Accrochage, doute et confusion
En prison, être innocent, c'est du manque de tact.
Dans la bulle, être humaine, c'est être repérée à coup sûre ; à moins que vous ne soyez enduit d'une substance au parfum nauséabonde comme la rafflesia. Cette fleur sans feuille qui peut peser jusqu'à 10kg et dont la pollinisation est assurée par des mouches grâce à son odeur de viande en décomposition, avait de la chance. Au moins elle était sûre d'avoir la paix. Livi, elle, n'avait pas cette chance : elle sentait bon. De ce fait elle se faisait facilement repéré par les vampires, encore plus par Kaezer et son nez fin. Ça Alexane l'avait bien compris, c'est sans doute pour cette raison que la vampire ne cessait de jeter un coup d'œil sur Livi à chaque fois qu'elle voyait le vampire s'agiter.
D'une oreille attentive, Alexane écoutait ce que disait les jumelles, mais ces yeux eux avait en permanence Livi dans son champ de vison. Elle la trouvait trop sage, trop tranquille, comme si elle attendait le retour du roi en essayant de s'occuper comme elle le voulait à l'intérieur de la bulle, et elle trouva cela suspicieux. A chaque fois elle revoyait ces cheveux relevés en une couette de cheval et son regard marron dirigé vers le chat confortablement allongé sur ces cuisses.
Stupide félin.
Alexane n'aimait pas les chats. Ils ne sont pas aussi mignons qu'ils en ont l'air : ils ont le profil type du manipulateur. Après 10 000 ans de cohabitation, ils ont développé des techniques de communication pour se faire comprendre, comme le miaulement. Pourtant ils se feront une joie de vous snobez lorsque vous l'appeler. En revanche si vous ouvrez son repas du soir en même temps, il y a de forte chance qu'il rapplique rapidement.
Ces matous savent comment obtenir de la nourriture sans travailler, un abri sans loyer.
Les chats sont des exemples type de sophistication moins la civilisation. Le plus drôle dans tous cela c'est que l'amour non réciproque éprouvé par leur propriétaire ne les dérangeaient nullement. Pour l'animal, l'être humain ne représentait qu'un distributeur de croquette.
Alexane ne savait pas si cela était dû à leur fichu statut d'ex bête à bon dieu de l'Egypte antique, mais ce royal animal déterminait mathématiquement l'endroit exact pour s'asseoir à l'endroit qui causera le plus de dérangement. Le lit de Livi, le fauteuil d'Héliette, la chaise d'Abigaël en cuisine, les laines de Tinaugus, le dernier tiroir du bureau de Mona, le clavier de l'ordinateur de l'intendante, ou encore sur le tapis d'entrée en savaient quelque chose. Un vrai envahisseur ce chat.
Alexane grimaça en voyant Livi faire un câlin à l'animal.
Beurk.
Visiblement cette humaine à demi écervelée ne savait pas ce qu'était la Toxoplasma gondii. Ce parasite intracellulaire est responsable de la toxoplasmose. En résumer il agit comme un filtre d'amour : il vous rend accros à lui. Voilà l'un des secrets des chats pour être aimé, il n'en est pas moins que le chat reste la troisième source d'allergie après les acariens et le pollen. Ne vous laissez donc pas attendrir par la souris, l'oiseau ou le lézard mort qu'il vous ramène après vous avoir malencontreusement griffé. Il vous montre juste ce dont il est capable.
Les tissus des rideaux et des robes de Tinaugus pouvaient d'ailleurs en attester. Lui aussi n'aimait pas les chats.
Ils sèment leur poil partout, parlent la langue des signes avec sa queue, passe un trier de leur temps d'éveil à se laver, dorment 70 % de leur temps et ne prennent jamais une pose qui ne soit pas photogénique.
Alexane ne comprenait vraiment pas comment on pouvait aimer ces cracheurs de boule de poil. Elle préférait les chevaux. Voilà un animal franc, qui fait ces besoins de hors et non dans un bac à sable qui empeste. En plus on pouvait montrer sur leur dos.
Et puis il était commun d'entendre que la façon dont on traite le chat déterminaient notre statut au paradis. Alexane ne souhaitait y aller pour rien au monde, c'est pour cela qu'elle n'hésita pas à attraper le matou par la peau du cou pour le retirer des bras de Livi et le mettre dehors sous les râles de la blonde.
