Chapitre 14 : L'aveu brûlant

La chambre était silencieuse, bercée seulement par le crépitement discret de la bougie posée sur une table basse. La lumière vacillante projetait des ombres mouvantes sur les murs ornés de motifs anciens, créant une atmosphère empreinte de mystère et de sérénité. Loin du chaos extérieur, cette pièce semblait suspendue hors du temps, un sanctuaire fragile où la tension et les émotions pouvaient enfin éclater.

Layla se tenait au centre de la pièce, immobile, son visage partiellement éclairé par la flamme dansante. Ses épaules étaient raides, sa posture rigide, comme si elle portait un poids invisible sur son dos. Mais dans ses yeux écarlates se lisait une lutte intérieure, un tourment qu’elle s’efforçait désespérément de contenir. Elle avait toujours été douée pour cacher ses émotions, pour ériger des murailles infranchissables entre elle et le reste du monde. Mais ici, avec Hanna, ces murs semblaient vaciller.

Assise sur le bord du lit, Hanna l’observait en silence, ses mains croisées sur ses genoux. Son regard était à la fois doux et perçant, empli d’une patience infinie. Pourtant, une lueur d’inquiétude avait remplacé la sérénité habituelle dans ses yeux. Elle pouvait sentir la douleur de Layla, même si cette dernière refusait de la verbaliser. Mais Hanna savait qu’il ne servait à rien de forcer une ouverture. Elle attendait, prête à écouter lorsque Layla serait prête à parler.

Le silence semblait s’épaissir, presque tangible, jusqu’à ce qu’Hanna décide finalement de le briser.

— Layla, murmura-t-elle, sa voix douce mais assurée. Tu n’as pas besoin de porter tout ça seule.

Ces mots, simples mais sincères, frappèrent Layla comme une vague. Elle ferma les yeux, sa mâchoire se crispant. Elle n’avait jamais su quoi faire de la compassion. Elle l’avait rejetée, méprisée, la trouvant inutile dans le monde brutal où elle avait grandi. Mais ici, ces paroles avaient un poids qu’elle ne pouvait ignorer.

— Tu ne comprends pas, dit-elle enfin, sa voix rauque presque étouffée. Ce que je ressens… ce que je suis… c’est un chaos que personne ne peut apaiser.

Sa main se serra en un poing à ses côtés, son corps entier tendu comme un arc. Elle ne voulait pas se montrer vulnérable. La vulnérabilité, elle l’avait appris à ses dépens, menait à la destruction.

Hanna se leva doucement, ses mouvements mesurés, pour ne pas brusquer la démone. Elle s’approcha de Layla, mais s’arrêta à une distance respectueuse, tendant une main dans un geste d’offrande. Elle ne la toucha pas, laissant à Layla le choix de franchir cette barrière.

— Alors montre-moi ce chaos, dit-elle doucement, sa voix emplie d’une douceur inébranlable. Laisse-moi le voir, le comprendre.

Layla ouvrit les yeux et tourna lentement la tête vers Hanna. Dans son regard rougeoyant, une tempête faisait rage. Elle lut dans les yeux d’Hanna une sincérité désarmante, une force tranquille qui semblait défier ses propres convictions. Cela lui fit peur. Et cette peur, elle ne savait pas la gérer.

— Tu veux vraiment savoir ? demanda-t-elle, sa voix tremblante, empreinte d’un mélange de défi et de désespoir.

Hanna hocha la tête, son regard ancré dans celui de Layla.

— Oui.

Il y eut un instant de silence, une hésitation presque insupportable. Puis, soudain, Layla franchit la distance qui les séparait. Ses mains, d’abord hésitantes, encadrèrent le visage d’Hanna avec une douceur inattendue. Et avant que l’ange ne puisse dire quoi que ce soit, Layla se pencha et captura ses lèvres dans un baiser. Ce n’était pas un baiser prudent ni mesuré. C’était un torrent d’émotions brutes, un mélange de colère, de douleur, et d’un amour qu’elle n’avait jamais osé reconnaître.

Quand elle se recula enfin, son souffle était court, ses mains tremblaient légèrement. Elle détourna le regard, comme honteuse, ses épaules s’affaissant légèrement sous le poids de ce moment.

— Je t’aime, Hanna, murmura-t-elle, sa voix brisée mais sincère. Et ça me terrifie. Parce que je ne sais pas comment aimer sans détruire.

Hanna resta immobile, ses yeux écarquillés, absorbant ces mots qui semblaient suspendus dans l’air. Puis, lentement, elle leva une main et la posa sur celle de Layla, ses doigts serrant doucement les siens.

— Alors apprenons ensemble, répondit-elle simplement, sa voix emplie d’une tendresse infinie.

Layla sentit une chaleur étrange s’épanouir en elle, une chaleur qu’elle n’avait jamais connue. Et pour la première fois depuis des siècles, elle se permit d’espérer, de croire qu’elle pourrait peut-être, enfin, ne plus être seule.

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