**Chapitre 9 : Le calme avant la tempête**

L’eau scintillait sous la lune tandis que le bateau fendait les vagues, filant droit vers Amalfi. Le silence entre Donateli et Esperanza était pesant. Pas un silence vide, mais un silence chargé d’histoire, de douleur et de ce lien indéfinissable qui les unissait.

Fabio, assis à l’arrière du bateau, lança un regard curieux à son patron.

— Alessandro…

Le nom résonna dans la nuit, comme un secret arraché aux abysses.

Donateli posa sur lui un regard glacial.

— Alors, c’est vrai ? Ton vrai nom, c’est Donateli Alessandro Caruso ?

Esperanza ne montra aucun étonnement. Elle savait déjà.

— Pourquoi tu ne l’as jamais dit ? continua Fabio.

Donateli tira une longue bouffée de son cigare avant de répondre, le ton calme, mais tranchant.

— Parce que les noms ont un poids. Et certains sont trop lourds à porter.

Fabio hocha lentement la tête.

— Et ton père, Donateli Moretti ? C’était quoi, un monstre ou une légende ?

Un sourire amer se dessina sur les lèvres du capo.

— Les deux.

Le roi de la mafia italienne. Un homme dont le nom seul suffisait à faire trembler les plus puissants. Un homme qui ne laissait derrière lui que le silence et le sang.

Mais la véritable tragédie, ce n’était pas lui. C’était Luca.

Donateli ferma brièvement les yeux. Il pouvait encore entendre les cris de son frère. Le claquement sec du pistolet. L’odeur du sang sur le sol de marbre.

— C’était un avertissement, murmura-t-il.

Fabio ne posa pas d’autres questions.

Esperanza, elle, posa une main sur le bras de Donateli.

Il ne sursauta pas. Seule elle pouvait le toucher sans risquer sa vie.

— Je sais ce que c’est de perdre une famille.

Leurs regards se croisèrent. Il n’y avait pas de mots à ajouter.

Amalfi – L’ombre d’un répit

L’arrivée sur la côte fut discrète. Une crique cachée, un sentier escarpé menant à une villa oubliée du monde.

Donateli ouvrit la porte, l’odeur du bois et du sel envahissant ses sens. C’était un refuge, mais aussi un piège s’ils n’étaient pas prudents.

— On reste ici trois jours, pas plus, ordonna-t-il.

Fabio s’effondra sur un fauteuil en soupirant.

— Trois jours, c’est largement assez pour dormir et picoler.

Esperanza s’approcha de Donateli, l’ombre d’un sourire aux lèvres.

— Et toi ? Qu’est-ce que tu fais en trois jours ?

Son regard à elle était brûlant.

— Je réfléchis.

Elle haussa un sourcil, amusée.

— Tu réfléchis toujours trop.

Sans prévenir, elle l’attira contre elle, ses lèvres effleurant son cou.

— Arrête de penser, murmura-t-elle.

Le désir crépitait entre eux. Une attraction trop forte, trop dangereuse pour être ignorée.

Elle recula d’un pas, ses yeux pleins de défi.

Donateli grogna et l’attrapa par la taille, la plaquant contre le mur.

— Tu joues avec le feu, Esperanza.

Elle sourit contre ses lèvres.

— Et toi, tu es le feu.

Le baiser fut brutal, affamé. Un combat autant qu’un abandon.

Leurs corps parlaient le langage qu’ils maîtrisaient le mieux : celui de la passion et du pouvoir.

Le monde pouvait bien s’effondrer. Cette nuit, ils lui tournaient le dos.

L’aube du retour

Le matin les trouva entrelacés dans des draps froissés.

Mais l’illusion de paix s’évapora vite.

Fabio entra en trombe dans la chambre, son téléphone à la main.

— Lorenzo a bougé. Il a mis un contrat sur nos têtes.

Donateli passa une main sur son visage, se redressant lentement.

— Combien ?

— Assez pour que même nos alliés se posent des questions.

Esperanza se redressa à son tour, les yeux encore empreints de la nuit qu’ils avaient partagée, mais l’esprit déjà focalisé sur la réalité.

— On ne peut plus se cacher.

Donateli se leva, son regard de nouveau acéré.

— Alors on arrête de fuir.

Il attrapa son arme sur la table de nuit et l’enfila dans son holster.

— Il est temps de frapper les premiers.

Fabio esquissa un sourire féroce.

— C’est ce que j’aime entendre, capo.

Esperanza posa un dernier regard sur la mer à travers la fenêtre. Ce serait peut-être la dernière fois qu’ils verraient Amalfi.

Mais une chose était certaine.

Lorenzo allait regretter d’avoir sous-estimé Donateli Alessandro Caruso.

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