Chapitre 19 : L'écho des âmes

La nuit s’étendait comme un voile infini, enveloppant la petite cabane d’un silence presque sacré. À l’extérieur, la forêt semblait suspendue dans une tranquillité presque irréelle, chaque branche et chaque feuille semblant figées dans l’immobilité. Même les bruits habituels des créatures nocturnes avaient disparu, comme si elles respectaient cet instant unique, conscientes qu’un fragile équilibre se jouait entre les murs de bois.

À l’intérieur, une chaleur diffuse émanait de la lampe vacillante posée sur la table. Sa lumière douce projetait des ombres tremblantes sur les murs, rendant l’espace à la fois intime et intemporel. L’odeur du bois ancien et du feu qui s’éteignait doucement dans l’âtre emplissait l’air, ajoutant une profondeur tactile à cette scène suspendue hors du temps.

Layla et Hanna se tenaient face à face, immobiles, comme si l’univers tout entier s’était réduit à cet espace entre elles. Leurs regards étaient verrouillés, plongés l’un dans l’autre, et dans cette connexion silencieuse, il y avait plus de mots que le langage humain n’aurait jamais pu exprimer. Tout ce qu’elles avaient traversé – leurs luttes, leurs douleurs, leurs peurs et leurs espoirs – était contenu dans cet échange. C’était comme si le poids de leur histoire venait fondre dans cette proximité, se dissolvant dans une compréhension mutuelle qui transcendait leurs différences.

Layla, si longtemps enfermée derrière des murs de froideur et de méfiance, sentit quelque chose céder en elle. Ce n’était pas brutal, ni imposé. C’était un effondrement doux, comme des chaînes qui tombent en silence, comme un souffle libéré après une éternité de rétention. Ses doigts tremblèrent légèrement lorsqu’elle leva la main, hésitant un instant avant de l’effleurer doucement contre la joue d’Hanna.

Hanna, de son côté, ne bougea pas, mais son souffle s’intensifia légèrement sous cette caresse. Ses yeux brillaient dans la lumière vacillante, emplis d’une émotion pure et sans voile. Elle ne parla pas. Les mots n’étaient pas nécessaires, pas ici, pas maintenant.

Un geste, une hésitation, puis un abandon total. Les barrières, les armures qu’elles avaient érigées autour de leurs cœurs, s’effondraient. Pas dans un fracas, mais dans un murmure, dans une douceur inattendue. Layla franchit la distance qui les séparait, et Hanna, dans un mouvement presque imperceptible, se rapprocha.

Quand leurs fronts se touchèrent, le temps sembla s’arrêter. Leurs respirations, d’abord irrégulières, s’alignèrent lentement, comme si elles cherchaient instinctivement une harmonie commune. Puis, leurs lèvres se rencontrèrent, timidement d’abord, avant de se fondre dans un baiser qui portait en lui tout le chaos et la beauté de leur lien. Ce n’était ni parfait ni maîtrisé, mais c’était réel, brut, et infiniment puissant.

La lampe vacillante révéla des éclats de peau, des murmures presque inaudibles, des respirations entrecoupées. Comme deux rivières qui se rejoignent, elles se mêlèrent, trouvant une harmonie inattendue au milieu du désordre. Les frontières entre elles s’effacèrent, leurs différences devenant une force, une complémentarité qui leur échappait encore mais qui était indéniable.

Lorsque le calme revint, la lampe s’était éteinte, ne laissant que la lumière lointaine des étoiles pour témoigner de la nuit. Layla était allongée à côté d’Hanna, son regard fixé sur le plafond sombre. Une étrange sérénité s’emparait d’elle, une sensation qu’elle n’avait jamais connue et qu’elle n’aurait jamais cru possible.

Hanna était blottie contre elle, son corps chaud contrastant avec la froideur habituelle de Layla. Elle traçait distraitement des cercles sur la peau de la démone, un sourire tranquille illuminant son visage. Il n’y avait pas d’exaltation bruyante dans ce sourire, seulement la satisfaction douce d’avoir trouvé quelque chose d’unique et de précieux.

— Tu te rends compte que tu ne pourras plus te débarrasser de moi ? murmura Hanna, sa voix teintée d’une malice tendre.

Layla tourna la tête vers elle, et à travers l’ombre, un sourire rare mais sincère éclaira ses lèvres.

— C’était déjà trop tard, répondit-elle simplement, ses mots portés par une honnêteté désarmante.

Dans cet instant, au milieu d’un monde qui les rejetait, elles trouvèrent quelque chose qui ressemblait à la liberté. Ce n’était pas une promesse d’éternité, ni un serment grandiose. C’était juste un moment, fragile mais authentique, qui suffisait pour que, pour la première fois depuis longtemps, elles se sentent pleinement vivantes.

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