CHAPITRE 13

       Un mois s'écoula depuis la victoire écrasante d'Eton School au concours de mathématiques. Kana et sa mère avaient repris le cours de leur vie, rythmée par les devoirs, les repas familiaux et les sorties entre amies.

Chaque matin, Emmanuella déposait sa fille à l'école avant de rejoindre son poste de cuisinière au restaurant du coin.

- Emmanuella ! l'interpella Nala, un air mystérieux. J'ai une nouvelle à te révéler : nous aurons un nouveau patron !

- Ah bon ? Pourquoi ce changement ? demanda Emmanuella, intriguée. Elle avait toujours apprécié l'ambiance détendue du restaurant et le patron précédent, bien que parfois un peu... original.

- Eh bien, de ce que j'ai entendu, l'ancien a décidé de prendre une retraite anticipée pour se consacrer à sa passion : l'élevage de poules pondeuses. Il paraît qu'il rêve d'ouvrir une grande ferme.

Emmanuella fronça les sourcils surprise par cette reconversion.

- Une grande ferme ? C'est vraiment original comme reconversion ! Et qui va prendre sa place ?

- Son cousin, paraît-il. Je ne le connais pas, mais on m'a dit qu'il était très strict et qu'il avait des méthodes de gestion... particulières.

- Espérons que nous nous entendrions bien, ajouta Emmanuella, tout en se demandant si ce nouveau patron partagerait la même passion pour les recettes traditionnelles que l'ancien.

- Je l'espère aussi, répondit Nala, un brin sceptique. Alors, ta semaine ? Elle était... mouvementée ?

- plutôt calme, répondit Emmanuella, un sourire en coin.

- Les filles, dépêchez-vous ! les interpella une de leurs collègues, l'air blasée. Le patron veut nous présenter au nouveau. Il paraît qu'il a de grandes idées pour le restaurant

Emmanuella fronça les sourcils. De grandes idées ? Elle espéraient que ces idées ne remettraient pas en cause l'atmosphère conviviale du restaurant.

- OK ! Hâte d'entendre "ces grandes idées" ironisa Nala.

C'est dans la cuisine du restaurant que fût organisée la rencontre et la passation de flambeau. Ce nouveau patron avait des traits tirés, possiblement un homme de la soixantaine, il était de taille moyenne, élégamment vêtu, les cheveux bien coiffés. Il arborait une posture d'homme responsable et autoritaire. Son regard fit le tour de l'assemblée jetant la frayeur dans le cœur de tout et chacun.

- Bonjour à tous, commença l'ex patron, mon cousin ici présent, me remplacera. Je vous demande de lui faire un bon accueil.

Le nouveau patron s'avança d'un pas assuré, son regard perçant balayant les visages alignés devant lui. Lorsqu’il ouvrit la bouche, sa voix grave et posée emplit la pièce.

- Bonjour à tous. Je m'appelle Andrew Rockbell. Mon cousin m’a beaucoup parlé de vous et de ce restaurant, et je suis ravi de reprendre les rênes de cet établissement. Cependant, je tiens à être clair dès le départ : je suis un homme de rigueur et d’exigence. Je ne tolérerai pas la médiocrité, mais je récompenserai toujours le travail bien fait. Ensemble, nous allons hisser cet endroit au sommet de la gastronomie locale. Je compte sur vous pour me suivre dans cette ambition.

Le silence dans la pièce était palpable. Nala échangea un regard inquiet avec Emmanuella. Ce changement de ton était loin de la gestion plus décontractée de l’ancien patron.

- Bien, maintenant, mettons-nous au travail. Chaque poste sera évalué, et je veux voir du professionnalisme dans chaque geste. Allons-y.

La première journée sous la supervision de Andrew fut intense. Dès le départ, il inspecta minutieusement chaque poste, critiquant le moindre détail.

L'on entendait des << Ce couteau n'est pas assez aiguisé, comment peut-on travailler ainsi ? >> ou encore << Qui a dressé cette assiette ? Les clients méritent mieux que cela ! >>

Emmanuella ne fut guère épargnée de l'ouragan Andrew Rockbell cependant, elle reçut des critiques positives sur sa cuisine.

- Vos plats sont bons, mais il faut viser l’excellence. Je compte sur vous pour être un exemple pour vos collègues.

- d'accord...merci monsieur pour la remarque, s'incline t-elle.

À la fin de la journée, la majorité des employés étaient épuisés, ils donnaient l'impression d'avoir combattu des ennemis de plus, une tension pesante régnait dans le restaurant.

- pfiouuuu quelle journée épuisante ! Se plaignait Nala, si la rigueur devrait être une personne, elle s'appellera Andrew Rockbell !

Emmanuella, pendant les plaintes de son amie, fini de ranger ses affaires.

- dépêche toi, Kana sort dans pas longtemps

- OK, maman !

Emmanuella roula des yeux, lassée de son comportement enfantin.

Les deux jeunes femmes arrivèrent devant l'école primaire, il y avait comme à chaque fin de journée, des enfants courant dans tous les sens sautant pour certains dans les bras de leurs parents. Kana venait de sortir. Son amie Jade la suivait. Les filles se séparèrent, après un dernier au revoir.

- Bonsoir maman, bonsoir tata.

- Bonsoir, ma grande, répondit sa tante avec un sourire.

- J’espère que ta journée au travail s’est bien passée ?

Sa mère hocha la tête doucement.

- Oui, ça va. Ne t’inquiète pas.

Sa tante intervint aussitôt, un peu trop animée

- Ça va ? Laisse-moi rire ! C’était un cauchemar ! Le nouveau patron est un vrai MONSTRE !

Sa mère haussa les épaules, l’air légèrement agacé.

- Ne fais pas attention à elle. Tu sais qu’elle dramatise toujours.

Nala et la petite famille se séparèrent. Kana et sa mère régagnèrent leur appartement.

- ça fait du bien d'être chez soi, déclara Kana inspirant l'odeur de sa maison

- Kana dans la douche

- OK maman.

S'en suivit le dîner qui se déroula dans la bonne ambiance, Kana racontait dans les moindres détails sa journée à l'école, sa mère de même. Ce moment entre mère et fille était rythmée par des rires venant surtout de Kana. Puis, lorsque le soir laissa place à la nuit, elles rentrèrent sous leurs draps, emportées par les Bras de Morphé.

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