Chapitre 6 : Drôle de coïncidence (la suite)

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Mes poings se serrèrent et je fis deux pas vers lui, mais me stoppai en voyant son sourire s'agrandir. C'était ce qu'il voulait. Il voulait me provoquer jusqu’à ce que j’en vienne aux mains. Mais je ne lui ferais pas ce putain de plaisir.

— Oh, comme je suis impoli... je ne t'ai pas félicité pour tes bébés.

Bordel.

— Comment tu...

— Je sais tout, Christopher. Le fait que je sois coincé ici n'y change absolument rien.

— Quoi ? Tu as une nouvelle taupe qui a remplacé Angel ?

— Peut-être, sourit-il narquoisement.

Putain. Je voulais l'étrangler et lui effacer ce sourire suffisant. Et s'il ne blaguait pas ? Et s'il y avait un traître parmi nous ?

Quand j'avais appris qu'Angel était de mèche avec Ayden et qu'elle avait elle-même kidnappé Isabella, j'avais ressenti une profonde haine et un profond dégoût. Je ne pouvais plus faire confiance à personne. J'avais été déçu beaucoup trop de fois dans ma vie. Si l'un des potes qui me restaient retournait sa veste et me trahissait, je ne m'en remettrais pas.

— Quelle drôle de coïncidence, tu ne trouves pas ? Des jumeaux... Moi-même je suis un jumeau et je peux t'assurer que ça ne se passe pas comme dans les films ; tu sais quand on voit deux enfants identiques, complices et qui font parfaitement la paire ? C'est de la connerie... l'un des deux dominera forcément l'autre, vous ne pourrez pas les aimer pareillement même si vous essayez... Enfin bref, j'espère que tes gosses grandiront en harmonies et qu'ils ne s'entretueront pas !

Comme son frère et lui.

Je contractai la mâchoire, sentant mon sang bouillir. J'avais la rage. Comment osait-il comparer mes enfants à son histoire tragique avec son jumeau ?

— Tu vas croupir au fond d'une cellule pendant très longtemps, Ayden, crachai-je.

— Je ne crois pas non, haussa-t-il les épaules. Vous n'avez aucune preuve contre moi. C'est votre parole contre la mienne. Vous êtes tous fous et moi, je suis la victime. Demande aux médecins, ils te diront que j'ai toute ma tête, que suis clean ; je ne me drogue pas, je ne fume pas, je ne bois pas. Je suis un parfait citoyen américain avec aucun antécédent avec la justice, qui, un soir, est passé par hasard sur le pont, a vu un type dans un état déplorable sur le point de se jeter dans le vide, il a accouru pour l'aider et là, un type sorti de nulle lui a tiré une balle dans l'épaule... fin. Elle est cool mon histoire, non ?

Je secouai la tête, lassé.

— Tu es malade, Ayden, tu as besoin de soins. Je veillerai personnellement à ce que tu ne quittes cet endroit que quand tu auras retrouvé une once de raison. Ta prochaine destination sera une cellule, alors profite du confort que tu as ici.

Je tournai les talons, et pressai ma main sur la poignée quand il m'interpella :

— Fais attention à ta famille, Chris, protège ta femme et tes gosses.

Je me figeai.

— Quoi ? Pourquoi tu me dis ça ? Si tu comptes encore t'en prendre à eux...

— Je ne suis pas le seul qui en a après toi, déclara-t-il.

— Bien sûr que si, putain !

— Je voulais te tuer, c'est vrai, mais j'ai hésité à appuyer sur la détente... Tu penses que je suis le pire des monstres, mais tu comptes pour moi, tu as toujours compté pour moi. C'est justement pour ça que je voulais t'éliminer, et tu le sais. Je t'ai tout dis cette nuit-là. Je suis loin d'être le pire ennemi que tu as.

— Bordel Ayden, de quoi tu parles ? m'énervai-je.

— De tes démons du passé.

Il se laissa tomber sur son lit, le sourire aux lèvres, et le regard emplit de mystères que je ne sauvais résoudre. Mon cœur battait vite. Je ne comprenais pas ce qu'il insinuait exactement. Mes démons, c'étaient lui qui les avait créés et nourris de ma peur et de mon chagrin toutes ces années.

Mes démons s'étaient domptés grâce à mon amour pour Isabella, ils étaient sensés disparaitre quand Ayden sera jugé et enfermé. Alors comment mes démons pourraient-ils provoquer un tourbillon infernal qui menacerait d'engloutir ma femme et mes enfants ; ma raison de vivre ?

