Chapitre 20 : L'aube d’un nouveau serment

Le soleil, timide, commençait à poindre à l’horizon, répandant une lumière dorée qui effleurait les cimes des arbres. Les rayons matinaux se faufilaient à travers le feuillage dense, dessinant des arabesques de lumière sur le sol humide de la forêt. Les ombres de la nuit s’amenuisaient peu à peu, chassées par cette clarté naissante, symbole d’un nouveau départ.

Layla et Hanna avaient trouvé refuge près d’un ruisseau scintillant, un filet d’eau douce serpentant entre les pierres couvertes de mousse. Assises côte à côte sur une roche plate, elles semblaient à la fois vulnérables et puissantes, deux âmes marquées par leurs combats, mais unies dans une trêve précieuse. La fraîcheur du matin caressait leur peau, mais ni l’une ni l’autre ne bougea. Elles savouraient ce moment de répit, un luxe qu’elles n’avaient que rarement eu.

Layla observait l’eau, son regard fixé sur les ondulations hypnotiques des reflets dorés. Ses pensées s’entremêlaient, oscillant entre le poids de leurs actions passées et la complexité de l’avenir. Elle tenait un petit galet dans sa main, le faisant rouler entre ses doigts comme si ce simple geste pouvait apaiser le tumulte dans son esprit. Les rayons de lumière jouaient sur ses traits, adoucissant l’intensité de ses yeux écarlates.

À côté d’elle, Hanna s’efforçait d’ajuster une écharpe improvisée autour de son bras blessé. La douleur persistante marquait son visage de légères grimaces, mais elle restait concentrée, ses gestes précis et appliqués. Sa blessure était encore un rappel de leur fuite récente, mais elle refusait de se laisser abattre. Il y avait une résilience en elle, une force tranquille qui irradiait de chaque mouvement. Elle tourna finalement les yeux vers Layla, rompant le silence paisible.

— Que va-t-il se passer maintenant ? demanda-t-elle doucement, sa voix teintée d’une gravité calme.

Layla ne répondit pas immédiatement. Elle lança le petit galet qu’elle tenait sur la surface de l’eau, le regardant ricocher trois fois avant de disparaître sous les vaguelettes. Ce simple acte semblait refléter le cheminement de ses pensées : des cercles se formant à la surface, témoins d’un impact plus profond.

— Nous devons comprendre cette prophétie, dit-elle enfin, ses mots pesant dans l’air. Si elle dit vrai, alors ce que nous sommes… ce que nous avons choisi de devenir… pourrait changer plus que nos vies.

Hanna hocha lentement la tête, absorbant les paroles de Layla. Ses traits, bien que marqués par la fatigue, étaient empreints d’une douceur réfléchie. Elle baissa les yeux vers l’eau, suivant les éclats lumineux qui dansaient à la surface.

— Cela signifie que nous ne sommes plus seulement des fugitives, continua Layla, un ton plus grave dans sa voix. Nous sommes des anomalies pour nos mondes respectifs. Aucun des deux ne nous pardonnera ce que nous sommes.

Elle tourna son regard vers Hanna, cherchant peut-être une confirmation ou une opposition. Mais ce qu’elle trouva dans les yeux de l’ange fut autre chose : une lumière inébranlable, un mélange de sérénité et de défi. Hanna esquissa un sourire, un sourire franc mais chargé de détermination.

— Alors faisons en sorte que ça en vaille la peine, répondit-elle simplement, sa voix résonnant avec une clarté désarmante.

Layla la fixa, prise au dépourvu par cette franchise déconcertante. Pendant un instant, ses yeux cherchèrent ceux d’Hanna, comme pour comprendre d’où cette force pouvait bien venir. Elle finit par acquiescer doucement, ses lèvres s’étirant en un sourire rare, presque imperceptible mais sincère.

— Ensemble, murmura-t-elle, sa voix basse mais ferme. Nous portons cette lutte ensemble.

Hanna posa une main sur celle de Layla, entrelaçant doucement leurs doigts. Ce simple geste portait en lui un poids immense : une promesse silencieuse, une union qu’aucun mot ne pouvait véritablement définir. C’était une alliance forgée dans le feu et le chaos, mais renforcée par une compréhension mutuelle, une vérité partagée.

— Ensemble, confirma Hanna, son regard planté dans celui de Layla.

Le vent léger fit danser les feuilles autour d’elles, apportant avec lui un murmure apaisant, comme si la forêt elle-même reconnaissait cet instant. Les oiseaux, timides au lever du jour, commencèrent à chanter doucement, ajoutant une mélodie délicate à cette scène. Chaque son, chaque mouvement autour d’elles semblait célébrer cet accord tacite, cette union improbable mais indéniablement puissante.

Sous la lumière naissante, deux âmes que tout opposait autrefois s’étaient trouvées. Elles n’étaient pas simplement en fuite : elles construisaient quelque chose, un chemin à contre-courant des attentes de leurs mondes respectifs. Ensemble, elles portaient non seulement le poids de leur amour, mais aussi celui d’un avenir qu’elles devaient encore bâtir.

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