『 XVII Commotions communes 』

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PDV AKKE

Je ne sais pas vraiment quand la situation a autant basculé. Pour moi, la seule chose qu'il devait se passer aujourd'hui, c'était un règlement de compte entre Jesse et moi pendant que mes colocataires se chargeaient des autres membres de leur gang idiot.

Malheureusement, je sais déjà que tout ne se passe jamais comme prévu et que parfois, les prédictions ne sont que le reflet lui-même de la réalité que l'on regarde devant un miroir. L'inverse complet.

Ma rage de tuer Jesse n'est toujours pas comblée étant donné que ce connard ne s'est pas pointé chez nous ! Je n'ai donc pas pu l'accueillir comme il se doit, à mon grand désespoir.

De plus, grâce à une courte explication de Earl dans la voiture, mon meilleur ami semble en ce moment en pleine salle d'opération à cause de notre invitée, ce qui me fait serrer les dents. Malgré toutes les circonstances atténuantes que je peux trouver à ma colocataire, elle s'en est prise à mon frère, mon ami, mon chef... elle était parfaitement lucide merde, elle n'aurait pas pu se retourner avant de lui balancer une lampe en porcelaine dans la tête ?

En me lamentant dans la salle d'attente, je ne remarque que maintenant que la concernée n'est toujours pas revenue avec Mme Ortiz, la mère de Mike.

— Les gars, vous n'avez pas vu Hope ? demandé-je discrètement à mes deux amis dans le même état que moi.

Les deux hommes relèvent la tête de leurs mains simultanément, m'arrachant une grimace. Nous sommes tous touchés par cet accident, il n'y a pas que Mather. Nos inquiétudes vis-à-vis de notre ami dépassent l'entendement. Ce garçon nous a tous aidé dans les pires moments de notre vie. Et même si nous sommes persuadés que notre colocataire a connu bien pire qu'aujourd'hui, une appréhension que l'on ne peut nous retirer reste incrustée dans notre chaire comme une marque au fer rouge. Les mains de Garett tremblent et le visage de Earl est pâle. Des sueurs froides coulent quant à elles le long de mon dos.

— Elle devrait être revenue non ? Ausculter quelqu'un ne prend pas autant de temps, surtout qu'elle n'avait aucune blessure... continu Garett, encore plongé dans ses pensées.

— Je vais aller demander à Mike où est sa mère, il est dans le couloir, se lève finalement Earl avec difficulté.

Il n'a pas à s'en donner la peine, car notre vieil ami franchit de lui-même la petite pièce dans laquelle nous sommes. Sa large prestance ne semble plus faire peur à Garett qui, si je me souviens bien, avait fui la première fois qu'il avait vu Mike. Sous nos rires.

— Vous m'avez appelé ?

Un frisson me parcourt. J'oublie parfois que ce mec n'est pas notre ami pour rien et encore moins celui de Mather. Même si leurs rapports sont aujourd'hui entièrement amicaux et presque parfois fraternels, ce n'est pas pour les beaux yeux du fils de docteur que mon colocataire était à la base venu le voir. Les talents de Mike sont connus ici, tout comme ceux de ces deux frères. Leurs aptitudes et sens développés beaucoup plus que la moyenne m'ont toujours laissé un goût amer. Comme dans ce cas précisément, Earl a chuchoté le prénom du garçon et pourtant, le voilà déjà !

— La vache mec, ton ouïe s'est encore développée ou je rêve ? sursaute Garett en voyant Mike arriver.

— Peut-être, peut-être pas, répond d'un air assez vaste le garçon.

— Par hasard, commence Earl sans se soucier de son colocataire, t'as pas vu ta mère avec une jolie rousse ? On la cherche.

— Ma mère ou la rousse ? soulève-t-il un sourcil.

— Les deux, notre pote devait se faire ausculter pour la forme comme on vient de se battre contre un p'tit gang d'idiots et venir nous rejoindre quand tout serait en ordre.

Il faut un petit temps à Mike, c'est à dire à peine une seconde pour comprendre la situation.

— Si on parle bien de la même fille, celle que ma mère est venue chercher dans sa voiture, tout n'était pas dans l'ordre.

Mon cœur manque un battement. Quoi ?

— Comment ça ? me précipité-je.

— Commotion cérébrale, elle a perdu beaucoup de sang. Sous sa capuche, termine le garçon sans émotion.

Merde, je me sens soudainement nul d'avoir pensé que Hope était lucide. En y réfléchissant un peu, personne ne peut être parfaitement clair d'esprit lors d'une agression comme celle-ci. Ne connaissant pas le passé de ma colocataire, je ne peux la juger sur quoi que ce soit. Elle avait peur et a agi en conséquence. Mather n'était pas censé arriver dans un si mauvais timing.

— Elle est où maintenant ? réagit Earl qui encaisse mieux la nouvelle.

— En salle d'opération ou scanner je suppose. Je n'ai pas sa géolocalisation sur moi. Il va falloir attendre les nouvelles des médecins.

