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La bulle

Livi n'eut même pas le temps de voir son visage que le médecin entraina Lucan à l'écart pour une courte discussion. Le docteur revint vers elle et mit définitivement fin à son examen en lui posant un pansement sur le cou, puis sans lui adresser de réel regard, le blond au veston marron l'invita à sortir. Une main placée dans son dos, la jeune femme arpenta les couloirs de ce qui semblait être un palais. Les couloirs étaient longs et éclairés par des torches de feu qui donnaient un côté moyenâgeux à l'endroit, le peu de fenêtres encastrées dans les murs étaient recouvertes par des rideaux. Lucan lui fit emprunter quelque couloir jusqu'à arriver à une passerelle survolant un jardin. Celle-ci les mena droit à la porte d'un bâtiment annexe au palais.

Ce bâtiment était plus petit, et enveloppé par une grande serre translucide. Lucan frappa à la porte et une femme droite comme un piquet vint lui ouvrir. Perchée sur des talons de 10cm, elle avait un regard naturellement hautain accentué par ces yeux en amandes, un cou de girafe, une bouche écarlate pincée, une peau porcelaine et un look discret noir et blanc qui dessinait parfaitement sa taille de guêpe, notamment grâce à une ceinture à la taille.

– C'est pour ? Fit-elle d'une voix éraillée.

– Un nouveau jouet, répondit simplement Lucan.

La femme au chignon serré porta alors un long regard transcendant à la blonde, apparemment intéressée par ce qui se trouvait au côté de Lucan. Elle ne se permit pourtant aucun commentaire devant le sénéchal du roi, ouvrit plus grandement la porte et se dégagea de l'entrée pour laisser passer la blondinette, qui s'exécuta bien qu'elle aurait nettement préféré rester avec le sénéchal. Cette femme ne semblait pas exceptionnellement méchante, mais elle lui faisait froid dans le dos.

– Son altesse m'avait en effet informée de l'arrivée d'une nouvelle recrue, mais je ne vous imaginais pas du tout comme ça. Enfin si cela est la volonté du roi, il en sera ainsi. Suivez-moi, je vais vous présenter ce qui sera votre toit pour les prochaines années à venir.

Livi la suivit en ne laissant paraître aucune émotion. Elle détailla chaque centimètre de l'endroit pour pouvoir s'enfuir au plus vite par la suite. "Pour les prochaines années à venir" avait-elle dit, elle pouvait toujours courir. L'intendante lui fit visiter l'endroit particulièrement luxueux. Les parties communes étaient vastes et occupées par beaucoup de femmes et quelques hommes. La vampire finit par lui montrer les chambres individuelles pour les amants.

– Amants ? Avait soudainement répété la blondinette.

– Parfaitement, vous faites désormais partie des amants du roi, ou de ces jouets si vous préférez. Il y a 22 chambres dont 16 sont occupées en vous comptant. L'escalier vous mène aux autres parties de la bulle en bas, et à l'étage des 4 concubins en haut, dont l'accès se fait uniquement à l'aide d'une permission. C'est votre premier jour ici, vous n'avez aucun privilège et interdiction de quitter ce lieu, sauf quand le roi vous fera appeler. Le fonctionnement de cet endroit est simple : vous faites plaisir au roi et vous serez récompensée par l'obtention de privilèges. Compris ?

– Non. Qu'est-ce que je fais ici ?

– Vous verrez cela avec le roi, répondit-elle catégoriquement, montrant qu'elle ne désirait pas s'attarder plus sur le sujet.

– Très bien et que se passe-t-il si l'on ne satisfait pas sa majesté ?

– Oh, croyez-moi vous ne voulez pas le savoir. D'autres questions ?

Livi secoua la tête.

– J'exige une réponse claire venant de la cavité buccale de chacun des membres se trouvant ici lorsque je pose une question. Donc je répète : est-ce que tout est clair ?

– Oui.

– C'est parfait alors. Continuons, fit-elle en l'invitant de suite à prendre l'ascenseur.

Livi ne remarqua que maintenant la grande bulle de plexiglas renforcée qui entourait le bâtiment. D'autres amants se trouvaient là, tous se retournant sur le passage de l'intendante et de la nouvelle venue. En prenant soin de les ignorer, l'intendante lui montra les bassins dans lesquelles elle pouvait se baigner, l'étage des divertissements, la bibliothèque, une petite salle de cinéma, une salle de fitness très bien équipée, les deux salles de musique totalement insonorisées, la salle d'art et l'accès à la salle du couturier.

– Le budget vêtement est décidé par le roi, comme vous venez d'arriver, il est sûrement de 500 francs pour vous.

Bien que cela n'eut pas de réelle importance pour elle, la blonde fut surprise de savoir que les vampires utilisaient toujours les francs. 500 francs devait amplement être suffisant, vu qu'elle ne comptait pas s'éterniser ici, ni obtenir aucune faveur du roi vu qu'elle ne se montrerait pas coopérative.

La femme aux cheveux noirs brillants la fit entrer dans la salle du couturier en plein travail.

– Bonjour intendante, salua-t-il en cessant ces activités. Nouveau spécimen ?

– En effet. Faites au plus vite je vous prie, j'ai à faire.

– Bien.

L'homme moustachu sorti un carnet et l'interrogea sur ces gouts en matière de vêtements, mais décida de lui-même finalement, vu que la nouvelle venue lui demandait simplement de quoi remplacer son t-shirt troué.

Le couturier lui prit par la suite ces mensurations qu'il inscrivit sur un papier avant de l'épingler au mur.

– Revenez demain pour les essayages, annonça-t-il simplement avant qu'elle ne quitte la pièce plutôt accueillante. La jeune femme suivit une nouvelle fois l'intendante toujours aussi froide, qui la ramena à sa chambre.

– Pourrais-je savoir en quoi je suis un spécimen ? Interrogea l'humaine en reprenant le mot sorti de la discussion entre les deux vampires.

– Je vous laisse le découvrir par vous-même. Une dernière chose, il est interdit d'avoir des rapports sexuels avec un quelconque autre amant de cet endroit. C'est bien clair ?

– Comme du cristal.

L'intendante haussa un sourcil, appréciant visiblement sa réponse.

– Bien, alors je ne m'attarde pas, si vous avez d'autres questions, demandez aux autres. Bienvenue dans la bulle.

La vampire fila comme le vent, laissant la blonde seule dans ce qui était désormais sa chambre et qui se demandait bien où est ce qu'elle avait pu atterrir.

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