A la cuisine Mila

Mila se rendit dans la cuisine, son esprit encore lourd des pensées qu'elle n'arrivait pas à chasser. Elle se força à se concentrer sur la préparation du repas, la routine de la cuisine agissant comme une forme de distraction, un moyen de remettre de l’ordre dans ses idées.

Les couteaux s'entrechoquent doucement contre la planche à découper alors qu'elle hachait des légumes, mais ses gestes étaient automatiques. (Elle n'avait aucune envie de cuisiner, mais cela l'occupait. La chaleur de la cuisine contrastait avec le froid qu’elle ressentait à l’intérieur, comme une barrière entre elle et tout ce qu’elle venait de découvrir.) Elle se concentra sur le bruit de la cuisson, sur l’odeur des aliments qui commençaient à se mélanger. Peu à peu, elle se sentit un peu plus calme, mais le vide laissé par la photo de la femme restait toujours là.

En sortant le plat du four, elle entendit des pas derrière elle. Elle se tourna brusquement et aperçut Rafael qui se tenait dans l'embrasure de la porte, les bras croisés, son regard scrutant ce qu’elle faisait. (Il semblait épuisé, mais il n’avait pas encore quitté son regard perçant, celui qu’il avait toujours lorsqu’il était dans la même pièce qu’elle.)

— Tu cuisines ? demanda-t-il d’un ton qui oscillait entre la surprise et l’indifférence.

Mila fit un geste pour remettre les ustensiles en place, essayant de cacher le malaise qui s'était soudainement installé entre eux. (Elle n’avait pas envie de répondre, mais le silence pesant la poussait à s’exprimer.)

— Oui, j’ai pensé que ce serait mieux si je m’occupais de ça, dit-elle, sa voix un peu plus basse que d’habitude.

Rafael s’approcha lentement, observant la pièce dans son ensemble, puis fixa Mila. (Il n’avait pas l’air fâché, mais il y avait une certaine tension dans l’air, une distance qu’il n’avait jamais laissée entre eux auparavant.)

— Alba est allée se coucher ? demanda-t-il, ses yeux s'attardant un instant sur le visage de Mila, comme s’il cherchait quelque chose de particulier.

Mila hocha la tête sans répondre immédiatement, son regard fuyant celui de Rafael. (Elle sentait ses nerfs tendus, comme si la question était bien plus complexe qu'il n’y paraissait. Pourquoi lui poser cette question ? Pourquoi maintenant, après tout ce qui s’était passé ?)

— Oui, elle est malade, murmura-t-elle enfin, son ton neutre. Elle avait besoin de se reposer.

Rafael se tourna légèrement, scrutant un instant la pièce avec une intensité presque calculée.

— Tu ne devrais pas faire ça, Mila. Ce n’est pas à toi de t’occuper de tout, dit-il, d'une voix plus calme mais ferme.

Il y avait quelque chose dans son ton qui ne passa pas inaperçu, comme si cette idée de Mila s’occuper des tâches lui déplaisait. Mila, cependant, ne réagit pas. Elle avait déjà pris sa décision. (Elle ne répondit rien, se concentrant de nouveau sur la préparation du repas, mais son cœur battait plus fort dans sa poitrine. Ce n’était pas la première fois que Rafael lui disait qu’elle ne devait pas faire certaines choses. Mais cette fois, cela semblait avoir un autre sens.)

Rafael se rapprocha, s’appuyant contre le comptoir, les bras toujours croisés. (Il regarda ses mains qui tremblaient légèrement alors qu’elle coupait les légumes, un détail qu’il semblait remarquer mais ne commenter pas.)

— Ça va ? Il y a quelque chose de… différent ce soir, Mila, dit-il enfin, d’un ton plus doux, presque interrogateur. Tu sembles tendue.

Mila se redressa, essuyant ses mains sur son tablier, sans vraiment savoir comment répondre. (Elle ne pouvait pas lui dire ce qui la perturbait vraiment, elle ne pouvait pas parler de la photo ou de ce qu’elle avait vu dans son tiroir.)

— Ça va, j’ai juste… besoin de faire quelque chose, répondit-elle, sa voix trahissant malgré elle son malaise.

Rafael la regarda en silence pendant un moment, comme s’il voulait comprendre, mais quelque chose dans son regard la fit se sentir encore plus exposée. Il ne disait rien, mais il n’avait pas besoin de parler pour que Mila sente cette tension, ce poids qu’il apportait toujours avec lui.

Le silence s’installa entre eux, lourd et gênant. Mila se concentra de nouveau sur la préparation du repas, décidée à ne pas laisser cette conversation prendre plus d'ampleur. Mais au fond d’elle, une question restait sans réponse. Pourquoi cette femme, pourquoi cette photo, et pourquoi cette absence d’explication ?

Rafael resta encore un moment dans la cuisine, observant Mila sans un mot, avant de finalement tourner les talons et s’éloigner. La porte se referma doucement derrière lui, et Mila se retrouva seule à nouveau, avec ses pensées et la photo qui la hantait toujours dans sa poche.

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