Chapitre 18 : L'éveil des flammes

La nuit était tombée, enveloppant leur nouvel abri improvisé d’une obscurité presque oppressante. À l’intérieur de la petite cabane abandonnée qu’elles avaient trouvée au cœur de la forêt, une unique lampe à huile diffusait une lumière chaude et vacillante. Layla se tenait près de la table, ses doigts effleurant machinalement la surface rugueuse du bois. Hanna était assise sur un vieux canapé poussiéreux, une couverture jetée négligemment sur ses épaules pour masquer la douleur de ses blessures.

Un silence pesant régnait, chargé de tout ce qui n'avait pas encore été dit. Layla semblait agitée, incapable de rester en place, ses pensées tourbillonnant sans répit. Hanna, de son côté, la regardait avec une intensité tranquille, ses yeux suivant chacun des mouvements de la démone.

— Tu vas finir par creuser un sillon dans le sol si tu continues à faire les cent pas, lança Hanna, un sourire en coin sur les lèvres.

Layla s’arrêta brusquement, ses yeux rouges se posant sur l’ange. Un éclat amusé, mais aussi provocateur, traversa son regard.

— Peut-être que ça m’aide à ne pas devenir folle, rétorqua-t-elle.

Hanna haussa un sourcil, mais son sourire s'élargit légèrement. Elle tapota le canapé à côté d'elle, invitant Layla à s'asseoir.

— Viens. Reste calme, ne serait-ce qu'une minute. Je ne vais pas te mordre, promis.

Layla hésita, mais l’amusement dans la voix d’Hanna lui fit relâcher un peu sa tension. Elle finit par s’approcher, s’asseyant sur le bord du canapé, mais en gardant une certaine distance. Hanna roula des yeux avec une exagération théâtrale.

— Sérieusement ? Après tout ce qu’on a traversé, tu as encore peur de t’asseoir à côté de moi ?

— Je ne suis pas peur, grogna Layla. Je suis juste... prudente.

Hanna la fixa pendant un moment, une lueur espiègle dans les yeux. Puis, lentement, elle se pencha vers Layla, réduisant encore l’espace entre elles. La chaleur de sa présence fit monter une légère rougeur sur les joues de la démone.

— Prudente ? murmura Hanna, sa voix devenant plus douce, plus basse. Je crois que tu es bien plus vulnérable que tu ne veux l’admettre.

Layla serra les mâchoires, tentant de masquer le trouble qui s’intensifiait en elle. Mais avant qu’elle ne puisse réagir, Hanna posa une main légère sur la sienne. Ce simple contact envoya une onde de chaleur à travers Layla, la laissant sans voix un instant.

— Pourquoi fais-tu ça ? demanda Layla, sa voix un mélange de défi et d’inquiétude.

Hanna pencha légèrement la tête, un sourire mystérieux étirant ses lèvres.

— Parce que je vois la vérité en toi, même si tu refuses de la voir. Et parce que je suis curieuse de savoir ce qui se passe quand une flamme touche une autre flamme.

Layla fixa Hanna, son regard brûlant de mille émotions contradictoires. Puis, avec une impulsivité qu’elle ne se reconnaissait pas, elle saisit doucement le visage d’Hanna et l’attira à elle, leurs lèvres se rencontrant avec une intensité électrique. Ce n’était pas un baiser calculé ni même réfléchi. C’était brut, passionné, et chargé de tout ce qu’elles avaient refoulé jusqu’à présent.

Quand elles se séparèrent, Layla resta immobile, le souffle court, comme si elle venait de traverser une tempête. Hanna, elle, souriait, ses joues légèrement rougies, mais son regard plein de défi.

— Pas si prudente que ça, finalement, murmura-t-elle, son ton taquin.

Layla grogna, une expression mêlant exaspération et amusement sur son visage.

— Tu as gagné cette fois, ange. Mais fais attention… je ne suis pas aussi douce que toi.

Hanna éclata d’un rire cristallin, un rire qui réchauffa la pièce entière. Layla ne put s’empêcher de sourire à son tour, malgré elle. Pour un instant, au milieu du chaos de leur monde, elles avaient trouvé une flamme commune pour illuminer l’obscurité.

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