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Sorcière, sorcière es-tu là ?

– Est-ce qu'Aramis est revenue ? Interrogea Livi en arrivant à la cantine, Joris et Alexane sur ces talons.

– Je l'ai aperçu avec Tinaugus tout à l'heure, informa Klaus en stoppant l'avancer de sa fourchette vers sa bouche.

– Super merci !

L'intrusion soudaine de Livi dans la cantine causa un silence général. Elle était arrivée aussi vite qu'elle était repartie et tous c'étaient demandés pourquoi est-ce qu'elle recherchait la sorcière.

Elle se dirigea vers la pièce du couturier et toqua avant d'abaisser la poignée.

– Tinaugus tu es là ?

Le ronchonnement perçut par ces oreilles lui informa que oui. Livi progressa dans l'allée délimitée par les rouleaux de tissus, jusqu'à apercevoir la chevelure du veux vampire. Le surnaturel arracha une feuille de son cahier et jeta la boule de papier dans la pièce. Les crayons éparpillés sur le plan de travail, alors que le couturier des amants, Scale Urick, dessinait de nouveau modèle sur un calepin, construisait de nouveau patrons sur la table centrale.

Livi ne se lasserait jamais de voir cette pièce. De toutes les salles du palais elle devait être celle qui était la moins rangée, mais c'est ce qui lui donnait tout ce charme. Tous les tiroirs des boutons étaient ouverts, les rubans étaient posés sur les dévidoirs accrochés au mur, l'étagère remplie de cahiers et de classeurs où dépassaient des feuilles supportait le poids des croquis et des feuilles autoadhésives coloraient le mur au-dessus du bureau sur lequel se trouvait la machine à coudre. Une trousse ouverte contenant de nombreux crayons ainsi qu'une règle, un rapporteur et une équerre se trouvait près du coude de Tinaugus qui mettrait fin à la vie de cette gomme plus vite qu'il ne le pensait, s'il continuait ainsi.

Livi l'interpella une nouvelle fois et les deux vampires relevèrent la tête vers elle.

– Ah, Livi. Je ne t'ai pas entendu entrer. Ça va ?

– Oui ça va. Aurais-tu vu Aramis ?

– En effet. A vingt secondes près tu aurais pu la croiser. Elle a regagné sa chambre d'après ce que j'ai compris. Je ne sais pas si ce que tu as à lui dire est important mais tu devrais être directe avec elle. Elle a l'air assez remonté, et quand elle est dans cet état, elle déteste les personnes qui tournent autour du pot.

Livi hocha la tête et fit demi-tour. Elle atteignit bientôt la porte avec un « A » gravé dessus.

– Ara' ? Tu es là ? demanda fortement Livi en faisant claquer la porte.

La sorcière lui dédia un regard noir et Livi perdit son entrain. Tinaugus avait vu juste. Elle semblait énervée. La sorcière-vampire faisait léviter divers objets dans des tiroirs placés en hauteur.

– Qu'est-ce que tu veux, ronchonna l'hybride.

– Retirer des paillettes, articula mystérieusement Livi.

– Et qu'est ce qui te fais croire que j'ai du temps à gaspiller avec toi ?

L'hybride état vraiment de mauvaise humeur.

– Peut-être parce que c'est une question de vie ou de mort.

Aramis lâcha un « hum » et d'une rotation de l'index, elle fit reculer Alexane dans le couloir, avancer Joris dans sa chambre, puis claqua la porte de sa chambre. Un cliquetis singulier indiqua à Livi que la porte était fermée à clef.

– C'est le livre c'est ça ?

Livi fit abstraction de sa mauvaise humeur, attrapa un tabouret et s'installa non loin d'elle, avant de lui répondre positivement

– Va droit au but Boucle d'or. Je suis très occupée et j'étriperais sans doute le prochain incapable qui me demandera de l'aide. Je veux qu'on me fiche la paix. Tu as 5 minutes pour me demander ce que tu veux, sois convaincante sinon je te mets à la porte.

Livi hocha la tête de haut en bas, heureusement que Tinaugus l'avait prévenu il n'y a pas plus tard que 5 minutes.

– Le roi va mourir.

La sorcière-vampire stoppa ces mouvements et se tourna vers elle. Là, elle l'intéressait.

– Tu aurais dû commencer par là en premier.

– J'ai donc toute ton attention ?

– Même plus, allez parle.

Livi eu un grand sourire en voyant Aramis prendre à son tour son siège.

