'auto-punissait d'avoir raté mon premier – bien qu'il ait été là – et le début de mon deuxième trimestre et qu'il ne savait pas comment se rattraper.

Sa maladresse et son incompréhension de certaines choses étaient tout à fait légitimes. Je ne lui en voulais plus, je désirais seulement lui prendre la main et le réconforter. Et c'était ce que je fis. Quand ma main glissa sur son poing qu'il serrait inconsciemment, il releva la tête et haussa les sourcils.

— Des chocolats, un massage des pieds et un gros câlin, voilà ce dont j'ai besoin... je pense que tu es capable de m'offrir cela mieux qu'une aide-soignante, mon amour. Tout ce que je veux, c'est toi, rien d'autre...

Son regard s'illumina et il me prit dans ses bras. Il embrassa ma tempe et ses lèvres ne se détachaient pas lorsqu'il me murmura un petit merci. Caroline semblait touchée, surtout qu'elle savait combien le début de grossesse était difficile pour moi. Elle nous donna les photos de l'échographie et félicita Chris comme elle aurait dû le faire au premier rendez-vous.

***

J'ouvris faiblement les yeux tandis que je m'étirais passivement. J'avais passé une douce nuit sans me réveiller une seule fois. Depuis le retour de mon mari, mon sommeil était redevenu profond et ininterrompu. Ses bras, ses caresses, ses baisers, son parfum... constituaient les antidotes à mes tourments.

Un léger sourire aux lèvres, je me retournai pour le contempler endormi à mes côtés, mais... il n'était pas là. Une vague de panique me submergea instantanément, et je me levai précipitamment. Un bruit provenant de la salle de bain attira mon attention avant que mes craintes ne s'amplifient. Ce son n'était autre que celui de l'eau qui s'écoulait. Ouf, il prenait simplement sa douche...

Tu es paranoïaque, Isabella.

Je soupirai en poussant la porte entrouverte de la salle de bain. Je ne comptais pas le déranger ; je voulais me rafraîchir rapidement et me laver les dents avant de descendre prendre mon petit-déjeuner. J'avais une faim de loup !

En m'approchant du lavabo, mon regard curieux fut attiré par la silhouette légèrement floue de mon homme derrière le verre embué. L'eau ruisselait sur son dos musclé jusqu'à ses fesses parfaites, et ses muscles ondulaient sensuellement à chaque mouvement.

Je m'attardais à l'admirer. Peut-être avait-il perdu quelques grammes de muscles au cours des trois derniers mois, mais il restait irrésistible. Soudain, une chaleur m'envahit, mais ce n'était pas simplement à cause de la vapeur de la douche brûlante.

Un sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que des papillons virevoltaient dans mon ventre. Puis, mes yeux émerveillés se posèrent sur la main droite de Chris... autour de son sexe ! La tête rejetée en arrière, les paupières closes, il se masturbait, et j'étais là, tranquille, à l'observer, réalisant tardivement ce qu'il était en train de faire !

Rougissante, je détournai précipitamment le regard et me hâtai de faire mousser du gel nettoyant sur mon visage. Tandis que je laissais l'eau chaude couler sur mes mains pour me rincer la figure, mes pensées s'égaraient, envisageant comment Chris réagirait si je le rejoignais sous l'eau qui ruissellerait sur nos deux corps entrelacés.

Je m'imaginais ses grandes mains agrippant mes fesses, me pressant contre son érection. J'ouvrais les jambes pour lui offrir l'accès à ma féminité, et il me plaquait contre le mur de la douche. Nos ébats seraient à la fois passionnés et enivrants. Le désir m'embraserait, le plaisir m'emporterait.

Mon intimité se contracta de manque et d'envie. Je me rapprochai du lavabo, au bord de l'implosion. Une simple caresse aurait suffi à apaiser mon ardeur... mais mes mains étaient mouillées, et Chris pouvait sortir de la douche à tout moment. La dernière chose que je voudrais serait de me donner en spectacle dans mon état.

Je maudissais intérieurement ma malchance et attrapai ma brosse à dents électrique, sur laquelle je déposai maladroitement une noisette de dentifrice avant de la fourrer dans ma bouche. Je fermai les yeux et tentai de me concentrer sur le bourdonnement des vibrations, pour éviter d'être tentée de les diriger ailleurs, c'est-à-dire vers mon mari super sexy qui semblait ne pas avoir remarqué ma présence ni les pensées érotiques qui venaient de me traverser l'esprit.

Je devais respecter son intimité, il avait le droit de s'adonner à ses plaisirs en solitaire, surtout compte tenu du fait que nous n'avions toujours pas renoué avec notre vie sexuelle depuis son retour. Cela me frustrait, c'est vrai, mais j'étais prête à patienter aussi longtemps qu'il le faudrait.

On reprenait peu à peu nos marques, réapprenant à vivre ensemble, à nous comprendre. Notre amour se ravivait, et on passait d'excellents moments à discuter et à rire ensemble... Peut-être que les choses iraient plus vite avec du sexe, mais nous étions tous les deux d'accord pour mettre la communication en priorité plutôt que de nous jeter immédiatement dans la passion physique. Après tout, nous étions sur le point de devenir parents, et il était essentiel de rétablir nos priorités.

— Isabella ?

Merde !

Je me dépêchai de me rincer la bouche avant de me tourner vers mon époux en affichant mon plus beau sourire.

— Bonjour mon amour !

Il se dépêcha d'enrouler une serviette autour de sa taille et se passa une main dans ses cheveux mouillés en faisant quelques pas vers moi.

— Bonjour... hum, ça fait longtemps que tu es là ?

Il avait l'air un peu mal à l'aise et je ne comptais pas l'embarrasser, même pas pour le taquiner.

