« Je sais. Alors en échange, tu recommenceras à te nourrir et tu iras à l'école pour finir ton année scolaire. »
Conor haussa les sourcils, puis plissa les yeux.
« Maman, tu es sérieuse ? Tu es en train de me faire du chantage ? »
Le ton de sa voix était étrange, faisant ressortir la laideur de son visage comme jamais auparavant, et cette fois le silence qui suivit fut différent, vraiment différent. Marion passa sa langue sur ses lèvres, puis acquiesça.
« Ce n’est pas ce que je veux, tu sais ? Je suis inquiète, c'est tout. »
Le jeune mage prit son temps avant de répondre.
« Tu dis la vérité, cette fois ? »
« Oui. » confirma-t-elle gravement.
Conor réfléchit.
« Allez, prends-le, petit. Tu n'as pas idée de la chance que tu as d'avoir encore une mère.
« Et surtout d'avoir une mère si aimante. Et si bondante. Belle, talentueuse, bondante...
Monsieur Fiop essuya sa salive sous le regard méprisant des autres.
Soudain, une vague de magie froide fit sursauter Conor et les autres. Une ombre assombrit l'intérieur du restaurant. Une puissante vague de ténèbres.
Stupéfait, Conor tourna la tête et vit un visiteur assis au bout du bar, tout de noir vêtu, bronzé et les cheveux cendrés, le visage et tout le corps recouverts de tatouages mouvants.
« Qui est-ce ? »
Conor ne connaissait pas l'identité de ce nouveau venu qui a fait une entrée remarquée, mais il n'avait pas besoin des autres pour savoir que cet être était un mage noir, pas un prétendant et encore moins un faire-valoir, mais le vrai, et qu'il ne fallait pas surtout commettre l'erreur de le sous-estimer.
Si Jaros, qui était, le seul connu du moins, à pouvoir rivaliser avec la puissance incommensurable du mage guerrier, avait un homme à tout faire, cela aurait été forcément celui-ci. En fait, il était si puissant que sa seule présence a fait évanouir tout le monde dans le restaurant. Les seusl qui tinrent furent Conor, non grâce à lui-même évidemment, mais grâce à sa mère et aux deux habitués qui étaient, si l'on pouvait dire, des pointures.
« Fiodre. Le pire des salauds », murmura Monsieur Mattias, luttant de toutes ses forces contre l'incroyable énergie noire de l'intrus.
« Quoi qu'il fasse, ne réponds pas, Conor. » ajouta Monsieur Fiop, qui fit de même. « Il ne supporte rien de moins que les gens qui lui répondent et lui manquent de respect. »
Le visage plus sérieux que jamais, Marion déposa devant ce client redoutable une tasse de thé spéciale. Ce dernier fixa longuement la restauratrice puis prit une gorgée de thé.
« Votre thé est vraiment délicieux, Marion, spécial, reflétant tout ce que vous êtes. Mais vous savez que ce n'est pas pour cela que je suis venu. »
Sa voix était terriblement caverneuse et écorchait les oreilles de Conor.
« Et pourtant, c'est tout ce que tu auras, Fiodre. »
« Tu sais que tu ne résisteras pas longtemps. »
Marion ne répondit pas et se contenta de faire face à l'intrus indésirable.
« Pour ce qu’il en est, vous avez deux options. Je préfère que vous choisissiez la seconde. »
« Jamais. »
Le jeune mage, encore protégé par les deux habitués qui étaient en train de prouver que leur soi-disant sagesse n’était que des mots, n’avait aucune idée de quoi parlaient les deux puissants sorciers, mais il n’avait pas besoin de le savoir pour deviner que c'était grave, voire mortel ? Surtout pour sa mère.
« Alors je vais te préciser que j'ai moi aussi deux options de mon côté, et celle que tu souhaiteras le moins est la première. »
Et tandis qu'il finissait de dire cela, Fiodre passa un doigt paresseux sur son thé, tripotant la tasse et renversant le thé qui s'y trouvait lequel s’était transformé en sang noir pourri à l'odeur nauséabonde.
Conor tressaillit, mais Monsieur Mattias le retint.
« Retiens-toi. »
Conor acquiesça en s’accrochant à lui.
« Passe une bonne journée, Marion. Fais le meilleur choix. Tu sais que je ne te lâcherai pas.»
Après un dernier faux sourire et un regard des plus effrayants, Fiodre disparut dans une vague noire et glacée.
Un silence tendu s'installa après ce départ violent et soulageant, et qu'ils avaient du mal à rompre. Les clients n'avaient toujours pas repris conscience mais ce n'était plus qu'une question de minutes car la propriétaire avait déjà commencé à dégager d’elle des vagues de sa magie bienfaisantes,
« Maman ? »
Marion se ressaisit et lui sourit.
« Ce n'est rien. »
Et elle s'adressa à son fils et aux deux autres, affirmant.
« Attendez un peu, je vais rétablir la chaleur de notre cher restaurant. »
Marion rayonna et répandit cette fois des ondes de magie chaude qui chassèrent le froid et les ombres qui revigorèrent les clients réveillés et firent rire de joie Mattias et Fiop.
« Maman, que voulait ce malade ? » insista-t-il, pas vraiment rassuré et en proie à de mauvais pressentiments. Marion le rassura du mieux qu'elle peut.
Marion le rassura du mieux qu'elle peut : « Tu n'as pas à t'inquiéter de cela, mon chéri, et tu n'as pas à avoir peur pour moi. »
« Mais cet homme est un... »
« Je sais », l'interrompit fermement sa mère. « Mais je le répète, tu n'as pas à t'inquiéter. Je suis... forte. »
« Je sais, mais... »
« Alors arrête ! Oublie cet incident et mange ta glace. »
« Tu ne m'as pas donné de glace. » fit remarquer le jeune mage, acceptant de laisser tomber ce sujet sensible pour l'instant, un de plus.
« Alors je vais t'en apporter. »
Une idée plutôt incongrue mais plausible germa soudain dans l'esprit de Conor et il se tourna vers sa mère d’un air décidé. Il la fixa d'un regard enflammé de suspicion et d'horreur.
« Pitié, Dis-moi que ce n'est pas mon père. Ce n’est pas mon père, n'est-ce pas ? »
« Non ! »
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