Episode 10

SEIGNEUR GORING. [Est un peu décontenancé, mais se reprend.] Ne dites à personne que je me suis occupé de cette broche. Si quelqu'un l'écrit et le réclame, faites-le moi savoir immédiatement.

MABEL CHILTERNE. C'est une demande étrange.

SEIGNEUR GORING. Eh bien, voyez-vous, j'ai donné cette broche à quelqu'un une fois, il y a des années.

MABEL CHILTERNE. Tu l'as fait?

SEIGNEUR GORING. Oui.

[LADY CHILTERN entre seule. Les autres invités sont partis.] MABEL CHILTERN. Alors je vous souhaiterai certainement le bonsoir. Bonne nuit, Gertrude ! [Sortir.]

DAME CHILTERN. Bonne nuit chérie! [À LORD GORING.] Vous avez vu qui lady Markby a amené ici ce soir ?

SEIGNEUR GORING. Oui. Ce fut une mauvaise surprise. Pourquoi est-elle venue ici ?

DAME CHILTERN. Apparemment pour essayer d'attirer Robert pour soutenir un stratagème frauduleux qui l'intéresse. Le canal argentin, en fait.

SEIGNEUR GORING. Elle s'est trompée d'homme, n'est-ce pas ?

DAME CHILTERN. Elle est incapable de comprendre une nature droite comme celle de mon mari !

SEIGNEUR GORING. Oui. Je croirais qu'elle s'effondrerait si elle essayait de mettre Robert dans ses besognes. C'est extraordinaire les erreurs incroyables que commettent les femmes intelligentes.

DAME CHILTERN. Je ne qualifie pas les femmes de ce genre d'intelligentes. Je les appelle stupides !

SEIGNEUR GORING. Même chose souvent. Bonne nuit, Dame Chiltern !

DAME CHILTERN. Bonsoir!

[Entre SIR ROBERT CHILTERN.]

SIR ROBERT CHILTERN. Mon cher Arthur, tu n'y vas pas ? Arrêtez-vous un peu !

SEIGNEUR GORING. J'ai peur de ne pas pouvoir, merci. J'ai promis d'aller voir les Hartlock. Je crois qu'ils ont un groupe hongrois mauve qui joue de la musique hongroise mauve. À bientôt. Au revoir!

[Sortie] SIR ROBERT CHILTERN. Comme tu es belle ce soir, Gertrude !

DAME CHILTERN. Robert, ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ? Vous n'allez pas apporter votre soutien à cette spéculation argentine ? Vous ne pouviez pas !

SIR ROBERT CHILTERN. [Démarrant.] Qui t'a dit que j'avais l'intention de le faire ?

DAME CHILTERN. Cette femme qui vient de sortir, Mme Cheveley, comme elle s'appelle maintenant. Elle a semblé me ​​narguer avec ça. Robert, je connais cette femme. Vous ne le faites pas. Nous étions à l'école ensemble. Elle était mensongère, malhonnête, une mauvaise influence sur tous ceux dont elle pouvait gagner la confiance ou l'amitié. Je la détestais, je la méprisais. Elle volait des choses, c'était une voleuse. Elle a été renvoyée pour voleuse. Pourquoi la laisses-tu t'influencer ?

SIR ROBERT CHILTERN. Gertrude, ce que tu me dis est peut-être vrai, mais c'est arrivé il y a de nombreuses années. Il vaut mieux l'oublier ! Mme Cheveley a peut-être changé depuis. Personne ne devrait être entièrement jugé sur son passé.

DAME CHILTERN. [Malheureusement.] Le passé est ce que l'on est. C'est la seule façon de juger les gens.

SIR ROBERT CHILTERN. C'est un dicton difficile, Gertrude !

DAME CHILTERN. C'est un vrai dicton, Robert. Et que voulait-elle dire en se vantant de vous avoir amené à prêter votre soutien, votre nom, à une chose que je vous ai entendu décrire comme le stratagème le plus malhonnête et frauduleux qui ait jamais existé dans la vie politique ?

SIR ROBERT CHILTERN. [Se mordant la lèvre.] Je me suis trompé dans la vue que j'ai prise. Nous pouvons tous faire des erreurs.

DAME CHILTERN. Mais vous m'avez dit hier que vous aviez reçu le rapport de la Commission, et qu'elle condamnait entièrement l'affaire.

SIR ROBERT CHILTERN. [Monter et descendre.] J'ai maintenant des raisons de croire que la Commission a été lésée ou, en tout cas, mal informée.

D'ailleurs, Gertrude, la vie publique et la vie privée sont des choses différentes. Ils ont des lois différentes et se déplacent sur des lignes différentes.

DAME CHILTERN. Ils devraient tous deux représenter l'homme à son plus haut niveau. Je ne vois aucune différence entre eux.

SIR ROBERT CHILTERN. [S'arrêtant.] Dans le cas présent, sur une question de politique pratique, j'ai changé d'avis. C'est tout.

DAME CHILTERN. Tous!

SIR ROBERT CHILTERN. [Sévèrement.] Oui !

DAME CHILTERN. Robert ! Oh! c'est horrible que j'aie à te poser une telle question-Robert, tu me dis toute la vérité ?

SIR ROBERT CHILTERN. Pourquoi me poses-tu une telle question ?

DAME CHILTERN. [Après une pause.] Pourquoi ne répondez-vous pas ?

SIR ROBERT CHILTERN. [S'asseyant.] Gertrude, la vérité est une chose très complexe, et la politique est une affaire très complexe. Il y a des roues dans les roues. On peut avoir certaines obligations envers les gens que l'on doit payer. Tôt ou tard dans la vie politique, il faut faire des compromis.

Tout le monde le fait.

DAME CHILTERN. Faire des compromis? Robert, pourquoi parles-tu ce soir si différemment de la façon dont je t'ai toujours entendu parler ? Pourquoi es-tu changé ?

SIR ROBERT CHILTERN. Je ne suis pas changé. Mais les circonstances changent les choses.

DAME CHILTERN. Les circonstances ne doivent jamais altérer les principes !

SIR ROBERT CHILTERN. Mais si je te disais LADY CHILTERN. Quoi?

SIR ROBERT CHILTERN. Que c'était nécessaire, vitalement nécessaire ?

DAME CHILTERN. Il ne peut jamais être nécessaire de faire ce qui n'est pas honorable.

Ou s'il le faut, alors qu'est-ce que j'ai aimé ! Mais ce n'est pas le cas, Robert ; dis-moi que non. Pourquoi devrait-il être? Quel gain en tireriez-vous ? De l'argent? Nous n'avons pas besoin de ça ! Et l'argent qui provient d'une source contaminée est une dégradation. Puissance? Mais le pouvoir n'est rien en soi. C'est le pouvoir de faire le bien qui est bien, cela et cela seulement. Qu'est-ce que c'est alors? Robert, dis-moi pourquoi tu vas faire cette chose déshonorante !

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