『 V Aussi vide qu'un sablier épuisé 』

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PDV HOPE

Dans un bruit sourd, le corps sans vie tombe au sol. Du sang s'écoule de son torse, une balle en plein cœur, voilà ce qui l'a tué. Prise d'un haut-le-cœur, je détourne rapidement le regard pour le poser sur la source de cette mort soudaine.

Akke se tient droit, le bras encore levé vers l'homme cagoulé à mes pieds avec dans sa main, une arme à feu. Vient-il... de le tuer ? Si je devais me référencer aux films d'horreurs que mes -parents- regardaient le soir quand j'étais agonisante dans la cuisine, je devrais crier à pleins poumons. À la place, je préfère observer la réaction des personnes dans la pièce :

Garett ne semble pas du tout surpris, juste un peu gêné. Il joue avec ses doigts, maintenant debout à mes côtés après avoir éteint la télévision et ne cesse de changer son pied d'appui. Earl quant à lui, préfère visiblement ne pas nous faire part de ses sentiments car j'ai beaucoup de mal à déchiffrer son visage stoïque, il referme doucement la porte d'entrée pour revenir à mes côtés. Et le dernier, ce mystérieux jeune homme qui remet en question tous mes principes depuis une minute est presque dans le même état que Earl. Sauf que lui, je peux voir à quel point cette situation l'ennuie. Il s'en fout totalement.

   — Tu parles, t'es morte, commence soudainement le tueur. (J'entends alors quelqu'un s'esclaffer.)

   — Ça va aller alors, on n'a pas trop à s'inquiéter si elle est muette ! Non mais sérieux, t'es con ou quoi ? poursuit Garett le sourire aux lèvres. Cette réponse ne semble pas beaucoup faire rire son ami qui serre les poings.

   — Attention à toi Garett, je pourrais aussi faire en sorte que tu deviennes muet le temps que ta mâchoire se reforme. (Garett lève les bras en signe de paix et rigole devant le sérieux de Akke.)

   — Pardon, je veux la paix dans le monde donc peace and love ! En plus, deux morts en une soirée c'est peut-être trop. Surtout quelqu'un comme moi !

Cette situation commence sérieusement à devenir comique. Alors que nous avons un homme sorti de nulle part gisant sur le parquet, les autres garçons de la pièce ne semblent même pas s'en occuper. Après une petite minute dans un silence total sans que personne ne s'occupe du corps, c'est finalement Garett qui marche vers celui-ci. Il l'enjambe pour retourner s'asseoir dans le canapé et rallumer la télévision. Euh...

   — Tu viens Hope ? me fait Garett en s'installant plus confortablement. On ne devrait pas s'occuper de ça pour le moment.

Mais je reste sur la dernière marche d'escalier, encore choquée pour exciser le moindre mouvement. Un homme cagoulé est venu et Akke lui a foutu une balle en plein dans le cœur. Maintenant, il reste au centre de la pièce et les garçons ont repris leurs activités sans me donner la moindre explication. C'est quoi cette maison de fous ?

Un peu plus loin, je vois cet inconnu pianoter son téléphone d'un air concentré. Il contact peut-être la police, même si cela m'étonnerait. Et moi alors, vont-ils me tuer pour avoir assisté à ça ? Sans le vouloir, mon regard se perd sur ce cadavre au sol. Ça sera bientôt toi, ne t'inquiète pas.

Perdue dans mes songes, un brusque bruit de sonnette vient me tirer de mes cauchemars éveillés. Je relève la tête brusquement, guettant la réaction des autres personnes du salon. Un deuxième mort dans la soirée ? Méfiante, je préfère discrètement m'éloigner de l'entrée avant que Akke décide de tuer tous les invités de ce soir.

   — J'ai l'impression qu'il raccourcit son temps d'arrivée à chaque fois qu'on l'appelle ! s'exprime Garett, enjoué. (Je crois bien que parler seul est une habitude chez lui ; il n'attend plus de réponse.) Si ça se trouve, il est caché dans le jardin et attend juste le moindre signe de Mather pour apparaître.

   — Tu devrais apprendre à la fermer et ouvrir cette porte Garett, rétorque Akke en astiquant son gun aussi naturellement que quelqu'un nettoierait ses lunettes.

