Une rencontre inattendue.

Deux semaines passèrent avant que Levi ne daigne remettre les pieds devant le chalet d’Elio. La routine quotidienne s’était installée : Elio dans son chalet isolé, Levi dans son emploi du temps chargé, entre ses deux petits boulots qui lui prenaient tout son temps.

Il n’avait pas oublié Elio, loin de là. Mais il avait eu d’autres priorités, comme se remettre de la tension qui s’était installée lors de leurs dernières rencontres. En plus, il avait ses propres démons à combattre, sans avoir à s’occuper de ceux d’un autre.

Cependant, ce jour-là, Elio décida de se rendre en ville. Il n’avait pas quitté son chalet depuis des semaines. Il en avait marre de la solitude. Il en avait marre de cet endroit qui lui rappelait chaque recoin de son passé. Une simple course, se dit-il, juste pour changer d’air.

Il enfila son manteau sombre, ses bottes en cuir, et partit. Son regard froid se posa sur la route enneigée qui serpentait dans la vallée. Le trajet était long, mais il n’y prêta guère attention. L’air de la montagne semblait plus lourd aujourd’hui.

En ville, l’agitation contrastait avec le calme des montagnes. Les passants se pressaient dans les rues, les magasins étaient ouverts, et le bruit de la circulation emplissait l’espace. Ce contraste, cette énergie qu’il n’avait pas ressentie depuis si longtemps, lui donna un instant de vertige. Il se rendit rapidement à l’épicerie, concentré sur ses courses.

C’est là qu’il le vit.

Levi.

Il était là, à la caisse, un panier plein de produits alimentaires. Ses cheveux en bataille, son regard vif, et son sourire énigmatique faisaient écho à la même image qu’Elio avait dans son esprit, à chaque fois qu’il le revoyait sur le perron. Leurs regards se croisèrent, et un frisson, aussi furtif qu’imperceptible, traversa la poitrine d’Elio.

Levi ne sembla pas plus surpris que ça. Il resta là, une seconde, avant de lui adresser un léger sourire.

— Salut, Doc.

Elio, d’un geste automatique, passa ses mains dans les poches de son manteau, son regard se durcissant immédiatement. Il se demandait comment il avait pu le croiser ici, dans cette ville bondée.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? grogna Elio, ses sourcils froncés.

Levi haussait les épaules, son attitude décontractée comme toujours.

— Je fais des courses, Doc. C’est ce que tout le monde fait quand il veut manger.

Elio le fixa un instant, et même s’il n’avait aucune envie de le montrer, il ressentit une étrange sensation dans son ventre. Pourquoi ce gamin arrivait-il à le perturber même ici, dans cette ville qui n’avait rien à voir avec la montagne ?

Levi le dépassa pour s’approcher du comptoir, son corps si proche du sien qu’il fallait se forcer à ne pas se rendre compte de la proximité.

Leurs tailles étaient si proches, à un centimètre près, mais la différence semblait d’un coup bien plus importante, comme si ce détail physique devenait soudainement un symbole de la distance qui les séparait.

— Tu comptes me suivre partout ? demanda Elio avec un ton plus sec.

Levi, toujours imperturbable, répondit d’une voix calme.

— Je pourrais, mais je ne suis pas un stalker. J’étais juste là, par hasard.

Elio fixa Levi un instant, avant de détourner le regard, un peu déstabilisé par sa propre irritation.

— T’as l’air d’un gamin qui cherche à me tester.

— Et toi, t’as l’air d’un mec qui cherche à se convaincre qu’il peut être seul.

Levi lui lança un sourire en coin, mais ne s’attarda pas. Il tourna les talons et sortit de la boutique sans ajouter un mot de plus.

Elio se retrouva là, dans l’entrée de l’épicerie, un peu perdu dans ses pensées. La rencontre était brève, mais elle avait laissé une empreinte.

Il se dirigea lentement vers le comptoir, paya ses courses, et sortit de l’épicerie. À l’extérieur, l’air était frais, presque glacial, mais cela ne l’aidait pas à dissiper cette sensation étrange, cette trace laissée par la rencontre avec Levi.

Il prit le chemin du retour, sans vraiment savoir si son esprit était perturbé par cette intrusion dans sa routine… ou par l’insistance de cet alpha qui semblait toujours vouloir percer sa carapace.

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