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Guiseppe, médecin royal

Guiseppe salua vaguement Lucan qui sortait de son bureau, il le savait très occupé. Lorsque le roi s'absentait de cette façon, le blond avait deux fois plus de travail.

Lui, avait été plus tranquille. Guiseppe avait eu pas mal de boulot ces derniers jours avec le débarquement du nouveau groupe de vampire tout juste arrivé de Seattle, mais depuis, l'infirmerie était tranquille. Il avait enfin pu rédiger, corriger, remplir et mettre à jour ses dossiers, sans contraintes ni délais. Il se pensait peinard, mais ça c'était avant que l'autre ne débarque avec cette femme. Guiseppe était de ces vampires passionnés d'expérimentation. Malgré ces 210 ans d'existence, Guiseppe était toujours fasciné par les corps et ces mystères. Après tout chaque être était unique.

Laissant un instant le corps seul, le médecin partit récupérer un dossier et se figea en voyant le lit désert lorsqu'il se retourna. Le lit où devait se trouver la jeune fille était vide. Seul le drap qui l'avait enveloppée trônait dessus. Il suivit l'odeur que dégageait son sang et la trouva dans la petite salle de bain adjacente qui servait aux patients. Livi était là debout, sur la pointe des pieds, en train de s'observer dans un miroir.

Son apparence n'avait changé en rien, elle avait toujours ces cheveux miels parsemés de mèches bleus, sa bouche pulpeuse naturellement de couleur corail, son nez fin, son cou... Comme Guiseppe le pensait, elle s'y attarda en remarquant les traces laissées par le souverain. Sa peau avait rougi autour des entailles laissées par les crocs du roi qui n'avaient pas totalement cicatrisé.

– Qui vous a permis de vous lever ? Lâcha le médecin en la faisant sursauter.

Guiseppe avait toujours aimé faire peur aux gens, c'était son passe-temps préféré après la médecine. Il s'assit calmement sur le siège qu'il plaça face à la jeune femme, toujours debout.

– Comment vous sentez vous ?

– Ça va, répondit-elle après un silence de réflexion.

Sa voix trahissait son inquiétude quant à se trouver ici, mais il nota tout de même son comportement. Livi ne semblait pas avoir peur de lui, au contraire elle scrutait chacun de ces gestes, prête à lu en mettre une en cas d'attaque.

– Avez-vous faim ? Continua-t-il sans la regarder.

Il avait le regard fixé sur les feuilles qu'il remplissait en même temps qu'il l'interrogeait.

– Non.

– Des vertiges ?

– Non plus.

– Mal quelque part ?

Elle sembla hésiter.

– J'ai mal au cou, répondit-elle finalement en lui jetant un long regard plein de sous-entendu.

– Un problème ?

– Qu'est-ce que vous faites ?

– Je remplis votre dossier médical, dit-il explicitement.

– Mon dossier médical ? Vous êtes médecin ? Fit-elle d'un regard désabusé.

L'homme qui se trouvait devant elle n'avait rien d'un médecin et elle trouvait cette salle de couleur verte bien trop charmante pour être une infirmerie. Livi recula soudainement, donnant quatre bons mètres entre eux. Le châtelain devant elle semblait être aussi jeune qu'elle, mais dégageait une certaine prestance, telles les grandes personnes de la haute société, et de la noblesse se dégageait par sa façon d'agir. Il était vêtu d'une chemise dont les manches étaient retroussées, d'un jean et d'une paire de chaussure en cuir. Mais elle comprit que quelque chose clochait en voyant sa peau bien pâle et la canine qui dépassait de sa bouche pourtant fermée.

– Médecin de la cour, corrigea Guiseppe en donnant plus d'importance à son titre. Guiseppe, pour vous servir.

– Vous êtes quoi ? Questionna-t-elle en jetant un rapide coup d'œil aux feuilles qu'il avait en main.

– Vous connaissez déjà la réponse, répondit le suceur de sang.

– Comment est-ce que j'ai atterri ici ? Et qu'est-ce que je fais là ?

– Le sénéchal vous a ramenée sous ordre du roi. Vous devez sans doute être son nouveau jouet, répondit-il comme si c'était une chose tout à fait normale.

– Je vous demande pardon ? S'offusqua-t-elle.

– Vous m'avez très bien entendu.

– Mais je...

– Je ne suis pas le responsable de ce qu'il vous arrive. Pourquoi vous êtes là ? Je ne le sais pas, le roi agit sur des coups de tête de temps à autre et il n'y a que lui qui puisse vous répondre. Ne m'assaillez pas de questions, car je n'aurais aucune réponse valable à vous donner. Je ne suis que le médecin de la cour, je fais seulement ce qu'on me demande, alors maintenant je voudrais que vous répondiez à d'autres questions et vous me laissiez vous examiner sans faire d'histoire, serait-ce dans vos cordes ?

La blonde hocha la tête face à ce jeune individu poli et énigmatique, qui avait clairement pris les commandes.

Il y a bien des années, les vampires s'étaient montrés, un début de guerre s'en était suivi mais n'avait jamais éclaté car ces êtres de sang froid avaient bien vite imposé leur domination. Très vite il avait envahi les institutions politiques avant de s'autoproclamer dirigeant des plusieurs états. Néanmoins elle n'en avait jamais côtoyer dans sa ville.

Anormalement, les habitants n'avaient jamais retrouvé de corps complètement vidés de leur sang, ni vu de vampires dans leurs rues. Il arrivait qu'elle en croise quelque un dans la rue mais jamais elle leur avait adressé la parole. Livi avait voyagé quelques fois pour rendre visite à sa cousine, et là-bas, les vampires dominaient clairement le territoire. Les humains leur devaient le respect et présenter leur cou à tous ceux qui le demandaient.

C'était comme cela ailleurs, mais pas dans sa ville.

C'était la première fois que Livi rencontrait un surnaturel d'aussi près.

Comme elle l'imaginait, il était de l'ancienne école car il se tenait droit, utilisait une plume ainsi qu'un pot d'encre pour écrire sur ces feuilles légèrement jaunies. Seule certaines lignes étaient remplies ainsi, les autres étaient faites à l'aide d'un stylo dont le bout avait été mâchouillé. Bien que le vampire avait le nez rivé sur ces papiers, il lançait de rapide coups d'œil dans sa direction, afin de s'assurer qu'elle ne quitte pas la pièce dans laquelle elle se trouvait.

Lorsque le châtain aux iris grenat eut fini de la questionner, il attrapa ses ustensiles. Guiseppe vérifia son pouls, utilisa une étrange machine qui la scanna, testa ses réflexes, lui fit une prise de sang et termina par tâter ces dents avec sa spatule à miroir. Elle grimaça à chacun des contacts entre l'objet de fer froid et sa dentition, mais ne se plaignit pas plus. Les examens étaient relativement simples. Son calvaire prit fin lorsque la porte s'ouvrit, laissant apparaître un homme blond un peu plus vieux.

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