– Je vais faire vite, mais en somme on doit des remerciements à ta fille. Je ne sais pas à partir de quel moment les sorciers développe leur pouvoir divinatoire, mais la tienne semble en avance. Elle a écrit une simple histoire dans le livre à paillette, pourtant elle y a cartographié les enfers en quelque sorte...

Les oreilles attentives, Joris écoutait avec attention comme Aramis. Depuis les chiffres dissimulés dans les phrases, jusqu'au dôme de fer évoqué, en passant par l'importance du chiffre trois et les fleurs jaune des enfers, Livi conta ce qu'elle savait avec cohérence.

Petit à petit le puzzle se dessinait entièrement. Même s'il manquait quelques informations la globalité des choses rendaient la situation inquiétante.

– Je vois, le dôme agit un peu comme un thermos, c'est une sorte de réceptacle dans lequel on peut y conserver de la matière. Et ça expliquerait pas mal de chose.

– C'est à dire ?

– Bon nombres de personnes s'agitent dehors. Nous sommes parties avec Guiseppe pour des raisons diplomatique, voir même judiciaire.

Aramis expira fortement d'énervement.

– Je n'en reviens pas qu'à notre époque il y ait encore des connards pareilles. Il n'y en a pas plus qu'en 2010 c'est juste que maintenant ils se voient plus ! C'est comme si le départ du roi avait donné un top départ à tous ces abrutis. Bande de petits cons !

La sorcière se mise à faire les cents pas dans la pièce pour se calmer. Bientôt elle se stoppa et pinça l'arrête de son nez.

– Si encore il n'y avait que ça, murmura-t-elle rageusement.

Suivant la demande de Livi, la sorcière leur compta quelques mésaventures auxquelles elle a ait insisté comme Bronislaw, le prince de Russie, qui faisait étrangement face à un banc de crevettes fluorescentes ou encore des relevés anormales d'échos au Groenland dans les glaciers ; alors qu'en Afrique du sud TICTAC essuyait des séismes en masse.

C'était comme s'il y avait quelque chose qui grouillait sous leur pied et ça ne lui plaisait pas.

– Revenons-en à nos moutons. Qu'en penses-tu ? Interrogea Livi.

La dhampire vit la sorcière la fixer tout en croisant les bras contre sa poitrine. Aramis ne devait pas prendre tout cela à la légère.

– C'est un moment plutôt critique en effet mais...

– Mais ?

– Personne n'ira là-bas.

– Quoi ! Pourquoi ? Ils risquent de ...

– Je sais ce qu'ils risquent, coupa sèchement Aramis. Mais réfléchit deux minutes : on ne peut pas faire n'importe quoi.

– Il suffit d'envoyer un message au roi, continua Joris.

– Impossible, ils ont perdu le contact avec lui, fit Livi.

– Comment tu sais ça toi ? Questionna Aramis plus que surprise.

Seuls quelques vampires étaient au courant de cela et le fait que cette information ait circuler jusqu'aux oreilles de Livi était suspect.

– J'ai les oreilles qui traînent, justifia-t-elle sous le regard suspicieux d'Aramis.

Pour tout dire c'était Béryl qui lui en avait touché un mot en l'aidant à rentrer dans la bulle sans se faire attraper.

– Raison de plus pour y envoyer quelqu'un, argumenta Joris.

– Très bien alors qui, lâcha Aramis en calant son dos dans le siège. Qui comptes-tu envoyer ?

Joris sembla hésiter.

– Otis ?

– Occuper avec Kazuo et on ne peut pas y envoyer les princes, leurs absences se feraient remarquer.

– Vasco ?

– Il cherche un moyen de retrouver le roi avec Mike.

Joris nomma d'autres vampire mais pour chacun d'eux, Aramis avait un motif de refus.

– Callidora ?

– Elle est en plein négociation diplomatique avec les conseillers et des représentants. Et il ne vaut mieux pas l'envoyer sur le terrain. Idem pour Mila-Swan, Trevor et Béryl. D'ailleurs elle a des cours à assurer.

– Un membre de la garde vampirique ? Ajouta Joris.

Aramis secoua négativement la tête encore une fois.

– L'absence de l'un d'eux se ferait aussi remarquer. Je te l'ai dit, Jagger à placer les gardes là où il faut.

– Mais ils vont bien finir par se douter de quelque chose. On ne sait même pas pendant combien de temps est-ce qu'ils devaient partir, renchérit Livi.