Après un soupir vaincu de Garett, ce dernier décide de suivre les ordres de son ami. Mais moi, quelque chose vient de susciter un nouvel intérêt dans mon esprit : le prénom que le jeune homme venait d'utiliser. Ce n'était pas la première fois que je l'entendais, j'en étais certaine... mais oui ! Lorsque je regardais les photos dans le couloir lors de mon arrivée ! Garett m'avait justement dit que les regarder ne plairait pas beaucoup à Mather. Sur le moment je n'avais pas vraiment cherché à comprendre. Mais depuis quelques minutes, je ne veux que poser un prénom sur ce magnifique visage. Serait-ce donc lui ?

Je suis interrompue dans mon questionnement par le léger grincement venant de la porte maintenant ouverte. Un homme s'y tient dans l'encadrement et à en juger son physique, je pourrais aller me pisser dessus si je n'avais malheureusement pas vu pire, il y a longtemps. Des épaules larges contenues dans une veste en cuir moulant des muscles plus qu'énormes. Des cheveux foncés ainsi qu'une paire d'yeux vert magnifique mais pourtant flippant. Ma mâchoire manquerait de se décrocher si je n'utilisais pas mes forces pour ne pas laisser passer les sentiments qui se bousculaient dans mon esprit.

Lorsque le jeune homme passe l'entrée, j'ai presque cru qu'il devrait baisser la tête pour ne pas se cogner. Non mais sérieux, c'est une armoire à glace d'un mètre quatre-vingt-dix. Il ne semble pas préoccupé ou choqué de voir un mort à ses pieds. Au contraire, il cherche quelqu'un du regard avec une expression du visage indéchiffrable. Je suis son regard pour trouver ce peut être Mather qui n'a pas bougé d'un pouce depuis le coup de feu. Le garçon se lève finalement de sa chaise haute pour faire une accolade au nouveau venu.

   — Toujours aussi rapide Blade, commence pour la première fois l'homme réveillant mes sens.

   — Pour toi tu le sais bien, réplique-t-il avec un mince sourire aux lèvres.

Sans plus de bavardage, je regarde ce Blade emmener le corps dans le jardin pour en faire je-ne-sais-quoi tandis que Akke et Earl nettoient les taches de sangs sur le sol. Garett reste plongé dans sa série et le dernier, ce prénommé Mather si ma logique ne se trompe pas, lis le journal sans prêter la moindre attention aux personnes de la pièce.

Et puis, il y a moi. Je ne sais pas ce que je fais ici, si je vais y rester et je suis gentiment assise sur les escaliers pour regarder des hommes que je ne connais pas aller cacher un corps dans leur jardin. Quelle situation ironique. Ta vie entière n'est qu'ironie Hope.

De toute façon, je crois être trop choquée intérieurement pour piquer une crise d'hystérie maintenant. Et puis, cela ne me servira absolument à rien. Je dois quitter cette maison rapidement et aller chercher mes maigres affaires normalement restées sur la falaise, puis me barrer.

Cette réflexion me ramène soudainement à la réalité : je ne sais pas où je suis. Je pourrais être à quelques mètres du lieu sur lequel j'ai failli y laisser ma vie ou bien à des kilomètres. La seule chose qui me pousse à ne pas m'en faire est de savoir que le frère de ma meilleure amie est sous ce toit. Mais peu importe la volonté que j'ai pour rester ici, je n'y ai pas place.

Si j'ai quitté le foyer familial, c'est justement pour fuir mes problèmes et tout type de violence. Or, je suis dans cette maison depuis à peine deux jours et un meurtre vient déjà de me clouer sur place. Je ne devrais pas avoir la réaction que j'ai. Et pour cela, j'ai honte ; encore et encore. J'aimerais réagir comme une fille normale et crier, pleurer, pour ensuite traiter de monstre Akke et être choquée par ce spectacle. Ce dernier aurait alors hanté pendant quelques semaines mes nuits pour finir par s'estomper au fur et à mesure que ma vie suivait son court. Je prends déjà toute la place lors de tes nuits, tu veux en rajouter ?

Ma gorge se serre, je tente par tous les moyens de ne pas laisser paraître mes émotions mais c'est encore plus compliqué lorsque je vois tous les regards de la pièce se tourner vers moi. Qu'ai-je fait encore... ?

— Je dois la tuer avant de partir ? demande Blade en parlant à Mather.