- Tu n'as pas de cœur, ronchonna la bonde en entendant le miaulement du chat derrière la porte.
- Dans certaine civilisation, les chats portent malheurs, souviens t'en, lui répondit-elle sèchement en allant se laver les mains.
Livi elle leva les yeux au ciel. Cette femme avait vraiment un problème et puis Coconut n'avait pas le pelage noir, mais marbré. Elle qui avait passé une bonne soirée jusqu'à maintenant... La blonde soupira, elle sentait que le vent n'allait pas tarder à tourner.
À peine n'apercevait-elle plus la silhouette d'Alexane dans son champ de vision que Livi se dirigea vers la porte. Chance, ou malchance, l'intendante ne se trouvait pas à son bureau, Livi avait donc la voix libre. Cela n'empêcha pas aux autres amants de la suivre du regard et de froncé les sourcils en la voyant abaisser la poignée de la porte.
Cette dernière sursauta en apercevant une silhouette juste derrière la porte, puis respira plus tranquillement en voyant que ce n'était qu'Aldric.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je viens voir Mau... l'intendante, se corrigea-t-il. Et toi ?
- J'ai un droit de sorti.
- Les jolies filles ne devrait pas mentir, devina facilement Aldric.
- Je récupère juste le chat, avoua Livi. Dis bonjour Coconut.
La concubine souleva le chat du sol. L'animal miaula une première fois mais lorsqu'il se retrouva au niveau du vampire et qu'il croisa son regard, celui-ci sembla prit d'effroi et s'agita.
- Doucement, intima-t-elle.
Se débattant entre les mains de la blonde, qui ne comptais pas le lâcher, il finit par sortir les griffes. Ces dernières entaillèrent la peau de Livi qui le lâcha.
- Aïe ! Coconut ! Gronda-t-elle alors que le félin se réceptionna sur ces pattes, passa entre ces jambes avant de filer à l'intérieur de la bulle.
La dhampire ne vit nullement le regard sombre du vampire brun à la coloration blonde.
Suivant Coconut du regard, Livi fit de même en retournant à l'intérieur et se stoppa dans sa lancé en voyant le regard d'Alexane et de l'intendante braqués sur elle. La blondinette cacha immédiatement ces bras dans son dos en sachant pertinemment que les deux vampiresses avaient remarqué les griffures sur ces avant-bras. C'est ainsi qu'elle dû supporter le discours rébarbatif et colérique de l'intendante sur « sa piètre sottise irréfléchie », épaulée par le regard furieux d'Alexane qui approuva tous ces dires. Si elle entendit le gloussement du prince de France dans son dos, Livi elle ne ria pas. Il s'en suivit un autre discours sur l'inutilité flagrante de l'animal au duvet marbré qui énerva davantage Livi. Elle avait de se tirer une balle dans la tête. Elle ne savait pas si c'était de la surprotection, de l'abus ou tout simplement du psychodrame, mais l'intendante exagérait grandement pour rien. Il n'y avait pas mort d'homme à ce qu'elle sache, alors pourquoi est-ce qu'elle en faisait tout un plat ?
Lasse de cette allocution inutile et à sens unique qui dura une bonne dizaine de minutes, Livi ne se gêna pas pour lever les yeux au ciel et accuser les deux surnaturelles. Ce n'était que justice, après tout, si la concubine n'avait pas mis le chat dehors et si l'intendante était restée à ce moment-là à son bureau, rien de tout cela ne se serait passé.
Les deux vampires restèrent bouche-bée devant l'aplomb de Livi qui avait eu l'indécence de les accuser. Bien entendu cela se transforma en dispute entre les deux concubines qui en se supportaient pas...
- Ecoutes-tu seulement lorsqu'on te parle ? Reprocha Alexane.
- Je serais tentée de dire oui, mais ce n'est pas le cas. J'en ai rien à faire de ce que tu racontes, contra Livi.
- J'applique les ordres !
- Oui je le sais ! Tu as passé la journée entière à me le répéter ! Et tu veux que je te dise : c'est une grosse connerie ! Tu as autres choses à faire que me suivre à la trace, je n'ai pas 4 ans que je sache !