2

***

Je poussai la porte de la chambre, et entrai en traînant les pieds. Je retrouvai la blonde allongée sur le matelas, un oreiller dans le dos, et la couette la couvrant jusqu'à la poitrine. Je distinguais facilement son pyjama rouge bordeaux en velours, très sexy. Elle tenait un bouquin entre ses mains, et semblait absorbée par sa lecture jusqu'à ce que je me rapproche d'elle pour qu’elle me remarque. Elle me sourit.

— Tu me fais une petite place ?

Elle acquiesça, et je soulevai la couette pour me glisser à côté d'elle.

— Enlève ton pull, m'ordonna-t-elle.

— Quoi ? bégayai-je. Tu veux baiser ?

— Non, rit-elle, je veux sentir ta chaleur et ton odeur.

Bon, si ce n'était que ça.

J'ôtai mon pull noir à col roulé, et frémis légèrement en sentant l'air frais sur mes biceps.

— Je peux garder mon débardeur ? lui demandai-je.

— Oui, approche maintenant.

J'obéis. Elle se blottit contre mon torse, s'installant confortablement dans mes bras, et je passai distraitement ma main dans ses cheveux. Je ne m'étais toujours pas habitué à sa nouvelle coupe. Elle replongea le nez dans son bouquin, et j'arquai les sourcils, curieux.

— Qu'est-ce que tu lis ?

— Roméo et Juliette.

— Sérieusement ? ris-je.

Elle me fusilla du regard.

— Tu n'aimes pas Shakespeare ?

— Bien sûr que si, répondis-je.

— Alors pourquoi tu te marres ? fit-elle la moue.

— Roméo et Juliette, deux amants au destin tragique...

— Oui, mais leur amour est pur malgré la haine entre leurs deux familles.

— Comme nous, sifflai-je.

Elle haussa les épaules.

— Nos familles ne se détestent pas, c'est grâce à elles qu'on s'est marié, mais avec tout ce qui s'est passé, Irène et ta mère sont en froid et aucune des deux n'ose faire le premier pas.

— Ma mère n'est pas rancunière, j'ai essayé d'aborder le sujet avec elle, mais elle a esquivé. Elle ne veut pas se mêler de notre vie sexuelle et tant mieux. Mais par contre, je doute que ce soit facile d’en discuter avec ta grand-mère.

— Je m'en fou de ce qu'elle pense, c'est mon corps, je fais ce que je veux avec.

— Rectification : on fait ce qu'on veut avec, la taquinai-je.

Elle rit.

— Evidemment mon amour, je suis tout à toi.

— Moi aussi, je suis tout à toi, Isabella. Je t'aime.

Elle se releva légèrement et embrassa mon cou. J'en frissonnai.

— Je t'aime... Et nos bébés t'aiment aussi.

Je souris, touché.

— Ils bougent encore ?

— Oui, je les sens de plus en plus, mais là, ils sont très calmes, je crois qu'ils dorment.

Je hochai la tête.

— Tu veux que je te fasse la lecture ? proposai-je.

— Oui, je veux bien, merci !

Elle me tendit son bouquin et posa sa main sur mes abdos. Elle traça mes muscles du bout des doigts, à travers mon débardeur, et je pris sur moi pour ne pas frémir ou pire... bander. Ses caresses n'étaient pas grisantes, mais j'étais un fusil chargé à chaque fois qu'elle était près de moi. Voulant chasser ses pensées distrayantes, je commençai à lire à voix haute là où elle s'était arrêtée :

« Roméo : (prenant la main de Juliette) Si j'ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d'effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.

Juliette : Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n'a fait preuve en ceci que d'une respectueuse dévotion. Les saintes même ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; et cette étreinte est un pieux baiser.

Roméo : Les saintes n'ont-elles pas de lèvres, et les pèlerins aussi ?

Juliette : Oui, pèlerin, des lèvres voués à la prière.

Roméo : Oh ! alors, Chère Sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se changent en désespoir.

Juliette : Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.

Roméo : Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l'effet de ma prière. (Il l'embrasse sur la bouche) Vos lèvres ont effacé le péché des miennes.

Juliette : Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu'elles ont pris des vôtres.

Roméo : Vous avez pris le péché de mes lèvres ? Ô reproche charmant ! Alors rendez-moi mon péché. (Il l'embrasse encore.)

