Chapitre 8 : L’étoffe du doute

Les premières lueurs de l’aube transperçaient la cime des arbres, teignant le ciel de nuances rosées. Layla, assise contre un tronc rugueux, semblait figée dans une méditation involontaire, le regard fixé sur l’horizon embrasé. Ses pensées, pourtant, étaient un maelström de contradictions. L’écho des mots de Hanna, les gestes qu’elle avait laissés échapper sans le vouloir... tout semblait conspirer pour la faire vaciller.

Hanna s'était recroquevillée non loin, ses ailes repliées autour de son corps comme un cocon de protection. La fatigue et la douleur lui avaient finalement arraché un sommeil agité, mais des murmures s’échappaient parfois de ses lèvres, des fragments de prières mêlés à d’autres pensées indistinctes.

Layla détourna enfin les yeux, observant l’ange endormie. Un rictus passa sur son visage, un mélange d’ironie et de quelque chose qu’elle refusait d'identifier. Elle se leva silencieusement, ses mouvements calculés pour ne pas réveiller Hanna. Mais alors qu’elle commençait à s’éloigner, elle s’arrêta net, comme si une force invisible la retenait.

Elle fronça les sourcils, ses poings se serrant de frustration. Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi je ne peux pas simplement la laisser là ?

Elle revint sur ses pas, son expression dure comme de la pierre, et s’agenouilla près d’Hanna. D’un mouvement rapide, elle lui secoua l’épaule, assez fermement pour la réveiller.

Hanna ouvrit les yeux brusquement, cherchant immédiatement à comprendre ce qui se passait. Lorsqu’elle vit Layla si proche, une étincelle d’alarme passa dans son regard.

— Lève-toi, ordonna Layla sans émotion apparente. Il est temps de bouger.

Hanna hocha faiblement la tête, ses gestes maladroits témoignant de son épuisement. Layla recula pour lui laisser de l’espace, mais son regard perçant ne quittait pas l’ange. Lorsque Hanna fut enfin debout, vacillante mais déterminée, Layla reprit la parole, sa voix teintée d’une froideur acérée.

— Ne crois pas que le silence efface quoi que ce soit. Si tu comptes rester en vie, il va falloir plus qu’un instinct de survie. Je te teste, et je continuerai à te tester. C’est clair ?

Hanna hésita, ses yeux se perdant un instant dans ceux de Layla. Mais au lieu de montrer de la peur ou de la soumission, elle redressa doucement la tête.

— C’est clair, répondit-elle simplement. Mais ce que tu fais ne me changera pas, Layla. Si tu veux savoir qui je suis vraiment, tu devras arrêter de me fuir.

Layla recula légèrement, comme si ces mots avaient porté un coup qu’elle n’attendait pas. Elle détourna brusquement le regard, son visage fermé. Puis, sans un mot de plus, elle tourna les talons et se mit en marche, ses pas rapides et décidés.

Hanna suivit, son souffle court mais son esprit alerte. Elle savait que le chemin qui les attendait serait encore semé d’embûches, mais quelque chose avait changé. Une fissure imperceptible s’était creusée dans le mur de glace de Layla. Et si cela représentait un danger, c’était aussi une opportunité.

Dans l’ombre des bois, leur lien, fait de tensions, de blessures et de silences, continuait de s’entrelacer, fragile mais impossible a ignorer.

Chapitre 9 : Le feu et la glace

Le soleil était désormais haut dans le ciel, faisant scintiller les gouttes de rosée sur les feuilles environnantes. Hanna marchait derrière Layla, son pas encore boiteux mais plus stable. Le silence entre elles s’étirait, mais cette fois, il n’était pas aussi pesant. Il était comme une corde tendue, prête à se briser au moindre faux mouvement.

Hanna observa Layla, ses yeux rouges brillants malgré l’éclat du jour. La démone avançait avec cette assurance calculée qui semblait dire qu’elle maîtrisait tout, qu’elle contrôlait tout. Mais Hanna n’était plus aussi intimidée qu’avant. Quelque chose avait changé en elle, une audace qu’elle ne se connaissait pas.

— Tu as toujours besoin d’être devant ? lâcha Hanna d’un ton calme mais empreint d’ironie. Ou est-ce que tu as peur de montrer que tu pourrais suivre quelqu’un ?

Layla s’arrêta net, se retournant lentement pour faire face à l’ange. Un sourire en coin apparut sur ses lèvres.

— J’aime voir ce qui arrive, répondit-elle. Ça m’évite de me faire poignarder dans le dos. Mais si tu veux essayer, je t’en prie.

Hanna haussa légèrement les sourcils, un sourire presque imperceptible jouant sur ses lèvres.

— Pourquoi aurais-je besoin de te poignarder ? Tu sembles déjà te débattre assez avec toi-même.

Layla plissa les yeux, son sourire s’élargissant comme un prédateur appréciant un défi inattendu. Elle s’approcha d’Hanna, réduisant la distance entre elles, jusqu’à ce qu’elles soient presque nez à nez.

— Continue comme ça, dit-elle doucement, mais avec une menace sous-jacente. Et tu découvriras à quel point je peux être… créative.

Hanna ne cilla pas. Elle soutint le regard de Layla, bien qu’une partie d’elle savait que jouer à ce jeu avec la démone était risqué.

— Peut-être que je devrais, murmura-t-elle. Il semblerait que quelqu’un doive te rappeler que tu n’es pas invincible.

Layla éclata d’un rire sec, reculant d’un pas. Elle croisa les bras, ses yeux rouges brillant comme des braises.

— Tu es amusante, ange, je te l’accorde. Mais souviens-toi de ceci : la dernière fois que quelqu’un a essayé de jouer à ce jeu avec moi, il n’a pas survécu assez longtemps pour s’en vanter.

Hanna haussa les épaules, feignant l’indifférence.

— Peut-être que je suis plus résistante que tu ne le crois.

Layla l’observa un long moment, comme si elle évaluait chaque mot, chaque mouvement. Puis elle tourna les talons avec un sourire mystérieux.

— On verra.

Hanna reprit sa marche derrière elle, mais cette fois, il y avait une nouvelle énergie dans l’air. Un jeu de provocation venait de naître entre elles, un feu discret mais intense qui menaçait d’éclater à tout moment. Pourtant, sous cet échange apparemment hostile, quelque chose d’autre émergeait, quelque chose qu’aucune d’elles n’était encore prête à reconnaître.

***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***