『 VIII Douce promesse 0.2 』

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SIX ANS PLUS TÔT

— Si je te disais, que quelqu'un de ma famille souffre pour me protéger et que, si j'essayais, je pourrais peut-être l'aider. Sauf que m'en mêler pourrait aussi faire plus de dégâts qu'autre chose, que me dirais-tu ? demanda soudainement Kerry, une fois le récital de Hope terminé.

Cela faisait maintenant trois semaines que les deux filles se connaissaient et Hope n'avait jamais été aussi proche de quelqu'un dans sa vie. Au lycée, elles ne se séparaient plus. Bien sûr, la rouquine ne pouvait l'inviter chez elle à cause de ses parents adoptifs, ils auraient été capables de s'en prendre à son amie et Hope ne l'aurait pas supporté. Kerry ne semblait pas apte non plus à l'inviter chez elle et à bien y réfléchir, les deux filles ne s'étaient jamais parlé de leurs familles. Cette question en pleine pause déjeuné déconcertait un peu Hope.

Elle referma le piano d'une main douce et après avoir passé ses doigts sur la surface lisse, une chose qu'elle faisait très souvent après avoir joué, Hope jeta un œil à la salle pour la voir vide. Il n'y avait jamais personne à cette heure, les gens mangeaient.

— Est-ce que pour toi, aider cette personne est plus important que tout le reste ? demanda la rouquine à son tour. (Kerry réfléchit quelques instants.)

— Plus que tout au monde. Mais j'ai peur tu sais, de ne pas réussir, de le blesser, ne pas être à la hauteur.

Hope essaya de cacher sa réaction du mieux qu'elle le pouvait mais malgré elle, la surprise se faisait bien voir sur son visage. Heureusement, Kerry n'y fit pas attention et préféra fixer son amie droit dans les yeux, plus que sérieuse. C'était ce que Hope aimait tant chez elle, c'était bien la seule à oser la regarder fixement dans les yeux. Très souvent, les gens étaient gênés en présence de Hope et ainsi, baissaient le regard devant elle. Il est vrai que Kerry avait déjà vu une ou deux fois des marques sur les mains ou le cou de son amie. Elle ne comprenait pas encore très bien la situation mais n'avait jamais posé de questions, comme la directrice.

Sauf que Kerry n'avait jamais exposé ses craintes non plus. Elle essayait toujours de tout maitriser et ne pas montrer sa peur. Ce n'était pas pour rien que ces deux filles s'adoraient, elles étaient semblables sur bien des points. Pourtant ici, la blonde expliquait ses sentiments pour la première fois et Hope comprit que la raison était que pour une fois, la situation échappait à son amie. Elle ne contrôlait rien et ça lui faisait mal.

Hope ne devait pas la négliger, malgré ses propres problèmes. Elle se devait d'être toujours à ses côtés.

— Tu m'as dit un jour que parfois, on doit faire des choses difficiles qui ne fonctionnent finalement pas. Cela ne veut pas dire que ça ne valait pas le coup d'essayer, commença la pianiste en regardant les yeux de son amie s'ouvrirent.

— Je ne pensais pas que tu t'en souviendrais si bien... fit-elle, émue.

— J'enregistre tout ce que tu me dis Kerry, ne pense pas que tes paroles sont prises à la légère, sourit-elle gentiment. Je pense que si cette personne compte pour toi, tu te dois d'essayer de l'aider.

— Mais si je n'y arrive pas, il va tomber encore plus bas que maintenant... elle baissa la tête, tristement.

— Alors tu l'aideras à remonter et tu supporteras sa peine en le tenant très fort. Il ne devra pas t'échapper.

— Et si, je tombe à mon tour une fois qu'il est de nouveau à la surface ? continua-t-elle, inquiète. (Hope lui releva la tête.)

— Dans ce cas, j'entrerai en jeu. Tu ne seras pas seule, je serai là pour te rattraper, toujours.

Brusquement, Hope se sentit étouffer par deux bras la serrant de toute leur force. Bien que surprise, elle accepta directement l'étreinte de Kerry. Les deux amies n'étaient pas très tactiles, elles ne se faisaient jamais de compliment et s'insultaient la plupart du temps. Pourtant leur amitié était la plus pure et la plus belle qu'il existait ; ainsi.

— C'est la même chose pour toi. Tu ne te plains jamais et souris toujours mais tu peux me parler, elle lui tendit son petit doigt. Je ne t'abandonnerai jamais.

— Promis ? s'inquiéta Hope en l'attrapant de son auriculaire.

— Juré.

Si elle avait su à ce moment, à quel point la trahison, le mensonge et l'abandon sont douloureux. Hope aurait été capable de se couper le petit doigt. Afin de ne jamais seller cette promesse non tenue.