Juliette : Vous avez l'art des baisers. »

Je fis une pause, et baissai les yeux sur ma blonde qui avait fermé les siens. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait doucement. Elle était calme, paisible. Ses effleurements sur mon buste se poursuivirent, signe qu'elle était toujours réveillée, mais une chose était sûre, elle n'allait pas tarder à s'endormir.

— J'adore le son de ta voix, me dit-elle soudainement.

— Ah oui ? souris-je, amusé.

— Elle est rauque en général... plus tonitruante quand tu es en colère, étouffée quand tu pleures, groggy quand tu atteins l'orgasme, chantante quand tu es heureux, vibrante quand tu ris, et là elle est poétique et apaisante.

— Waouh !

Elle avait carrément analysé toutes les tonalités de ma voix ? J'étais stupéfait qu'elle fasse attention à ces petits détails qui peuvent sembler sans importance.

— Tu es merveilleux, Christopher, susurra-t-elle.

— Vas-y continue, je suis toute ouïe ! rigolai-je.

Elle réouvrit les yeux, et ricana en croisant mon regard.

— Attention à tes chevilles surtout !

— C'est toi qui chantes mes louanges, je n'ai rien demandé, moi !

— Je te dis tout ça parce que c'est vrai. Je veux que notre fils soit comme toi ; beau, intelligent, drôle, doux, gentil, généreux...

— Il le sera, parce qu'il tiendra tout ça de sa maman. Moi, je ne suis pas comme ça, sauf beau et intelligent, bien sûr, plaisantai-je.

Elle secoua la tête, amusée.

— Tu es comme ça, et plus encore. Ne te sous-estime pas mon amour, tu as énormément de qualités...

Je haussai les épaules.

— Et notre fille alors ? On en parle ?

— Je lui apprendrais à être forte, et à ne jamais s'incliner devant ce monde rempli de sexistes. Je lui apprendrais à faire ses propres choix dans la vie et à ne pas dépendre de sa famille. Je ne veux pas qu'elle ait la même vie que moi...

Je grimaçai légèrement.

— Je suis d'accord, mais je ne veux pas qu'on lui donne trop de libérés non plus... je veux dire, si elle a un petit-copain par exemple, je serais capable de le séquestrer et de lui foutre la trouille de sa vie pour qu'il ne s'approche plus jamais d'elle... ne le prends pas mal mais je préfère qu'elle soit une vierge effarouchée comme toi, ça m'évitera de terroriser des petits cons.

M'attendant à ce qu'elle me frappe, je fermai les yeux, attendant le coup, mais il ne venait pas. Je la regardai alors et elle éclata de rire. J'arquai les sourcils. Bon, j'avais eu chaud.

— Un vrai papa poule, commenta-t-elle.

— Je m'en fou, personne ne touchera à ma petite princesse.

— Ton fils va être jaloux, et moi aussi ! bouda-t-elle.

— Je vous aime tous les trois, je ne ferai pas de jaloux, bébé, la rassurai-je.

— Je sais. Ils sont jumeaux, on doit les aimer pareil, et ne jamais préféré l'un à l'autre. L'éducation d'un enfant n'est pas facile, mais alors deux... On doit prendre sur nous et être les meilleurs parents qui soient. On ne doit pas se planter, c'est important, Chris.

Les paroles d'Ayden me revinrent soudain en mémoire et je déglutis. J'aurais aimé que ses propos ne m'affectent pas, mais c'était malheureusement le cas.

Avec mon épouse, on devait veiller sur nos enfants, bien les éduquer, leur apprendre à s'aimer, à se respecter et à se soutenir dans le bonheur et dans les épreuves. Ils devront être complices et inséparables. Ils hériteront de ce qu'il y a de meilleurs entre Isabella et moi… sans conteste.

— Ma puce, ne stresse pas, ça va aller, remarquai-je son angoisse. On a encore largement le temps de nous préparer à tout ça... on y arrivera, je te le promets.

Elle semblait plus détendue et rassurée. Elle hocha la tête, et ferma les yeux, souriante.

— Continue de me faire la lecture, ça m'aidera à m'endormir, dit-elle.

— À tes ordres, chérie, pris-je une voix grave.

