Le goût du calme.

Enzo

Il déposa la tasse devant Hazel sans un mot.

La machine à café avait encore cette odeur chaude et familière qui emplissait la cuisine vide. Tout le personnel était parti. Le restaurant était fermé. Il n’y avait plus que lui… et cet alpha qui restait.

Hazel prit la tasse avec un hochement de tête reconnaissant.

« Merci. »

Il souffla dessus, goûta une gorgée. Puis releva les yeux.

« Tu fais un bon café. »

Enzo esquissa un sourire discret. « C’est moi qui l’ai choisi. »

Hazel hocha la tête, comme si c’était une information importante. Puis il demanda, doucement :

« Tu dors bien, en général ? »

La question prit Enzo de court. Il cligna des yeux.

« Pourquoi tu me demandes ça ? »

Hazel haussa les épaules, bu une autre gorgée.

« Je sais pas. T’as des cernes depuis deux semaines. Et t’as l’air de vivre uniquement entre tes murs. »

Enzo resta silencieux. Il aurait pu ignorer. Changer de sujet. Mais au lieu de ça, il murmura :

« Je dors… mais pas profondément. »

Hazel ne réagit pas tout de suite. Il laissa le silence s’installer, comme s’il refusait de le remplir inutilement. Puis, à voix basse :

« Moi non plus. »

Ils restèrent comme ça quelques secondes, à fixer leur tasse. Partageant un vide commun. Un poids que personne ne mettait en mots.

Puis Hazel posa une question presque trop simple pour ne pas être importante :

« Tu veux qu’on parle… ou tu préfères qu’on reste là, sans rien dire ? »

Enzo releva les yeux. Il n’y avait aucune insistance dans la voix de Hazel. Juste une porte entrouverte, qu’il était libre de franchir… ou pas.

Et pour la première fois depuis très longtemps, Enzo choisit de ne pas fuir.

Il reposa lentement sa tasse, regarda Hazel droit dans les yeux et répondit :

« On peut parler. Mais doucement. »

Ce que personne ne sait

Enzo

« J’ai grandi dans une famille où on ne parlait pas. »

La phrase était tombée doucement, sans prévenir.

Hazel ne dit rien. Il écoutait.

Enzo tourna lentement la cuillère dans sa tasse vide. Son regard était un peu loin.

« C’était… silencieux. Pas méchant. Pas violent. Juste… froid. Chacun de son côté. Et j’ai cru longtemps que c’était normal. Que l’amour, ça ne se disait pas. Ça se cachait. »

Il marqua une pause, les doigts un peu crispés.

« Quand j’ai compris que j’étais oméga, je me suis refermé encore plus. Parce que dans ma famille, ça voulait dire être… faible. Dépendant. Quelque chose qu’on doit protéger ou contrôler. »

Hazel serra les lèvres. Mais il ne coupa pas. Il ne consola pas. Il ne brisa pas ce moment.

Enzo baissa la tête.

« J’ai appris à devenir intouchable. À paraître fort. Contrôlé. Et ça m’a réussi. Les gens me respectent. Mais au fond, personne… »

Il s’arrêta. Inspira doucement.

« Personne ne me connaît vraiment. »

Un silence suivit.

Hazel se pencha légèrement vers lui.

« Tu viens de me dire plus que la plupart des gens en un an. »

Enzo leva les yeux, surpris.

Hazel sourit, doux.

« Donc je te connais un peu maintenant. »

Enzo détourna le regard. Mais il ne repoussa pas la phrase.