- Je ne contesterais aucun ordre du roi ! Réprimanda Alexane.
Livi soupira de lassitude. Encore et toujours cette phrase. A croire qu'elle ne pouvait rien faire par elle-même. Il lui avait demandé de la surveiller, pas de la materner.
Du point de vue de la vampiresse, c'était quelque chose d'indiscutable. Les membres de la bulle étaient habitués depuis plus d'une cinquantaine d'année à obéir au roi aux doigts et à l'œil, pour Livi c'était tout le contraire.
Les concubins, et le personnel vampire -à savoir l'intendante, Abigaël et Tinaugus- s'approchèrent des deux femmes en ébullitions. Même Héliette c'était levée, sentant la dispute à plein nez. Seul Aldric, resta en arrière. Il n'avait pas fini de discuter avec l'intendante, et se sentait presque de trop dans toute cette scène, mais il voulait absolument savoir comment cela allait finir.
- Et alors tu n'es pas sa boniche que je sache ! Tu as droit à un minimum de personnalité ! Il te dirait de t'exposer le crâne, tu le ferais ? Cracha Livi.
- Oui, fit-elle sans appel.
- Tu le fais exprès où c'est ton string trop serré qui provoque le manque d'oxygénation de ton cerveau ?
- Ta réflexion ne me surprend même pas. Une fille comme toi ne peux pas comprendre. Ça ne fait que cinq mois que tu es là, tu as peut-être accédé au rang de concubine, mais c'est tout. Tu n'as aucune idée de ce qu'être amant ou concubin représente réellement, alors baisse d'un ton. Tu t'es prise pour qui au juste pour croire que tu pouvais faire ce qui te chantes ici ? La femme du roi ? Tu es encore en vie seulement parce qu'il nous a dit de ne pas te toucher, et nous, contrairement à toi, nous obéissons à ces ordres ; car nous le tenons en estime et le considérons comme le grand roi qu'il est. Nous sommes tous ici car il nous a choisi, alors ne te prend pas pour la miss du monde. Si nous sommes toujours là c'est grâce à lui, nous lui devons tous quelque chose, et n'hésiterons pas à faire ce qu'il nous demande. Sans aucune hésitation.
C'était la première fois que Livi entendit Alexane parler aussi longtemps. La vampiresse c'était approché d'elle de manière menaçante au fur et à mesure qu'elle articulait ces mots acides.
- Jagger a ...
- Ne prononce pas son nom. Coupa farouchement Alexane.
- Très bien alors je reprends. Cet andouille royal a peut-être sauvé vos vies, mas il a pourri la mienne ! Vous lui devez quelque chose, pas moi. Restez entre quatre murs sans jamais sortir vous conviens très bien, alors soit restez ici ! Moi j'en ai marre ! En particulier à cause de la présence d'une petite précieuse qui nous enquiquine comme ce n'est pas permis ! Ici je ne vois que toi qui prend les gens de haut ! Tu es imbuvable, toujours à ramener ta fraise alors qu'on ne t'a rien demandé, à faire des remarques alors qu'on s'en fou de ton avis !
- Parce que c'est moi l'emmerdeuse ?! Tu cours sur le haricot de tout le monde ici mais personne n'ose te le dire à part moi !
- Sans blague ! Fit Livi sur le même ton. Si je vous soule il suffit de me le dire ! Fit-elle ne s'adressant cette fois-ci aux autres.
Personne n'ouvrit sa bouche.
- Emmerdeuse et menteuse, franchement bravo ! Beau palmarès ! Fit Livi en applaudissant Alexane avec mépris.
Cette femme n'était qu'une menteuse avec du pouvoir, une perverse narcissique sincère, qui ne supportait pas les humaines pathétiques qui se croyaient tous permis juste parce qu'elle jouissait de quelques faveurs du roi. De son point de vue Livi en abusait, sans compter qu'elle se permettait d'insulter leur souverain dans son dos, et pire, face à lui.
Aucun n'avait soutenu les dires d'Alexane, pourtant elle souriait doucement en croisant les bras contre sa poitrine, son menton abaissé pour mieux dévisager Livi grâce à sa grande taille.