Frustré, je me lève d'un coup. D'abord une attente interminable pour Mather et maintenant Hope ? Cela ne s'arrêtera jamais !

— Et Mather ? Des nouvelles ?

— Ma mère arrive dans peu de temps.

— Merci Mike.

Ce dernier ne répond que par un hochement de tête et quitte la pièce sans plus de cérémonie. Il n'a jamais été très bavard.

Les minutes s'écoulent et nous revoilà, à trois dans une petite salle d'attente que nous avons pu privatiser à l'étage grâce à Mike et sa mère. Mais peu importe l'endroit où nous attendons, j'accepte de patienter dans une poubelle si c'est pour entendre que mon ami va bien.

Lorsque la grande aiguille termine son tour et que la petite annonce quatre heure du matin, je lutte de toutes mes forces contre le sommeil tandis que Garett et Earl discutent doucement pour tenter de rester éveillé.

Quand la fatigue semble gagner, des pas légers résonnent dans le couloir de l'hôpital silencieux. Mme Ortiz arrive avec sa prestance naturelle. Nous nous levons tous les trois dans un même souffle.

— Bonsoir les garçons, j'imagine que la nuit a été longue, commence la femme gentiment. Nous ne lui répondons qu'à peine, trop pressés d'avoir les résultats. Bon, je vais d'abord vous expliquer l'état de votre ami Mather. Ce garçon a eu beaucoup de chance, l'impact n'a pas été très violent mais c'était plutôt l'objet qui lui, a bien réussi à briser son crâne. Heureusement, l'opération vient de se finir et s'est très bien passée. Nous devons garder Mather en observation durant une semaine afin d'être sûr que aucun hématome gênant ou une hémorragie ne s'installe. Si tout va bien de ce côté-là, il sera sur pied dans une petite semaine.

Le souffle me revient, le soulagement me gagne et un poids se retire de mes épaules. Malheureusement, celles-ci supportent une masse quotidienne si lourde que je ne ressens aucune légèreté nouvelle.

— Ensuite, pour ce qui est de la jeune fille dans votre voiture... elle n'a qu'une commotion cérébrale mineure, rien de très grave non plus. En revanche, elle a des médicaments à prendre et il ne faut pas s'étonner qu'elle soit prise de migraines ou vertiges. Si toute fois il vous semble que quelque chose est anormale, revenez me voir.

— Merci beaucoup docteur, et où est-elle ? poursuit Earl gentiment d'une voix enrouée de fatigue.

— En ce moment, nous l'avons mise sous morphine jusqu'à demain matin pour supporter la douleur, elle pourra repartir à son réveil, répond Mme Ortiz avec son sourire rassurant.

Mais celui-ci disparaît pourtant rapidement et une expression beaucoup plus sombre jaillit sur son visage. Elle poursuit :

— Ce n'est pas tout. Nous avons retrouvé en changeant la fille, de nombreuses cicatrices sur son corps, énormément. Causées par divers objets... Les infirmiers et moi sommes inquiets de l'état de votre amie.

Ma vision devient floue un court instant. Nos doutes s'avèrent donc vrais. Hope est une enfant battue. L'envie de retrouver ses parents pour les torturer à leur tour me tord la gorge.

— Je vais lui assigner une psychologue de son âge pour qu'elle puisse se confier un peu, devons-nous contacter la police ? interroge sérieusement la mère de Mike.

— Quelle police ? Celle de la ville voisine ? grince Garett.

La femme d'âge mûr baisse un peu la tête. J'imagine qu'elle pense surtout à son fils. Mike est justement policier dans la ville d'à côté ; chose qui nous a été utile un grand nombre de fois. La mère poursuit tout de même :

— En effet, je ne peux pas faire grand-chose malheureusement... par contre, je veux pouvoir m'assurer que les marques de cette pauvre enfant ne vous impliquent pas. En êtes-vous la cause ? s'assombrit aussitôt la voix du docteur.

— Plutôt crever que de battre une femme, encore moins Hope, affirme d'un ton serré Earl.

Le docteur hoche la tête et après quelques autres précisions, nous voilà partis vers la chambre de nos colocataires.

La pensée de Hope me tiraille le cœur. Imaginer cette frêle fille se faire tabasser me tord les tripes. En plein milieu du couloir et devant Earl et Garett. Je m'arrête soudainement de marcher et le silence presque flippant de l'hôpital nous gagne.

— Akke ? s'inquiètent un peu mes amis, aussi arrêtés.

Mes poings se serrent et mon regard semble furieux. Je prononce d'une voix froide mais que mes amis comprennent sans explications.

— Peu importe quand, ni comment, nous la vengerons.

Et dans un souffle commun, nous celons cet accord.

❝ Homme, femme,

peu importe le genre, peu importe le style. Si vengeance il doit, vengeance y aura. ❞

∞

en retard d'une journée, mes excuses !

ouah, enfin ce chapitre de terminé !

aucune apparition de Hope ou Mather, ça vous a manqué ou ça allait ?

Ce n'était pas un peu trop long ?

(à lire je veux dire, pas trop chiant quoi)