La porte de la salle s’ouvrit lentement, interrompant le silence pesant qui régnait entre Moretti et Kunis. Mila entra d’un pas déterminé, bien que son cœur battît si fort qu’elle sentait chaque battement résonner jusque dans ses tempes. Elle savait que ce moment arriverait, elle avait eu le temps de s’y préparer, mais y être confrontée était bien plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé. La tension dans l’air s’intensifia dès qu’elle se retrouva face à Moretti et à sa tante, deux figures qui incarnaient tout ce qu’elle redoutait : l’autorité, la manipulation et le contrôle.
Moretti leva les yeux vers elle, son regard froid mais calculateur, dénué de toute émotion apparente. Pas une once de compassion ne s’y reflétait. Il avait l’air satisfait, mais pas par plaisir, seulement par la certitude que tout se déroulait comme prévu. Pour lui, ce n’était qu’une étape logique dans un plan minutieusement orchestré.
Moretti (d'un ton neutre, sans un sourire) :
— Mila, tu es prête.
Sa voix était monotone, presque mécanique, comme s’il s’agissait d’un simple rappel d’une tâche à accomplir.
Mila (d'une voix calme, mais pleine de défi) :
— Je n’ai jamais été prête pour ça. Mais je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ?
Elle planta ses yeux dans ceux de son père, cherchant une quelconque humanité, mais elle n’y trouva rien d’autre qu’une façade rigide. Malgré le tumulte qui faisait rage en elle, Mila se tenait droite, sa posture délibérément assurée. Pourtant, dans ses yeux, un mélange de peur et de dégoût trahissait sa véritable émotion.
Kunis, qui était restée silencieuse jusque-là, observait la scène avec une sérénité glaciale. Elle détaillait sa nièce comme une pièce d’échiquier qu’on venait de positionner au bon endroit. Son regard perçant cherchait à déceler la moindre faille, le moindre signe d’hésitation.
Kunis (avec un léger sourire amusé) :
— La jeunesse et ses révoltes. Mais parfois, on n’a pas le luxe de choisir.
Le ton de sa voix, faussement bienveillant, fit bouillir Mila de l’intérieur. Mais elle se força à ne pas réagir. Elle ne voulait pas donner à sa tante la satisfaction de la voir vaciller.
Mila détourna les yeux, ignorant volontairement les paroles de Kunis, et se tourna de nouveau vers son père. Il la fixait avec un air calculateur, comme s’il attendait d’elle une soumission totale, un abandon complet de ses propres désirs. Mais derrière cette façade impitoyable, Mila crut percevoir un soupçon de regret, bien qu’il fût enfoui sous une épaisse couche de pragmatisme.
Mila (d’un ton plus ferme, bien que son cœur battît toujours la chamade) :
— Alors, allons-y. J’ai accepté ce mariage, mais je n’oublierai jamais pourquoi je le fais. Ce n’est pas pour moi, c’est pour la famille.
Sa voix, bien qu’assurée, vibrait d’une amertume qu’elle ne parvint pas à masquer complètement. Elle serra les poings pour s’empêcher de trembler. Elle avait l’impression de marcher vers l’abîme, mais elle n’avait pas le choix. Le poids des responsabilités familiales l’écrasait, l’obligeant à avancer, même si chaque pas lui arrachait un peu plus de sa liberté.
Sans attendre de réponse, Mila se tourna vers la porte de la salle, prête à faire ce dernier pas vers l’inconnu. Un avenir sombre l’attendait, un avenir qui ne lui appartenait pas, mais auquel elle était désormais liée. Moretti et Kunis échangèrent un regard complice, comme s’ils venaient de gagner une partie d’échecs cruciale. Avant qu’un mot de plus ne puisse être prononcé, Mila sortit de la salle, le dos droit mais le cœur lourd.
Le moment était venu. Le mariage, cette cérémonie qu’elle avait tant redoutée, était sur le point de se réaliser. Ce n’était plus qu’une formalité, une mise en scène pour sceller un contrat silencieux. Ce soir, elle deviendrait l’épouse de Rafael. Peu importait à quel point elle avait lutté contre cette décision, peu importait ses rêves envolés. Son destin serait scellé, et elle n’aurait plus jamais de retour en arrière.
Chaque pas qu’elle faisait en direction de l’autel semblait l’éloigner un peu plus de ce qu’elle était, de ce qu’elle avait été. Tout ce qui restait, c’était une ombre d’elle-même, résignée à porter ce fardeau qu’elle n’avait jamais demandé.
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