Chapitre 13 : L'ombre et la lumière

La chambre était plongée dans une pénombre apaisante, seulement éclairée par la lumière vacillante d’une bougie posée sur une table basse. La flamme dansait doucement, projetant des ombres tremblantes sur les murs ornés de motifs anciens, comme si les figures s’animaient pour chuchoter des secrets oubliés. Tout dans cette pièce semblait suspendu hors du temps, protégé du tumulte du monde extérieur.

Layla se tenait près de la fenêtre, immobile, une silhouette sombre contre le voile nocturne. Son regard était perdu dans l’obscurité qui enveloppait la forêt au-delà des vitres poussiéreuses. Ses mains effleuraient le rebord de bois usé, ses doigts glissant machinalement sur les aspérités. À l’intérieur d’elle, un ouragan d’émotions refoulées menaçait d’éclater, mais elle se battait pour garder son calme, comme toujours.

Derrière elle, Hanna était assise sur le bord du lit. Elle l’observait avec une patience silencieuse, ses mains reposant sur ses genoux. Ses yeux, mi-clos, scrutaient la silhouette de Layla, cherchant à percer ce mystère insondable. Elle ne disait rien, mais son regard parlait avec une éloquence tranquille : une curiosité douce et persistante, mélangée à une détermination que rien ne semblait pouvoir briser.

— Pourquoi es-tu encore là ? murmura Layla, sa voix rauque perçant enfin le silence oppressant. Elle ne se retourna pas, gardant les yeux fixés sur les ténèbres extérieures.

Hanna haussa légèrement les épaules, un sourire fugace effleurant ses lèvres.

— Parce que tu ne m’as pas demandé de partir, répondit-elle simplement, son ton calme mais inébranlable.

Layla ferma les yeux, exhalant un soupir profond, presque las. Sa main se crispa un instant sur le rebord de la fenêtre, comme si elle cherchait à y ancrer ses pensées chaotiques. Après un moment, elle reprit la parole, plus doucement cette fois :

— Tu ne comprends pas… Ce que je suis, ce que je porte en moi… Ce n’est pas quelque chose que tu peux réparer.

Sa voix était empreinte d’une douleur qu’elle ne tentait même plus de dissimuler. Il y avait quelque chose de cru dans ses mots, une vérité déchirante qu’elle avait portée seule pendant des siècles.

Hanna se leva alors, ses mouvements mesurés, ses pas feutrés sur le tapis épais. Elle s’arrêta à quelques mètres de Layla, respectant cette distance fragile entre elles, comme un équilibre précaire qu’un mot de trop pourrait briser.

— Peut-être que je ne peux pas réparer, admit-elle d’un ton calme mais ferme. Mais je peux rester. Et parfois, c’est suffisant.

Layla tourna lentement la tête, ses yeux écarlates venant enfin croiser ceux d’Hanna. Il y avait une intensité dévastatrice dans son regard, une lutte acharnée entre sa colère et une vulnérabilité qu’elle ne voulait pas laisser voir. Pourtant, malgré elle, cette vulnérabilité transparaissait, faisant vaciller l’image qu’elle s’évertuait à maintenir.

— Tu es insupportable, murmura-t-elle, presque comme une accusation, mais sa voix manquait de l’acidité habituelle.

Hanna esquissa un sourire, cette fois plus franc, presque amusé.

— Je sais, répondit-elle doucement, sans détourner le regard.

Un silence retomba sur la pièce, mais ce n’était plus le même. Ce silence n’était ni froid ni lourd ; il était vivant, chargé de non-dits, de questions suspendues et de promesses invisibles. Hanna fit un pas en avant, réduisant lentement la distance qui les séparait.

— Layla, reprit-elle d’une voix presque murmurée, si tu veux que je parte, dis-le. Mais si tu veux que je reste… alors laisse-moi t’aider à porter ce poids, même un peu.

Layla détourna le regard, ses doigts se crispant à nouveau contre le rebord de la fenêtre. Elle sentait son cœur battre un peu plus vite, un combat silencieux se jouant en elle. Elle aurait pu lui demander de partir. Elle aurait dû le faire. C’était la décision rationnelle, celle qui la protégerait, celle qui mettrait un terme à cette fragilité qui menaçait de l’envahir.

Mais les mots refusèrent de sortir. Ils restèrent coincés quelque part dans sa gorge, étouffés par une émotion qu’elle n’avait pas ressentie depuis des siècles. Et, pour la première fois, Layla se permit de croire, ne serait-ce qu’un bref instant, que peut-être… peut-être qu’elle n’était pas seule.

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