Elle rit. Je poursuivis donc ma lecture, en perdant la notion du temps. J'avais lu cette pièce de théâtre de nombreuses fois, mais j'étais submergé par un tas d'émotions comme si c'était ma première lecture. Au dernier passage, j'abaissai les yeux et découvris ma femme plongée dans un profond sommeil.

« Cette matinée apporte avec elle une paix sinistre, le soleil se voile la face de douleur. Partons pour causer encore de ces tristes choses. Il y aura des graciés et des punis. Car jamais aventure ne fut plus douloureuse que celle de Juliette et de son Roméo. »

...****************...

Qu'as-tu pensé du chapitre ?

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Comments

🥀Saya🥀

🥀Saya🥀

parfait comme toujours 💞

2024-04-18

1

Holy girl 😋🤤

Holy girl 😋🤤

Super 👍

2024-04-11

0

Miss Nk 💖👌

Miss Nk 💖👌

Je balance un << Génial >> 💖

2024-04-05

1

Tous
Episodes
1 Prologue
2 Chapitre 1 : Ressemblance
3 Chapitre 1 : Ressemblance ( la suite )
4 Chapitre 2 : Un père
5 Chapitre 2 : Un père (la suite)
6 Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable
7 Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable (la suite)
8 Chapitre 4 : Petits miracles
9 Chapitre 4 : Petits miracles (la suite)
10 Chapitre 5 : Une battante
11 Chapitre 5 : Une battante (la suite)
12 Chapitre 6 : Drôle de coïncidence
13 Chapitre 6 : Drôle de coïncidence (la suite)
14 Chapitre 7 : Propriété exclusive
15 Chapitre 7 : Propriété exclusive (la suite)
16 Chapitre 8 : Sexy
17 Chapitre 8 : Sexy (la suite)
18 Chapitre 9 : Course poursuite
19 Chapitre 9 : Course poursuite (la suite)
20 Chapitre 10 : prénoms
21 Chapitre 10 : prénoms (la suite)
22 Chapitre 11: Brooklyn
23 Chapitre 11: Brooklyn (la suite)
24 Chapitre 12 : Un pari
25 Chapitre 12 : Un pari (la suite)
26 Chapitre 13 : Le passé reste dans le passé
27 Chapitre 13 : Le passé reste le passé ( la suite)
28 Chapitre 14 : La relaxation
29 Chapitre 14 : La relaxation (la suite)
30 Chapitre 15 : Un frisson
31 Chapitre 15 : Un frisson ( la suite)
32 Chapitre 16 : ENTRAÎNEMENT
33 Chapitre 16 : ENTRAÎNEMENT (la suite)
34 épisode 17 : Le pire jour de sa vie
35 Chapitre 17 : Le pire jour de sa vie (la suite)
36 Chapitre 18 : Une belle journée
37 Chapitre 18 : Une belle journée (la suite)
Episodes

37 épisodes mis à jour

1
Prologue
2
Chapitre 1 : Ressemblance
3
Chapitre 1 : Ressemblance ( la suite )
4
Chapitre 2 : Un père
5
Chapitre 2 : Un père (la suite)
6
Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable
7
Chapitre 3 : Un dilemme irrésolvable (la suite)
8
Chapitre 4 : Petits miracles
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Chapitre 4 : Petits miracles (la suite)
10
Chapitre 5 : Une battante
11
Chapitre 5 : Une battante (la suite)
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Chapitre 6 : Drôle de coïncidence
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Chapitre 7 : Propriété exclusive
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Chapitre 7 : Propriété exclusive (la suite)
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Chapitre 8 : Sexy
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Chapitre 9 : Course poursuite
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Chapitre 9 : Course poursuite (la suite)
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Chapitre 10 : prénoms
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Chapitre 10 : prénoms (la suite)
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Chapitre 11: Brooklyn
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Chapitre 12 : Un pari
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Chapitre 12 : Un pari (la suite)
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Chapitre 13 : Le passé reste dans le passé
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Chapitre 13 : Le passé reste le passé ( la suite)
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Chapitre 14 : La relaxation
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Chapitre 14 : La relaxation (la suite)
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Chapitre 15 : Un frisson
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Chapitre 15 : Un frisson ( la suite)
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Chapitre 16 : ENTRAÎNEMENT
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Chapitre 16 : ENTRAÎNEMENT (la suite)
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Chapitre 17 : Le pire jour de sa vie (la suite)
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Chapitre 18 : Une belle journée
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Chapitre 18 : Une belle journée (la suite)

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