– Les plus qualifiés pour cette mission serait les membres de l'équipe 1, mais depuis qu'ils ont quitté les enfers, ils ont interdiction d'y retourner. Je pourrais te dire que le roi est entre de bonne main avec une bonne équipe qu'il a lui même composé ; mais cela serait bête... C'est même légitime de s'inquiéter. Je ne dirais pas que c'est quelque chose d'habituelle, mais il lui arrive de manquer à l'appel de temps à autre.

– Mais il fini toujours par revenir, devina Livi.

– Exacte.

Joris passa une main dans ces cheveux, jeta un rapide coup d'œil à la blonde puis dirigea ces iris en direction d'Aramis.

– Alors Swam ? Continua le vampire.

Aramis fronça les sourcil, à croire que Joris ne l'avait pas du tout écouter.

– Tu as d'autres âneries à sortir comme ça encore ? Son retour est déjà en première page des journaux qui sortiront, alors s'il disparaît de nouveau ça sera encore plus problématique. Les journalistes n'attendent que ça, les autres aussi d'ailleurs. Se rendre en enfer est un sujet très sensible chez les autres communauté et interdit même. Lucan connaît suffisamment Jagger pour pouvoir gérer les affaires d'ici en se faisant passer pour lui, mais pour le reste, chaque pion doit être à sa place sur l'échiquier.

Aramis quitta sa chaise et commença à faire les cent pas dans la salle.

– La fourberie est un art continuellement utilisé chez les vampires, on pourrait presque croire que c'est un gène chez nous.

– Mais Jagger y est quand même aller, renchérit Joris.

– Tu le connais aussi bien que moi, mon Petit Ange, articula malicieusement Aramis en se penchant vers le concubin.

Elle attrapa son menton de ces doigts et le fit relever la tête.

– Sa majesté n'a besoin de l'autorisation de personne pour faire ce qu'il veut.

Elle lâcha son menton et s'écarta quelque peu.

– Il doit juste faire attention à ne pas brûler ces jolies fesses, termina Aramis avec un clin d'œil.

La sorcière continua à tourner en rond dans sa chambre, les mains croisées derrière le dos, comme si elle attendait quelque chose de leur part.

– Alors envoie-nous, prononça Livi.

La sorcière leva un sourcil d'amusement.

– Et en quel honneur ?

– Tous les « membres importants » ont déjà un rôle à jouer, il n'y a que nous, les membres de la bulle, qui n'avons rien à faire. De plus ça ne dura pas longtemps, juste un allé retour.

La surnaturelle aux cheveux rouges sourit.

– Je pensais que vous ne le diriez jamais.

– Tu avais déjà cette idée en tête, devina Joris.

– Oui, et c'est bien ça le souci. Une des deux solutions serait d'envoyer une personne interne au palais.

– Quelle serait l'autre solution ?

– N'envoyer personne et les laisser faire. Seulement j'ai cru comprendre que cela ne vous plaît pas particulièrement.

Les deux concubins approuvèrent.

– Quand bien même je serais d'accord pour vous envoyer, ce qui n'est pour l'instant pas le cas, vous sembler avoir obstruer un obstacle majeur.

– L'intendante, fit Joris.

– Pas si on a les bonnes cartes à jouer, contra Livi avec une pointe d'amusement dans la voix.

– Tu m'intrigues vraiment... Vas-y balance Boucle d'or.

– Il faut envoyer quelqu'un qui en sait suffisamment pour savoir ce qu'il a à faire, ni plus ni moins.

– Qui as-tu en visuel ?

– Moi.

– Tu rêves ma belle.

– Je suis la seule qui en sache autant.

– C'est à se demander comment est-ce que tu sais tout ça, mais non tu n'iras pas seule.

– Alors une des jumelles viendra avec moi.

– Ou bien moi, fit Joris.

– Oui ou lui, répéta Livi.

– Et comment comptes-tu passer sous le nez de l'intendante ? Si vous vous faites prendre vous êtes bon pour un séjour au cachot jusqu'à ce que le roi revienne.

– Si elle ne nous voit pas, on ne risque rien, objecta Livi.

– A bon et comment ferais-tu ça ? En te dédoublant ?

– Plus ou moins. Le dédoublement ne durerait pas longtemps....

– Il y a plus de chance de devoir faire face à un doppelgänger qu'à un gentil double, coupa Aramis.

– Justement. L'astuce s'est d'être à un endroit sans y être à la fois. J'ai lu un truc intéressant il y a un moment et je pense qu'il est temps de dépoussiérer tes poupées, fit Livi en indiquant de la tête les poupées à l'effigie de certains vampires posées sur l'étagère.

– Personne ne touche à ses poupées à part moi.