Ce dernier se contente de me regarder fixement. Malgré ma gène, je puise de mes dernières forces pour soutenir son regard et plonger mes yeux dans les siens d'un noir encore plus intense qu'il y a quelques minutes. Je n'y vois qu'une seule chose : du vide. Cette vision me fait aussitôt tressaillir. Je ne sais pourquoi, mais voir ces yeux dépourvus de sentiments et ressemblant à quelqu'un de déjà mort qui ne fait que poursuivre sa vie sans but précis me fait étrangement mal. Mather ouvre sa bouche pour répondre mais une autre voix résonne dans l'habitacle, le coupant :

   — Non ! J'ai pas passé une nuit dans la cave pour ça, sûrement pas, s'écrie Garett en coupant sa série télé. (Blade contracte sa mâchoire.)

   — Coupe-lui encore une fois la parole et je te coupe la langue pour te la faire manger, c'est clair ?

   — D'ailleurs, parle enfin Mather sans relever la menace de son ami, nous sommes à la fin de notre marché Garett. Ça fait une nuit que cette fille est ici.

   — Oui mais... elle ne peut pas partir après ce qu'elle a vu, réfléchie son interlocuteur d'un air concentré. On peut donc la garder ! en conclut-il à peine deux secondes passées.

   — Ou la tuer, survient Akke.

   — S'il te plaît, intervient aussi Earl, pouvons-nous parler un peu... (le garçon se tourne vers moi) en privé ?

En comprenant que ce dernier mot m'est adressé, je me lève silencieusement et d'un pas tremblant, me tourne pour entamer ma montée dans les escaliers, sans avoir eu la moindre raison du meurtre tantôt. Je ne jette qu'un coup d'œil furtif vers les garçons pour voir Blade dire quelques mots à Mather, puis quitter la maison après une rapide accolade et un sourire. Je soupire, cet homme était vraiment flippant. Il a quand même proposé de me tuer ! Je ne sais pas ce qui est le pire : sa question ou le fait que je ne réplique pas. Dans tous les cas, j'ai honte.

En arrivant dans la seule pièce m'étant familière avec la salle de bain sur cet étage, je m'allonge de tout mon poids sur le lit avant de m'emmitoufler dans les couvertures.

Mais que vient-il donc de se passer ?

Des garçons sont en train de parler de ma survie, un étage en dessous. Une envie me prend d'aller les espionner mais cela ne me servira à rien. En plus, je suis beaucoup trop fatiguée pour bouger le petit doigt.

Pendant que mes yeux se ferment, je me rappelle encore de ceux de Mather et me demande à nouveau pourquoi ce douloureux sentiment s'était logé dans ma poitrine à la vue d'un si profond regard mais pourtant si vide.

Ah oui, si ses yeux m'étaient ainsi familiers, c'est car je vois les mêmes devant chaque miroir que je croise.

Les ténèbres lunaires me font plonger dans leur torpeur quotidienne et mon esprit me quitte comme chaque soir où les portes du sommeil acceptent que je les passe. Une seule chose retient mon attention avant de passer ce gouffre : la réclamation maladive que mon corps me cri pour obtenir de la nourriture.

❝ Tic-tac, tic-tac, la nuit est tombée. Mes démons sont réveillés. ❞

© 2019-M

∞

Alors, ce chapitre ? (͡° ͜ʖ ͡°)

Je ne suis pas vraiment fière de ce chapitre, je l'ai trouvé un peu fade.

Par contre, j'ai ADORÉ écrire le chapitre 6 qui est une surprise que vous allez aimer -j'espère- autant que moi !

Anecdote du jour : j'étais en train de lire un livre sur Wattpad, quand j'ai lu la NDA de l'auteur à la fin du premier chapitre, elle disait : « En ce moment, je faiT super attention à l'orthographe quand j'écriT. Les histoires avec pleins de faute_ sont vraiment moin_ bien que les autre_ ! » Ce n'était pas du tout de la moquerie, mais lire une auteure critiquer les livres avec des fautes en en faisant soi-même, c'est drôle ! Non... ?

Je viens de me rendre compte que je paraissais souvent froide dans mes NDA de fin de chapitre alors que je le suis pas du tout, donc JE VEUX CHANGER ÇA.

N'oubliez pas la petite étoile, ça fait toujours plaisir et un court commentaire pour me dire ce que vous avez pensé du chapitre m'aide à écrire plus vite et ne pas abandonner l'histoire comme je l'ai souvent fait. C'est gratuit, promis !

prenez soin de vous

𝕃𝕠𝕧𝕖 𝕪𝕠𝕦 𝕞𝕠𝕣𝕖 𝕥𝕙𝕒𝕟 𝕚𝕥'𝕤 𝕡𝕠𝕤𝕤𝕚𝕓𝕝𝕖

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