— Non, non ! Je voulais me dépêcher de me brosser les dents avant de descendre petit-déjeuner, je crève la dalle, pas toi ?

Il sourit en arrivant à ma hauteur et posa ses mains sur mes hanches. Je fondis devant ses yeux pétillants qui regardaient mon ventre.

— Tu es sublime, ma puce, je crois que je ne te le dis pas assez.

— Tu ne trouves pas que je ressemble à une baleine ? grimaçai-je.

— Absolument pas ! Et puis porter la vie, c'est beau, et tu es très belle, ma chérie.

Je fis la moue et le pris dans mes bras. J'inspirai l'odeur de son gel douche en enroulant mes bras autour de sa nuque et il embrassa ma tempe, puis mon front. Le contact de son corps chaud et humide me fit frissonner.

— Les bébés n'en sauront rien, hein ? Je veux dire... il n'y pas une sorte de connexion entre vous qui fait que tes pensées leurs sont transmises ? Je n'ai pas envie qu'ils soient témoins de ce que tu viens de voir.

Mes yeux s'arrondirent, pratiquement choquée.

— Quoi ? De quoi tu parles ? Je n'ai rien vu du tout !

— Bébé, je t'en prie. Tu es toute rouge et tu bégaies, je sais que tu m'as vu me branler sous la douche, sourit-il.

Grillée.

— Excuse-moi, je ne voulais pas. Tu étais là et je n'ai pas pu résister...

— Le plaisir voyeur est l'un de mes fantasmes. J'aime beaucoup regarder, ça me plaît qu'on me regarde aussi... et c'est encore mieux si c'est toi, bébé.

Je me mordis la lèvre en sentant mes joues s'embraser, et Chris éclata de rire en m'attirant contre lui. J'enfouis mon visage contre son torse pour dissimuler mon embarras. Il avait réussi à me déstabiliser comme au bon vieux temps, et cela faisait un bien fou de le retrouver, lui et son esprit pervers.

— Sérieusement, je n'ai remarqué ta présence que vers la fin et j'ai complétement perdu mon érection après ça. Je ne veux pas que ça te perturbe, surtout avec les bébés ...

— Chris, ne t'en fais pas, je t'assure. Tu peux faire ce que tu veux. Ce sont plutôt mes émotions qui sont transmises à nos bébés...

Il me sourit. J'étais un peu déçue ; ses paroles semblaient indiquer que mon corps ne l'excitait plus autant qu'avant, maintenant qu'il abritait nos bébés. Peut-être que tous les futurs papas ressentaient ce blocage, mais j'espérais simplement que cela ne durerait pas jusqu'à l'accouchement.

— Et qu'est-ce que tu ressens, là ?

— Je suis heureuse, dis-je sincèrement.

— Oh, ma puce, moi aussi, m'embrassa-t-il. Les jumeaux ressentent aussi ma présence, tu crois ?

Il jeta un coup d'œil timide à mon ventre.

— J'en suis sûre, mon amour, le rassurai-je.

Je pris sa main et la posai sur mon ventre. Il se mit alors à le caresser à travers ma nuisette, puis, à ma grande surprise, s'inclina et embrassa ma bosse. Son geste fit fondre mon cœur.

— Je dois aller à Brooklyn, j'ai une petite affaire à régler, changea-t-il de sujet.

— Quel genre d'affaire ? fronçai-je les sourcils.

— J'ai promis à une amie que je l'aiderais financièrement.

— Une amie ? m'étonnai-je.

Une once de jalousie naquit en moi.

— Oui, une fille qui travaille dans un bar que je fréquentais là-bas... sa situation financière est précaire alors pour payer ses études elle... elle fait du strip-tease.

Mes yeux s'écarquillèrent.

— Une strip-teaseuse ? Tu te fous de moi ? m'énervai-je.

— Ce n'est pas ce que tu crois, Isabella... il ne s'est rien passé... elle est très gentille.

— Tu m'as trompé ? demandai-je avec une voix détériorée.

Il recula d'un pas, le visage fermé.

— Tu me poses vraiment la question Isabella ? s'irrita-t-il. Il ne s'est pas écoulé une seule journée sans que je ne pense à toi, sans culpabiliser de t'avoir laissé, sans que tu me manques terriblement... et tu m'accuses d'adultère ? Tu ne me fais toujours pas confiance après tout ce qu'on a traversé ? Après tout ce que j'ai fait pour te montrer combien je t'aime ? À quel point tu es la seule qui compte à mes yeux ?

— Je... je ne t'accuse de rien, mais... une strip-teaseuse, Chris ! Mets-toi un peu à ma place, j'ignore ce que tu as fait à Brooklyn, comment tu passais tes soirées et avec qui...

— Je les passais seul, ivre, à me morfondre dans mon lit et à chialer comme une sous-merde tellement tu me manquais ! Voilà comment je passais mes soirées, Isabella !

Son regard noir me glaça le sang et il partit en furie, claquant la porte de la salle de bain derrière lui. Je posai mes mains sur mon ventre et essayai de toutes mes forces de retenir mes larmes. Mes bébés ressentaient mon stress et ma tristesse, et je ne voulais pas les affecter pour quelque chose d'aussi futile.

Que lui avait-il pris de s'emporter ainsi ? Je l'avais pourtant prévenu, je lui avais dit que je ne serais pas facile à gérer et que mes hormones pourraient me provoquer des changements d'humeur !

Il devrait se contrôler et rester discret au lieu de me disputer de la sorte. Je n'avais pas besoin de ça en ce moment. Je venais à peine de le retrouver, je ne voulais pas me prendre la tête avec lui...

...****************...

Qu'as-tu pensé du chapitre ?

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***