Episode 14

SEIGNEUR GORING. [Gardant ses yeux fermement fixés sur le tapis.] Documents d'État?

SIR ROBERT CHILTERN. Oui. [LORD GORING soupire, puis passe sa main sur son front et lève les yeux.]

SEIGNEUR GORING. Je ne savais pas que vous, de tous les hommes du monde, pouviez être assez faible, Robert, pour céder à une tentation telle que vous l'offrait le baron Arnheim.

SIR ROBERT CHILTERN. Faible? Oh, j'en ai marre d'entendre cette phrase. Marre de l'utiliser pour les autres. Faible? Crois-tu vraiment, Arthur, que c'est la faiblesse qui cède à la tentation ? Je vous dis qu'il y a des tentations terribles auxquelles il faut de la force, de la force et du courage pour céder.

Jouer toute sa vie sur un seul instant, tout risquer d'un seul coup, que l'enjeu soit le pouvoir ou le plaisir, je m'en moque, il n'y a pas de faiblesse là-dedans. Il y a un horrible, un terrible courage. J'ai eu ce courage. Je me suis assis le même après-midi et j'ai écrit au baron Arnheim la lettre que cette femme détient maintenant. Il a fait trois quarts de million sur la transaction.

SEIGNEUR GORING. Et vous?

SIR ROBERT CHILTERN. J'ai reçu du baron 110 000 £.

SEIGNEUR GORING. Tu valais plus, Robert.

SIR ROBERT CHILTERN. Non; cet argent m'a donné exactement ce que je voulais, le pouvoir sur les autres. Je suis entré immédiatement dans la maison. Le baron me conseillait ponctuellement en finance. Avant cinq ans, j'avais presque triplé ma fortune. Depuis, tout ce que j'ai touché est un succès. Dans tout ce qui touche à l'argent, j'ai eu une chance si extraordinaire qu'elle m'a parfois presque fait peur. Je me souviens d'avoir lu quelque part, dans un livre étrange, que lorsque les dieux veulent nous punir, ils répondent à nos prières.

SEIGNEUR GORING. Mais dis-moi, Robert, n'as-tu jamais regretté ce que tu avais fait ?

SIR ROBERT CHILTERN. Non. Je sentais que j'avais combattu le siècle avec ses propres armes et gagné.

SEIGNEUR GORING. [Malheureusement.] Vous pensiez avoir gagné.

SIR ROBERT CHILTERN. J'ai pensé ainsi. [Après une longue pause.] Arthur, me méprisez-vous pour ce que je vous ai dit ?

SEIGNEUR GORING. [Avec un sentiment profond dans sa voix.] Je suis vraiment désolé pour vous, Robert, vraiment vraiment désolé.

SIR ROBERT CHILTERN. Je ne dis pas que j'ai eu des remords. Je ne l'ai pas fait.

Pas de remords au sens ordinaire, plutôt idiot du terme. Mais j'ai payé de l'argent de conscience plusieurs fois. J'avais un espoir fou que je pourrais désarmer le destin. La somme que le baron Arnheim m'a donnée, j'ai été distribuée deux fois à des œuvres caritatives publiques depuis lors.

SEIGNEUR GORING. [Levant les yeux.] Dans les organismes de bienfaisance publics ? Cher moi! que de mal tu as dû faire, Robert !

à suivre...

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