– Pourquoi est-ce que tu crois que je suis venue te voir ?

– Que l'on se mette d'accord sur un point : tu dois juste aller le prévenir ou à la limite appuyer sur un bouton et c'est tout. Tu vas du point A au point B, ni plus ni moins, pas de bravoure inutile ou de détour hasardeux. C'est clair ?

– Limpide.

– Alors explique-moi plus en détail ce que tu veux faire.

Livi sourit.

– Certain appelle ça la triade trois en un : le but c'est d'avoir trois facettes de nous-mêmes, le corps, l'esprit et l'âme, séparées pour accomplir différentes choses. Tu lancerais le sortilège sur notre corps pour extraire notre esprit et notre âme. L'esprit est le siège de la conscience, il dispose d'une certaine autonomie et d'une certaine liberté, il vagabonderait dans la bulle à notre place...

– Comme si vous étiez toujours ici, comprit Aramis et Livi opina de la tête.

– Quant à notre âme, qui est un foyer spirituel mais aussi une énergie qui maintient le corps en vie, elle renterait sans problème dans une de tes poupées qui irait aux enfers. Après tout c'est grâce à ça si nos organes fonctionnent tout seul.

– C'est plausible oui, mais il y a de nombreux points à revoir comme la durée de votre voyage....

– Je sais.

– Non tu ne sais pas. Pendant ce laps de temps, votre corps serait un réceptacle pour les esprit errants... Le corps l'esprit et l'âme sont comme des poupées russe : le corps qui sert d'enveloppe, à l'intérieur il y a l'esprit qui contient l'âme. Enlève un seul de ces trois éléments et les conséquences pourraient être ... Funeste. Sans corps vous devenez des fantômes, sans âmes vous devenez des goules, sans esprit vous devenez des poupées étranges. Vous n'êtes ni morts, ni vivants.

– C'est pour cela que je voudrais joindre Milwaukee, c'est un fantôme. Il a ... L'habitude de vivre avec tout cela, il pourrait nous être utile et nous rassurer.

– Je croyais que tu voulais limiter les personnes au courant.

– C'est bien ce que je veux, mais on ne peut pas y arrivait seul.

– Qui est déjà au courant ?

– Joris, les jumelles, Mila-Swam et toi. Abigaël et Béryl ont des doutes. J'aurais besoin de parler avec le membre de l'équipe 1 qui manipule les corps aussi.

Aramis soupira longuement. Livi ne changerait pas d'avis de ci-tôt.

– Je veux bien essayer, mais avant ça, donne moi une troisième raison de t'y envoyer.

– Quoi ?

– Tu as tout à gagner. Si Jagger meurs tu pourras rentrer pour toi.

Aramis avait raison, sans lui elle n'avait plus de raison d'être ici.

– Peut-être mais vous vous avez tout à perdre. Chez les vampires, les mordus sont en quelque sortent considéré comme des enfants et j'ai bien cru comprendre que je n'étais pas la première personne qu'il avait mordu.

Aramis ouvrit sa bouche avec stupéfaction.

– Tu es diabolique, miaula Aramis.

– Swam avec une couronne sur la tête, je me demande bien ce que ça peut donner, continua Livi.

Aramis gloussa un peu tandis que Joris grimaça. Il valait mieux, pour le bien de tous, que Swam n'accède pas au trône. Jamais.

– Soit j'accepte de t'aider ; mais que me donnes-tu en échange ?

Avec Aramis c'est donnant donnant. Elle ne rendait pas de service pour rien, ça Livi le savait déjà. La blonde l'avait même prévu, toute fois, elle n'avait rien à lui donné. Alors elle lui offrit la seule chose qu'elle pouvait faire.

– Je te rendrais un service. N'importe lequel.

– Es-tu sûre de ce que tu dis ? N'importe lequel ?

– Dans la mesure du possible.

La sorcière réfléchit un instant avant de sourire.

– Très bien je marche, fit-elle en leur indiquant la porte. On se retrouve chez Tinaugus dans un quart d'heure pour peaufiner tout ça, maintenant ouste ! J'ai des choses à terminer.

Poster devant la porte close, Livi espérait que l'esprit tordu d'Aramis n'ait pas imaginé un service trop hasardeux. La dernière fois qu'elle lui avait demandé un service, Aramis l'avait aidé à quitter la zone de sécurité lors du Parhélie sans rien demander en retour et ça l'étonnerait grandement que cela se passe de la mêle façon cette fois-ci.

Alors Livi croisait secrètement les doigts, parce qu'avoir un accord avec une sorcière était dangereux.

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