『 XVIII N'oublie jamais 0.4 』

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SIX ANS PLUS TÔT

Les passants marchaient doucement dans les rues, le vent soufflait fort et faisait tomber les feuilles des arbres. Les oiseaux eux, ne prenaient plus la peine de chanter malgré les beaux jours. Hope avait l'impression que le temps était mis sur pause, peut-être que son esprit aussi, était en pause. Ou bien ce n'était qu'un disque rayé bon à jeter. La cour était déserte, sûrement car tout le monde travaillait en ce moment. Sauf eux.

— Hope, tu m'écoutes ?

La voix de Argos la fit revenir à la réalité. Son visage se tourna vers lui lorsque deux mains se posèrent sur ses joues.

— Tu es pâle aujourd'hui, ça va ?

Son cœur se serra un peu en se disant qu'elle ne méritait pas ce garçon dans sa vie. Déjà un mois qu'ils se connaissaient et leur amitié était déjà aussi solide que le répondant de Kerry. Cette dernière étant d'ailleurs absente aujourd'hui.

— Juste de la fatigue, rien de grave, lui sourit la fille gentiment.

— Tu sais, commença-t-il en relâchant ses joues pour regarder droit devant lui, ce n'est pas car nous ne disons rien qu'on ne le voit pas.

Hope fronça les sourcils, pas certaine d'avoir compris ce qu'il essayait d'insinuer. Le comprenant, Argos pointa du doigt le ventre de la rouquine, les yeux toujours rivés vers un point invisible. La concernée se frappa mentalement, malgré tous ses efforts, Argos parvenait à voir sa douleur juste avec les traits de son visage ou la position de son corps. Elle était en effet, plus recroquevillée que d'habitude.

Ne voulant pas s'étaler sur le sujet, Hope changea rapidement de conversation :

— Sinon, si tu me racontais comment un mec comme toi peut être ami avec Ramiro et Jesse ? Vous ne vous ressemblez pas vraiment...

Comprenant sa gène, Argos accepta ce changement de sujet même si l'envie de creuser plus le démangeait.

— Je pense que tu connais bien la ville de Kirwood si tu y habites. Mais tu ne sais peut-être pas qu'elle est plus que récente, tellement que le chef de cette ville portant son nom est encore en vie. C'est mon oncle, Damon Kirwood.

— Ton oncle est le créateur de cette ville ?! s'exclama Hope, impressionnée.

— Je n'en suis pas vraiment fière, il contrôle tous les gangs de la ville et c'est de lui que Jesse et Ramiro tiennent leur côté macho. Si j'ai commencé à être ami avec eux au départ, c'est surtout car ils voulaient tous les deux intégrer un des gangs de mon oncle. Ils ont donc été mis à l'essai car Damon les considérait comme trop jeunes. On a treize ans merde ! Et ils veulent déjà entrer dans un groupe de tueurs et dealeurs de drogues !

— Donc en gros, t'es en train de me dire que tu restes avec ce groupe d'idiots à cause de ton oncle ? elle parvenu à faire sourire son ami qui haussa des épaules.

— Je dis aussi que mon oncle est un connard. Pour ce qui est des garçons, c'était en effet une contrainte au départ, sauf qu'ils n'ont pas que des mauvais côtés. Nous nous connaissons depuis peu, mais je les considère presque comme ma famille. Celle que je n'ai jamais eu, son visage se teinta de tristesse et la rouquine s'empressa de prendre sa main dans la sienne pour soulager sa douleur.

Ils profitèrent de leurs sèches pour rester tous les deux. À cause des problèmes entre leur deux groupes, il était difficile de passer du temps ensemble. Cela amusait beaucoup Argos qui s'imaginait dans un remake de Roméo et Juliette. Hope espérait juste qu'ils n'aient pas la même fin.

— Où étais-tu avant ce collège ? Ces deux dernières années ?

— Je prenais des cours par correspondance afin de suivre un entraînement intensif pour devenir un cagoulé parfait.

