se justifier l'injustifiable

La porte s'ouvrit doucement, brisant le silence pesant de la chambre. Rafael entra, son regard posé sur Mila sans la moindre émotion apparente. Il fit un signe à Alba pour qu'elle quitte la pièce, ce qu'elle fit sans discuter, refermant délicatement la porte derrière elle. Rafael s'avança, ses pas feutrés résonnant à peine sur le parquet. Il n'émit aucun mot, aucun son, laissant l'atmosphère oppressante s'installer davantage.

Mila était allongée sur le lit, son corps immobile mais son esprit ailleurs. Elle fixait la fenêtre, comme si le paysage extérieur pouvait lui offrir une échappatoire à ce qu’elle ressentait. Pourtant, son cœur battait lourdement dans sa poitrine, conscient de la présence de Rafael. Elle sentait son regard sur elle, comme un poids qu’elle ne pouvait ignorer. Mais elle refusait de bouger, encore moins de parler la première.

Rafael s'arrêta à quelques pas du lit, ses yeux scrutant la silhouette frêle de Mila. Il resta ainsi, immobile, comme s’il hésitait à dire quelque chose ou attendait qu’elle rompe le silence.) Mais Mila ne bougea pas. Elle n'était pas prête, et encore moins disposée à lui accorder cette satisfaction.

Après un moment d’hésitation, il s’approcha davantage, s’asseyant au bord du lit. Son visage, habituellement dur, semblait légèrement plus adouci, bien que ses traits demeurent inexpressif .

— Je vois que tu n’as pas encore beaucoup dormi, murmura-t-il, sa voix calme mais dénuée de réelle compassion.

Mila tourna lentement la tête vers lui,ses yeux cernés mais toujours vifs, brûlant d’une colère sourde qu’elle s’efforçait de maîtriser.

— C'est normal, après tout ce que tu m'as fait subir hier, répliqua-t-elle froidement, chaque mot tranchant comme une lame.

Rafael esquissa un sourire à peine perceptible, un sourire qui semblait plus sarcastique que sincère.

— Tu t’en remets vite, ça c’est sûr, répondit-il, son ton neutre teinté d’une légère ironie.

Mila sentit une vague de frustration monter en elle. Elle serra les poings sous le drap, ses ongles s’enfonçant dans sa paume pour éviter que ses émotions n’éclatent. Elle voulait lui répondre, lui crier dessus, mais elle savait que cela ne servirait à rien. Rafael avait ce don de toujours avoir le dernier mot, de toujours retourner la situation à son avantage.

Elle baissa les yeux, détournant le regard vers la fenêtre. Sa voix, quand elle parla de nouveau, était plus douce, presque inaudible, comme si elle se parlait à elle-même.

— Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi moi ?Je n'étais même encore prête

Cette question, elle la lui avait posée tant de fois dans son esprit, mais jamais à voix haute. C’était une question qui la hantait, une question à laquelle elle savait qu’elle n’aurait jamais de réponse satisfaisante.

Rafael resta silencieux un moment, ses yeux rivés sur elle. Il semblait réfléchir, mais son visage demeurait impassible. Finalement, il se pencha légèrement en avant, posant ses coudes sur ses genoux.

— Ce n’est pas toi, Mila, finit-il par dire d’un ton calme, presque fatigué. C’est… tout ça. Tout ce qui nous entoure. On fait avec ce qu’on a.

Ses mots flottaient dans l’air, creux, incapables de combler le vide entre eux. Mila releva les yeux vers lui, le fixant cette fois sans détourner le regard. Il y avait tant de choses qu’elle voulait comprendre, mais ses émotions la submergeaient, brouillant son jugement.

— Ce qu’on a ? répéta-t-elle, sa voix tremblante d’amertume. Rafael, arrête. Ce qu’on a, c’est toi qui l’as détruit. Toi, pas les autres, pas "tout ça". Toi.

Rafael détourna légèrement les yeux, comme si ses mots l’avaient atteint, mais son expression resta indéchiffrable. Il soupira doucement, passant une main dans ses cheveux bruns, comme s’il cherchait une manière de justifier l’injustifiable.

— Je ne peux pas changer le passé, dit-il enfin, presque dans un murmure. Mais je peux essayer de…

— De quoi ? le coupa Mila, sa voix devenant plus forte. De te faire pardonner ? Rafael, tu crois qu’un simple "je suis désolé" effacera tout ? Regarde-moi dans les yeux et ose me dire que tu crois vraiment ça.

Rafael leva lentement les yeux vers elle. Il semblait hésiter, comme s’il pesait chaque mot avant de parler.

— Non, je ne crois pas que ça suffira, admit-il. Mais je suis ici, Mila. Je suis là parce que je veux essayer. Parce que je te dois au moins ça.

Mila le regarda, cherchant une sincérité dans son regard, une étincelle qui prouverait qu’il était véritablement désolé. Mais tout ce qu’elle voyait, c’était un mélange de culpabilité et de confusion, rien qui ne puisse apaiser sa douleur.

Elle détourna les yeux, fixant à nouveau la fenêtre.Une larme roula sur sa joue, silencieuse, mais elle ne l’essuya pas. Elle était fatiguée, trop fatiguée pour continuer à se battre, à essayer de comprendre. Rafael la regarda, conscient qu’il ne pourrait jamais réparer ce qui était brisé. Mais il resta là, assis à ses côtés, dans un silence lourd de regrets non exprimés.

Une p'tite sourire sur son visage

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