Levi n’était pas revenu le lendemain, ni les jours suivants. Elio n’en ressentait pas vraiment de regret, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui l’avait poussé à s’éloigner. Était-ce ce silence qu’il avait instauré entre eux ? Ou simplement le besoin de trouver ses propres réponses ? Quoi qu’il en soit, la maison retrouvait sa solitude habituelle, et Elio se concentrait sur ses tâches, les journées passant sans grande variation.
Pourtant, une partie de lui s’ennuyait.
La routine qu’il avait minutieusement construite autour de lui-même commençait à lui sembler vide, comme une coque qu’il portait sans en ressentir la véritable utilité. Levi était ce perturbateur inconscient, celui qui semait des graines d’inconfort, mais aussi de réflexion.
Ce matin-là, Elio se rendait au marché du village, son sac à provisions en main. Les montagnes étaient couvertes d’un voile de brume légère, et l’air frais de la matinée lui mordait la peau. Il marchait d’un pas lent, observant le paysage qui lui était devenu familier. Mais ce matin, même la beauté de la nature ne parvenait pas à effacer le sentiment étrange qui pesait sur lui.
En arrivant à l’épicerie, il aperçut Levi au loin, à travers la vitre, en train de discuter avec le vendeur. Un éclat de surprise traversa son regard, mais il se força à rester calme. Levi était toujours aussi décontracté, souriant, et une part de lui se sentit vaguement déstabilisée par cette image familière qui le confrontait à son propre isolement.
Levi le remarqua presque immédiatement. Il lâcha une poignée de pièces et s’approcha rapidement de la porte, la poussant avant qu’Elio n’ait eu le temps de réagir.
— Eh bien, si ce n’est pas Elio, le fantôme du chalet, dit-il d’un ton espiègle.
Elio se permit un léger sourire. Il n’aimait pas cette sensation, celle de se sentir observé ou jugé, mais il n’allait pas fuir devant Levi.
— Je vois que tu n’as pas disparu complètement, dit-il, tout en entrant dans l’épicerie.
Levi haussait les épaules, visiblement content de le voir.
— Je t’avais dit que je n’étais pas aussi facile à éliminer, tu sais. Ça fait un moment, ça me manquait, ces petites discussions sans fin.
Elio hocha la tête sans répondre. Il se dirigea vers les étagères pour prendre quelques produits, tandis que Levi continuait de le suivre, comme s’il ne voulait pas le laisser tranquille.
— T’es venu faire des courses tout seul aujourd’hui ? demanda Levi, un brin curieux. Je pensais que tu n’aimais pas sortir.
Elio s’arrêta un instant, se tournant vers lui. Le ton de Levi, à la fois curieux et direct, n’était pas agressif. Cela éveillait quelque chose chez Elio, comme un reflet de sa propre solitude, mais qui ne demandait qu’à être partagé.
— Je suis venu parce que j’avais besoin de changer un peu d’air, répondit-il simplement.
Levi sourit et attrapa un paquet de biscuits.
— Je savais que tu finirais par céder à la tentation. Ça fait du bien de bouger un peu. Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais c’est bien pour toi de voir d’autres gens de temps en temps. T’as tout un monde à portée de main, mais tu restes là, tout seul.
Elio le regarda sans répondre, ses yeux se posant sur les biscuits que Levi avait pris, puis sur son visage. Levi n’était pas comme les autres. Il semblait voir à travers lui, comprendre des choses que même lui n’arrivait pas à admettre. C’était peut-être ce qu’il trouvait dérangeant.
— Je n’ai pas besoin de gens, Levi, déclara Elio d’un ton plus froid qu’il ne l’avait voulu. Je suis bien ici, loin de tout ça. Je ne veux pas de relations superficielles.
Levi haussait un sourcil, sans perdre son sourire.
— C’est exactement ça, tu vois, c’est comme si tu étais encore coincé dans ton passé. À cause de ce qu’il t’est arrivé, tu te fermes aux autres. C’est bien plus facile de rester seul, mais est-ce que ça te rend heureux ?
Elio sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Ces mots, prononcés sans malice, étaient comme une piqûre de rappel, un appel qu’il refusait d’entendre.
— Je ne veux pas en parler, répondit-il, ses yeux se détournant. Il se sentait vulnérable face à Levi, et ça l’agaçait.
Levi ne répondit pas tout de suite, mais son regard était plus doux, comme s’il comprenait quelque chose que Elio n’avait pas encore admis. Il posa un paquet de biscuits dans le panier d’Elio et s’éloigna un peu pour le laisser finir ses courses.
— C’est ton choix, Elio. Mais rappelle-toi que la vie ne se passe pas uniquement dans un chalet. Il y a un monde à l’extérieur, si tu veux y aller un jour.
Elio haussait les épaules sans répondre, mais une partie de lui, une toute petite partie, savait que Levi avait raison. Le passé n’était pas une prison, mais il avait été plus facile de s’y enfermer que d’en sortir.
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