**Chapitre 10 : L’Art de la Guerre**

L’atmosphère dans la villa était lourde, chargée d’électricité. Donateli était assis à la grande table en bois massif du salon, une carte étalée devant lui. L’heure n’était plus à la fuite. Il était temps de renverser la situation.

Fabio et Esperanza, debout de chaque côté, attendaient son verdict.

— Lorenzo pense qu’on va se terrer comme des rats. Il veut nous forcer à l’erreur.

Il marqua une pause, alluma un cigare, puis expira lentement la fumée.

— Mais c’est lui qui va commettre l’erreur.

Fabio haussa un sourcil.

— Tu veux le faire sortir de son trou ?

Donateli hocha la tête.

— Exactement. On va le forcer à bouger… et à découvrir qui, dans son entourage, lui est vraiment loyal.

Il planta un couteau dans la carte, à l’endroit précis où Lorenzo avait sa principale planque : un club privé au cœur de Naples, "Il Serpente", un lieu où seuls les hommes de pouvoir et de crime osaient mettre les pieds.

— Son club est son sanctuaire, expliqua Donateli. C’est là qu’il fait ses affaires, loin des regards extérieurs. Il s’y croit intouchable.

Esperanza croisa les bras, son regard perçant.

— Et comment comptes-tu l’y attirer ?

Un sourire dangereux apparut sur les lèvres de Donateli.

— En lui faisant croire que j’ai quelque chose qu’il veut plus que tout.

Fabio souffla du nez.

— Et c’est quoi, ce "quelque chose" ?

Donateli se pencha en avant, son ton glacial.

— L’argent qu’il n’a jamais pu voler.

Le piège se met en place

L’idée était simple, mais risquée. Ils allaient répandre une rumeur dans les bas-fonds de Naples : une énorme somme d’argent, cachée par un ancien contact de Lorenzo, venait d’être découverte.

Un coffre-fort contenant des millions, un pactole que Lorenzo avait autrefois convoité… mais qu’il croyait perdu à jamais.

— Il ne pourra pas résister, murmura Esperanza.

— Et quand il viendra, il tombera dans un piège qu’il n’aura pas vu venir, conclut Donateli.

Fabio tapa des mains.

— J’adore quand on joue avec l’avidité des salauds.

Mais Esperanza restait sceptique.

— Tu sais qu’il ne viendra pas seul. Il est trop malin pour ça.

— C’est pour ça qu’on va semer la paranoïa dans son camp.

Donateli fit glisser un téléphone sur la table.

— Je vais lui envoyer un message anonyme… insinuant qu’un de ses hommes joue un double jeu.

Fabio éclata de rire.

— T’es un vrai diable, capo.

— Il va commencer à douter de tout le monde. Et pendant qu’il tentera de découvrir qui le trahit, il ne verra pas le vrai danger venir.

Esperanza se mordit légèrement la lèvre, pensive.

— C’est risqué, Donateli. Si on échoue, il nous traquera jusqu’à notre dernier souffle.

— Si on échoue, il n’y aura plus de souffle à traquer.

Le silence tomba. Ils savaient tous ce que cela signifiait.

La veille de la tempête

La nuit était tombée sur la villa, baignant la pièce d’une lumière tamisée. L’adrénaline du plan en place commençait à retomber, laissant place à une tension différente.

Esperanza s’approcha de Donateli alors qu’il terminait un dernier appel.

— Tu joues toujours aussi gros, Alessandro.

Il la regarda, son regard sombre.

— Je ne connais pas d’autre façon de jouer.

Elle posa une main sur son torse, ses doigts traçant une ligne invisible sur sa chemise.

— Et si, pour une fois, tu arrêtais de jouer… et que tu profitais du moment ?

Son souffle était proche, sa peau chaude contre la sienne.

Donateli inspira profondément, sentant son propre désir monter.

— Tu es dangereuse, Esperanza.

— Et toi, tu aimes ça.

Elle ne lui laissa pas le choix. Ses lèvres s’écrasèrent sur les siennes dans un baiser vorace, affamé. C’était un duel autant qu’un abandon.

Il la souleva sans effort et la porta jusqu’au canapé en cuir du salon. Le reste n’était qu’un enchaînement de soupirs, de morsures et de passion brute.

Lorsque le calme revint, ils restèrent allongés, les corps encore brûlants.

Esperanza passa une main dans les cheveux de Donateli.

— Tu penses qu’on va survivre à cette guerre ?

Il eut un léger sourire, mais son regard était sérieux.

— Je pense qu’on va la gagner.

Mais au fond, il savait que chaque victoire avait un prix.

L’heure du combat

Le lendemain, tout était en place.

Les rumeurs avaient été lancées. Le piège était tendu.

Lorenzo allait mordre à l’hameçon.

Donateli, vêtu d’un costume sombre, arma son pistolet et le glissa sous sa veste.

Fabio vérifia son chargeur, un sourire en coin.

— Tu crois qu’il viendra vite ?

Donateli haussa les épaules.

— Les rats affamés courent toujours plus vite que les autres.

Esperanza passa une veste en cuir, attachant son couteau à sa cuisse.

— Alors allons l’accueillir comme il se doit.

Leur regard se croisa.

Ils n’étaient plus en fuite. Ils étaient en chasse.

Et cette fois, c’était Lorenzo qui allait trembler.

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