— Un cagoulé ?

— Le gang que Jesse prendra dans quelques années. J'en fais déjà partie depuis un moment. Mon oncle voulait que je devienne un combattant avant même de connaître parfaitement ma grammaire.

Savoir cela serra le cœur de Hope. Elle avait bien compris que Argos détestait cet univers. Ce n'était pas son style de se battre, il ne s'énervait jamais et restait toujours très doux, même lorsque quelque chose l'irritait.

— J'en suis désolée.

— Tu n'as pas à l'être, ce n'est pas faute.

— Mais si tu vis chez ton oncle, alors...

— Ouais, j'ai perdu mes parents il y a quelques années dans un accident de voiture, souffla Argos lorsque son regard se plongea dans celui de Hope.

Elle retint difficilement sa tristesse de sortir. Ils avaient les mêmes racines, le manque de figure parentale.

— Tu... t'entends bien avec ton oncle au moins ?

— L'argent lui monte souvent à la tête et il est très égocentrique. Je crois n'avoir jamais eu de véritable conversation avec lui. Pourtant, il m'aime vraiment et fait tout pour que mon deuil se fasse parfaitement. Peut-être que tu le rencontreras un jour qui sait, tu te feras ton avis sur lui.

— Peut-être un jour oui...

— Et toi, t'habites avec tes parents ? commença son ami gentiment, malgré sa curiosité vis-à-vis de la vie de la rouquine.

Des frissons gagnèrent cette dernière et son corps se refroidit automatiquement. Voilà, elle avait froid.

— J'ai été adoptée, par des connards.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus, Argos avait parfaitement compris ce que Hope insinuait. Elle parvint à détourner la conversation en le faisant parler de son enfance à Kirwood. Mais lorsque son esprit commençait doucement à dériver, quelque chose se posa sur ses frêles épaules la faisant sursauter. Une immense chaleur gagna la fille, quelque chose qu'elle n'avait encore jamais sentie.

— N'oublie jamais Hope, peu importe quand, Argos posa sa veste sur son amie. Demain, ce soir, cette nuit, dans un an... Le jour où tu m'appelleras, je te sortirai de là. Tu n'es pas seule, je suis là.

— Je ne te mérite pas, ses yeux devinrent humides et ses mains attrapèrent fermement le morceau de tissu la réchauffant.

— Dis pas de connerie, il lui sourit tristement, tu mérites bien plus qu'un mec comme moi.

Les gros bras du garçon enveloppèrent la jeune fille. Cette dernière sursauta au départ, n'étant pas habituée aux étreintes. La seule qu'elle avait dû avoir était Kerry. Pourtant, son cœur n'avait pas semblé si rapide lorsque c'était sa meilleure amie. Alors pourquoi ?

Ne comprenant pas, Hope essaya de se dégager en poussant en arrière le torse du garçon aux cheveux corbeaux.

— Juste un instant, souffla-t-il.

Il suffit de ces quelques mots pour que le corps crispé de Hope se détende lentement. Son cœur se gonfla soudainement. Elle se sentait protégée, heureuse.

C'était ça, juste un instant, un instant de bonheur. Avant de repartir dans cette vie monotone remplie d'obstacles. « Merci Argos, merci. »

❝ Des racines similaires,

mais pourtant,

deux fleurs distinctes.

Que je serais allée cueillir dans le jardin des souvenirs. ❞

∞

L'inspiration revient enfin !

Un chapitre court mais ceux du passé ne sont pas sensés être très longs.

On se retrouve demain pour un nouveau chapitre du présent !

N'hésitez pas à commenter votre avis sur le passé, j'adore voir vos réactions !

prenez soin de vous

𝕃𝕠𝕧𝕖 𝕪𝕠𝕦 𝕞𝕠𝕣𝕖 𝕥𝕙𝕒𝕟 𝕚𝕥'𝕤 𝕡𝕠𝕤𝕤𝕚𝕓𝕝𝕖