Chapitre 18 : Les échos du passé

Ethan ouvrit les yeux dans une chambre d’hôtel baignée d’une lumière pâle. La tapisserie était défraîchie, et l’air portait une odeur de renfermé. Il se redressa lentement, la tête lourde et brouillée. Des souvenirs vagues, flous, dansaient à la lisière de sa conscience. Quelque chose de crucial lui échappait.

Il porta une main à son front, cherchant à raviver ce qu’il avait perdu. Il se souvenait de son nom, de sa vie à la clinique… mais des fragments plus récents étaient absents, comme s’ils avaient été arrachés.

Se levant, il sentit sa tête tourner et dut la secouer un moment.

Poussé par un instinct qu’il ne comprenait pas encore, Ethan quitta la chambre et se mit en route.

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Lorsqu’il atteignit son ancienne clinique, Ethan sentit une étrange nostalgie l’envahir. Les souvenirs de cet endroit, de son travail, étaient clairs, mais le bâtiment devant lui était méconnaissable. Des échafaudages entouraient l’édifice, et des ouvriers allaient et venaient, transformant les lieux.

Un homme en casque de chantier s’approcha de lui, visiblement pressé.

— "Besoin de quelque chose, monsieur ?" demanda-t-il d’un ton cordial.

Ethan hésita.

— "Oui, je… Je travaillais ici. Qui a ordonné ces rénovations ?"

Le regard de l’ouvrier était remplie d'incompréhension.

— "Ah, c’est votre clinique ? Vous devez remercier notre employeur, alors."

Il sortit une carte de visite de sa poche et la tendit à Ethan.

— "C’est lui qui a tout financé. Un homme effrayant, mais très riche. Voici ses coordonnées."

Ethan prit la carte avec curiosité. En lettres dorées, il lut : Golden Industries. Son cœur s’arrêta un instant. Le nom apparaissant sur la carte semblait étrangement familier, mais il n’arrivait pas à le replacer. Kael.

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Guidé par une impulsion qu’il ne comprenait pas, Ethan suivit l’adresse indiquée sur la carte de visite. Il se retrouva bientôt devant un imposant gratte-ciel, dont les vitres brillantes reflétaient le ciel de la ville. Chaque fibre de son être lui criait que cet endroit contenait des réponses.

Alors qu’il se dirigeait vers l’entrée, un homme à la chevelure rouge éclatante passa devant lui. Sa démarche était assurée, presque royale, et il dégageait une aura magnétique.

Sans réfléchir, Ethan tendit la main et attrapa son bras.

L’homme se retourna, le regard doré se posant sur lui. Il le détailla rapidement, des pieds à la tête, avant de froncer les sourcils.

— "Qu’est-ce que vous voulez ?" demanda-t-il d’un ton glacial.

Ethan, pris au dépourvu, ouvrit la bouche sans savoir quoi dire.

— "Est-ce qu’on se connaît ?" finit-il par demander, sa voix pleine d’hésitation.

L’homme parut perplexe, mais sa froideur resta intacte.

— "Non," répondit-il sèchement. "Vous devez faire erreur."

Il dégagea doucement son bras et s’éloigna sans un mot de plus. Pourtant, la vue de son dos s’éloignant provoqua chez Ethan une étrange sensation, comme un vide qui aspirait son esprit. Une douleur sourde naquit à l’arrière de son crâne, et il posa une main sur sa tête pour tenter de l’apaiser.

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Ethan entra dans le bâtiment, le cœur battant à tout rompre. À l’accueil, une jeune femme au sourire professionnel l’accueillit.

— "Bonjour, monsieur. Puis-je vous aider ?"

Ethan pointa du doigt l’homme à la chevelure rouge qui venait de disparaître dans un ascenseur.

— "Qui est-ce ?" demanda-t-il rapidement.

La réceptionniste suivit son regard et haussa un sourcil.

— "C’est monsieur Kael, notre patron."

Ethan sentit son souffle se couper. Kael. Le nom le fit vaciller, comme une clé tournant dans une serrure rouillée. Mais aucune image claire ne lui revenait.

— "Je dois lui parler," insista-t-il.

— "Monsieur est en réunion pour le moment. Vous pouvez patienter dans le hall si vous voulez."

Ethan acquiesça, prenant place sur un canapé près des grandes fenêtres. L’attente fut interminable, et bientôt, l’épuisement prit le dessus. Il s’endormit, sa tête reposant sur le bras du canapé, les traits apaisés malgré la tension qui l’habitait.

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Kael revint de sa réunion avec une démarche nonchalante. En entrant dans le hall, il remarqua immédiatement la silhouette endormie sur le canapé.

