Chapitre 11

Nous sommes retournés à l'auberge tardivement dans la soirée, pour ne pas alerter les gens et passer pour des suspects. La gérante de la maison close est malheureusement morte empoisonnée par une fléchette.

- Quelqu'un devait sûrement l'empêcher de parler

Je tourne la tête en direction de mon maître, ne voyant du tout pas où il veut en venir, si le prince a disparu dans cette ville et la personne qui devait nous donner des renseignements s'est fait assassiner et l'inconnu à la chevalière m'a l'air suspect, si je veux aider mon maître c'est le moment de lui faire part de ce que j'ai remarqué ici.

- Avery, je dis un peu hésitant.

- Oui je t'écoute, il dit en me regardant fixement.

- La fois où on est allé à la taverne, à quelques tables de nous il y avait un homme... Je fais une légère pose pour chercher comment expliquer à mon maître cela sans que je subisse ses foudres pour ne lui avoir rien dit.- Il avait une chevalière ornée d'une pierre bleue au doigt.

- Une chevalière, tu dis, il réfléchit un instant avant de demander.- Cette pierre, c'était un saphir ?

- Oui, je dis peu sûr de moi .

- Morbleu ! , jure-t-il en tapant dans le mur

Je sursaute face à sa soudaine colère. J'ai l'impression que quelque chose cloche dans cette histoire, depuis la rencontre de cet homme à la taverne et les séries d'événements qui ont suivis, cette affaire risque d'être bien plus compliqué que prévu.

- Maître, je-je veux dire Avery.

Je souffle un peu content qu'il n'ait pas remarqué mon erreur, il est tellement loin dans ses pensées que j'ai l'impression que malgré ma présence dans la pièce, ça ne lui fait ni chaud ni froid, pas plus que le vent froid qui entre dans la pièce. Il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire, je ressens quelque chose d'inexplicable vis-à-vis de ce prince, je n'arrive pas à saisir quoi, je crois que le mieux à faire c'est de retourner aller investiguer à la Capitale. À Avinia.

- Maitre, je dis doucement

- hum

- Il faut qu'on aille à la capitale

- Nous partons demain, prépare tes bagages.

Notre entrée à la capitale se fait sans aucun problème, la calèche nous transporte jusqu'au porte du château et s'arrête dans un hennissement de chevaux. L'expression faciale de mon maître est indescriptible, je me demande si ses yeux ont toujours été si inexpressif, peut être. Je baisse les yeux sous le regard dur de mon maître, il a dû me sentir le regarder.

 - Avance, il me dit.

La cour du palais est la plus belle chose qui m'ait été permis de voir pendant toute mon existence. Les fleurs au mille couleurs qui parsèment les allées, le labyrinthe de gazon... Me donne l'impression d'être dans une autre dimension, un grand sourire vient prendre place sur mes lèvres et je souris encore plus lorsqu'un beau jeune me souris lui aussi, sourire qui fait rater un battement à mon cœur. Pour la première fois quelqu'un me voit et me souris, je passerais volontiers la journée à rêvé de ce sourire enchanteur qui m'a fait me sentir humain.

...*...

À cette heure le roi ne devait déjà plus recevoir d'audience, mais cela ne semblait pas être une contrainte pour mon maître. Au contraire il avançait le dos droit et le visage fermé comme le noble qu'il était. À mon grand étonnement, les gardes se courbèrent au passage de mon maître.

Les portes se refermèrent derrière nous dans un bruit sourd, et nous fument plongé dans le silence total.

- Content de te voir cousin

Je me retournai pour voir d'où venait cette voix, quand mes yeux rencontrèrent deux orbes d'un bleu très clair presque gris. Le détenteur me fit un large sourire, mais ses yeux demeuraient inexpressifs, comme barré d'un grand voile. Une claque derrière la tête me fit sursauter et détourner les yeux de l'homme aux yeux bleu clair.

- Rebelle, ton serviteur à ce que je vois.

Je me sens encore plus mal en entendant ses mots. Cela n'a jamais été dans mon vouloir de décevoir mon maître, mon attitude prouve bien sûr le contraire et mon irrespect mérite une vraie punition. Ses derniers jours m'ont presque fait oublier que j'étais le serviteur et non le simple compagnon de voyage d'un noble voulant pénétrer les baffons de l'empire.

- Frédéric, dit mon maître légèrement agacé.

- C'est bon

Les deux me regardent un moment avant de quitter la pièce, je reste debout au milieu de la pièce désorienté et un sentiment amer vient gagner mon être entier. C'est une blague ça ! S'il voulait que je ne sois pas au courant, il n'avait qu'à pas me traîné avec lui dans sa mission de "sauvetage". Ne trouvant rien d'autre à faire je reste au même endroit et profite pour la détailler un peu plus. Les murs sont décorés de portraits et sur l'une d'entre elle je reconnais madame. Les yeux écarquillés comme des soucoupes, je baisse la tête par instinct. Lorsqu'un poignard fend l'air et vient se planter au milieu du visage de la vieille femme sur le portrait, à quelque mètre de la porte d'entrée. Au même moment, mon maître accompagné de son ami firent leurs apparitions. Face à mes yeux paniqués mon maître m'interroge silencieusement, suivant la direction de mes yeux, il remarque le poignard, au bout duquel est placardé sur le tableau un bout de papier.

- Fichtre ! Jure l'ami de mon maître, Osé s'attaquer à un membre de la famille royal !.

Mon maître grogne, agacé par l'insulte proféré par l'homme debout à quelques centimètres de nous.

- Oh j'oublie !, toi qui éprouves une profonde aversion pour les jurons...

Il se fait couper dans sa tirade par l'arrivé d'un garde tout essoufflé. Celui-ci se courbe avant de délivrer de souffle chevrotant son message. Le bout de papier au mur se fait vite enlever par mon maître, le cachant aux yeux du nouvel arrivant.

- Votre majesté, le prince Early est rentré.

Je regarde mon maître un peu abasourdi, quelque chose cloche ici.

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