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Marion pouvait se déplacer comme elle le souhaitait, voler, flotter, déplacer la terre, l'air ou l'eau, chevaucher l'une de ses innombrables créatures, ou se téléporter, mais lorsqu'elle devait accompagner son fils, elle prenait toujours la voiture, c'était une autre façon qu'elle avait trouvée d'être prévenante à l'égard de son enfant.

Conor se sentait aimé et choyé, mais il sentait aussi que quelque chose n'allait pas.

Le silence à l'intérieur de la voiture était tendu et amer. Marion décida de le rompre et se tourna vers son fils, lui disant d'un ton faussement joyeux.

« Tu sais que notre restaurant marche très bien maintenant, alors j'ai réussi à faire pas mal d’économie. Alors que dirais-tu de partir un peu ensemble quelque part pour des vacances bien méritées ? »

Conor ne put s'empêcher d’émettre un petit rire.

« Moi, je mérite des vacances ! »

« Bien sûr, mon chéri. Tu as travaillé dur et tu viens de traverser une période assez contraignante. »

Un autre ricanement se fit entendre de sa part.

« Je me suis fait virer de l'école, maman. Pour quelle raison ? Parce que je n'avais aucun talent, parce que j'étais un raté. Alors je ne dirais pas que c'est « assez contraignante ».

La réponse de Conor était dissuasive, mais Marion ne se laissa pas abattre.

« Quoi de mieux pour se remonter le moral que de faire un voyage ? Que penses-tu de l'Australie ? Nous choisirions un hôtel cinq étoiles, ou plutôt quatre étoiles pour pouvoir mieux profiter des divertissements, et nous passerions notre temps à visiter les endroits célèbres ou pas, à dormir, oh oui, dormir, manger et, cerise sur le gâteau, déranger les simples humains et les animaux sans défense. Savais-tu que c'est l'endroit où l'on trouve le plus d'insectes mortels pour les humains ? »

Conor fronça les sourcils. Sa mère n'était vraiment pas ce qu'elle semblait être. Elle avait un côté très sombre, et au lieu de le déranger, cela lui plaisait étrangement.

« Oui, je sais, maman, et comme je suis pratiquement un humain moi aussi, je trouverai facilement un moyen de me tuer. Ou peut-être que c'est ton but en m'emmenant là-bas. »

« Je n'irais pas aussi loin si je voulais me débarrasser de toi. »

« Maman, ce n’est pas vraiment la réponse que tu es supposée donner dans ce genre de situation. »

Marion arrêta la voiture sur le trottoir de son immeuble. Les deux occupants en sortirent et se dirigèrent vers l'entrée, mais non sans devoir passer devant le concierge qui les avait d’ailleurs vu arriver de loin, et attendit avec délectation pour pouvoir cracher son venin, d’ailleurs, ses yeux seuls étaient suffisamment éloquents.

« Alors, cette fois, tu as été renvoyé de ta merveilleuse académie, jeune Conor ? Comment s'appelle-t-il déjà ? » continua-elle en faisant semblant de réfléchir : « Ah oui, l’académie d'Ogemos ». »

« Oui. »

A quoi bon le nier plus longtemps, puisque tout le monde le savait déjà. Il ne pouvait de toute façon pas descendre plus bas.

« Occupe-toi de tes affaires, concierge à la noix ! » intervint Marion dont la réaction était prévisible, renvoyant le regard intense de la vieille sorcière et la maudissant avec sa pensée.

« C'est bon, maman » rassura son fils, fataliste, ne voyant pas l'intérêt de se révolter contre un fait immuable. « La nouvelle a probablement déjà fait le tour du pâté de maisons. »

« Mais ça ne veut pas dire que je vais les laisser te tourmenter. »

« La vérité n'est pas un tourment. » fit valoir madame Suri, faussement objectif.

« Alors, je vais dire tes quatre vérités, que tu n'es qu'une vieille sorcière solitaire qui n'a probablement pas été acceptée dans une académie. »

Le concierge, faussement imperturbable, lui adresse un sourire hideux.

« Vieille sorcière, je le suis, oui, » admit-elle avec une horrible grimace, « mais je suis diplômée de la célèbre académie de Brahadel de Los Angeles. Et devinez quoi... en tant que major de promotion. »

« Disons que c'était la vérité, bien que je doute fort que ce soit vrai, ça n'a pas aidé que tu finisses comme une simple concierge qui se mêle de tout ce qui ne la regarde pas parce qu'elle n'a pas de vie et encore moins d’amis, et certainement pas de petit ami ! »

« Tu peux parler. D'ailleurs, où est le père de ce jeune homme ? »

La vieille folle réussit à retourner la situation en sa faveur en abordant ce sujet inabordable.

« Vous... »

« Vous savez ? » intervient Conor, qui sautait sur toutes les occasions de découvrir quelque chose, aussi petites soient-elles.

« Non, elle ne le sait pas ! » répliqua énergiquement sa mère, surprise et dédaigneuse.

« Et sans doute que tu ne le sais pas non plus, petite pute ! »

Marion lutta pour se contenir, puis poussa son fils à l'intérieur de l'immeuble.

Les deux jeunes gens entrèrent dans leur appartement. Un appartement qui aurait presque pu ressembler à celui d'un humain, si ce n'était pour les murs recouverts de peintures mouvantes de forêts magiques enchantées, dont la plus impressionnante était une forêt nommée Oliod que Marion avait visitée lors d'une de ses explorations de l'univers magique, sans parler des différents pots de fleurs qui occupaient divers coins et recoins de chaque pièce, sauf celle du jeune homme.

La sorcière retira son manteau et le donna à l'une de ses créatures qui attendait pour les débarrasser de leurs affaires.

« Un jour, je te le jure, je tuerai cette vieille folle. Je la tuerai. Ce sera un service public ! »

Elle marqua une pause pour se calmer et reprit son sourire faussement enjoué.

« Tu as faim ? On va voir ce qu'il y a dans le frigo ? Ce soir, je te préparerai ce que tu veux. »

D'une certaine manière, Conor était sincèrement reconnaissant de l'attention et du soutien de sa mère, mais il était incapable de faire le moindre effort. Oh non, pas ce jour-là.

« Tu n'as pas besoin d'essayer si fort, maman, je ne serai même pas capable d'avaler une gorgée d'eau. »

Sa mère se mordit la lèvre, mais essaya à nouveau, doucement.

« Alors, pour le voyage, tu acceptes ? »

Conor se tourna vers sa mère et acquiesça.

« Oui, mais plus tard. Pour l'instant, je veux rester dans ma chambre jusqu'à ce que je me sente mieux, ou jusqu'à ce que je meure. »

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