— "Qu’est-ce que c’est que ça ?" murmura-t-il, intrigué.

Il s’approcha de la réceptionniste.

— "Qui est-ce ?" demanda-t-il en désignant Ethan du menton.

— "Un jeune homme qui voulait vous voir. Il n’a pas donné beaucoup de détails, mais il semblait insister."

Kael jeta un regard à Ethan. Quelque chose en lui… dérangeait sa froide indifférence habituelle. Une impression familière, presque troublante.

— "Laissez-moi m’en occuper," dit-il finalement.

Kael s’approcha du canapé, se pencha et passa ses bras sous le corps d’Ethan pour le soulever. Le contact le fit hésiter. Une chaleur étrange se diffusa dans ses mains, et une sensation qu’il ne comprenait pas envahit son esprit. Ce jeune homme semblait si léger, mais le tenir, éveillait en lui une impression qu’il n’arrivait pas à nommer.

Il le porta jusqu’à son bureau, referma la porte derrière lui et déposa Ethan sur le large sofa de cuir noir.

Kael recula, observant le visage paisible du jeune homme. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait des humains voulant lui soutirer de l’argent ou des faveurs. Mais celui-ci… semblait différent.

Un frisson léger parcourut son dos, et il murmura pour lui-même :

— "Qui es-tu vraiment ?"

C'était le premier humain à faire naître en lui ce genre d'envie.

Kael s’adossa à son bureau, les bras croisés, observant le jeune homme endormi. Sa respiration était calme au début, mais rapidement, elle devint plus saccadée. Ethan se mit à murmurer dans son sommeil, ses sourcils se fronçant comme sous le coup d’une douleur invisible.

— "Non… reste… je t’en supplie…"

Kael se redressa, intrigué. Les mots d’Ethan n’étaient qu’un souffle, mais ils portaient une émotion brute, presque déchirante. Le jeune homme se tordit légèrement, son visage exprimant une détresse croissante.

— "Ne pars pas… je tiens à toi…"

Un frisson traversa Kael, mais pas de la manière qu’il aurait cru. Il sentit une pointe, subtile mais désagréable, dans sa poitrine. Une colère muette, presque instinctive, s’éveilla en lui.

À qui parlait-il ?

Ethan serra les poings, ses lèvres tremblant comme s’il luttait pour retenir des larmes invisibles.

— "Je t’aime… ne m’abandonne pas…"

Kael plissa les yeux. Ces mots réveillaient en lui quelque chose qu’il ne voulait pas admettre. Il ne reconnaissait pas ce sentiment qui s’insinuait lentement, une sorte de jalousie brûlante qu’il n’avait jamais ressentie auparavant.

Il fit un pas en avant, puis s’arrêta, observant la souffrance d’Ethan dans son cauchemar. Malgré lui, il tendit la main, hésitant un instant avant de poser doucement ses doigts sur l’épaule d’Ethan.

— "Réveille-toi," murmura-t-il, sa voix plus douce qu’il ne l’aurait voulu.

Ethan sursauta, ouvrant brusquement les yeux. Son souffle était rapide, et son regard, encore embué par les ombres du rêve, chercha désespérément un point d’ancrage. Il trouva les yeux dorés de Kael, et tout son corps sembla se détendre légèrement.

— "Kael…" souffla-t-il, presque comme une supplication.

Kael haussa un sourcil, son ton redevenant froid pour masquer son trouble.

— "Tu faisais un cauchemar."

Ethan hocha la tête, passant une main tremblante sur son visage.

— "Je… je voyais quelqu’un disparaître. Quelqu’un d’important…" murmura-t-il, la voix encore brisée par l’émotion.

Kael croisa les bras, son regard pesant.

— "Qui était-ce ?" demanda-t-il, luttant pour garder son ton neutre.

Ethan leva les yeux vers lui, son expression mélangeant confusion et peine.

— "Je… je ne sais pas," avoua-t-il. "Je ne me souviens pas."

Kael détourna les yeux, une tension qu’il ne comprenait pas serrant son cœur. Il serra les poings, puis se pencha légèrement vers Ethan, ses traits redevenant impassibles.

— "Si c’était quelqu’un d’important, il ne devrait pas te laisser dans cet état," déclara-t-il froidement.

Ethan, surpris par la dureté du ton, baissa la tête, mal à l’aise.

Kael, quant à lui, se détourna et marcha jusqu’à la fenêtre, fixant la ville qui s’étendait en contrebas. Malgré son apparente indifférence, une pensée obsédante tournait en boucle dans son esprit :

Qui a le droit de compter autant pour lui ? Et pourquoi cela le dérangeait il autant ?

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