- Parce que tu crois sincèrement qu'ils diront la vérité devant toi ? Tu crois que ça amuse Mona et Lénaelle de se faire punir à ta place, que cela amuse Klaus d'abimer sa relique en te laissant jouer avec, que l'intendante apprécie de te surveiller car tu n'as aucune manière, ou que Joris apprécie de perdre son temps avec toi alors qu'il a bien mieux à faire ? Kaezer lui, doit constamment prendre des médicaments pour s'affranchir de ton odeur. Les seuls qui éprouvent de l'amusement à ton égard sont Abigaël, car tu n'as pas le même régime alimentaire que nous, et Guiseppe parce que c'est rare d'avoir une humaine qui tient aussi longtemps chez nous. La dernière a tenu... sept mois il me semble avant de s'en aller pour de bon. Mais celui que je plein le plus c'est Lucan. Il voit ta face tous les jours. Quotidiennement il doit conduire une pseudo-aventuriste irréfléchie et impertinente jusqu'au bureau du roi. Sais-tu tous ce dont il a dû s'occuper à cause de toi ? Tu te permets d'insulter notre souverain, sur notre territoire, sous notre toit, seulement parce que tu le prends pour un, veillez pardonner mes mots, pisse-sperme sur patte. Nous avons tous conscience que le roi est sexuellement actif, mais il n'a rien à prouver. Et certainement pas à une petite conasse tel que toi !
Alors que l'intendante s'époumona à l'entente de ce vilain mot, les joues de Livi rougirent de gêne et de colère. Tout le monde les regardait. Tout le monde les écoutait. Tout le monde attendait une réaction de sa part, chose qui se fit attendre. Livi ne savait pas quoi répliquer.
Est-ce que tous ce qu'elle avait dit était vrai ?
Livi pouvait facilement dire que de temps à autre elle dérangeait les autres, mais elle n'avait jamais été une enfant à problème, enfaite elle était plutôt indépendante. Et puis c'était eux qui étaient venus la voir et pas l'inverse. Elle avait peut-être un peu forcé la main à Klaus, mais il était tout aussi ravi que lui de pouvoir jouer au babyfoot. Néanmoins elle les avait trouvé un peu distant avec elle ces temps-ci...
- Je ne vois même pas comment tu as pu plaire au roi, continua Alexane sur sa lancée. C'est quoi ces mèches bleues ? C'est ridicule, même la plasturgie ne pourrait rien pour arranger ça. Et ça là ? C'est ta réserve pour l'hiver ou ta bouée de sauvetage ? Toi et la beauté êtes comme deux droites parallèles, vous ne vous croiserez jamais.
- Alexane sa suffit, clama Joris assez fort pour qu'elle puisse l'entendre.
La brune lui lança un regard noir avant de retourner son attention sur Livi qui avait croisé les bras contre sa poitrine à son tour. Être énervé n'était pas un des états émotionnels les plus courant chez Livi, mais cette vampiresse l'irritait au plus haut point. Elle avait envie de la gifler sévèrement.
- C'est bon ? Tu as fini de faire ta chieuse colérique ou t'es encore constipée ? Cracha Livi à son tour en tentant de retrouver son calme. Ça t'amuse de critiquer les gens comme ça ? Ces mèches ne sont que le fruit d'un agréable accident, et je les garderais jusqu'à la fin de ma vie sans jamais les regretter ! C'est quoi ton problème au juste pouffiasse ? T'a un complexe d'infériorité ? Tu te sens menacer ?
- Par une petite garce de ton genre, je ne crois pas non.
- Alors pourquoi tu me parles ? D'habitude c'est à peine si tu daignes ouvrir ta grande gueule pour dire bonjour, mais aujourd'hui tu as décidé de faire part de tes états d'âme publiquement !
Profonde, grandissante, envahissante, la colère sourde et si soudaine avait enroué la voix de Livi. Défendant à son tour son point de vue, une déferlante de phrases structurées résonna dans la pièce devenue silencieuse. Personne n'osait parler, personne n'osait les interrompre, pas même l'intendante.
Elles hurlent chacune leur tour, vidant leur sac sans contrainte, car elles en avaient besoin. Elles avaient gardé cela bien trop longtemps pour elles, alors maintenant, leur langue se déliait.
- Franchement, ta gueule. Je ne vois même pas pourquoi est-ce que je perds mon temps avec toi. Achète-toi une vie ma pauvre, trancha Livi en remontant les escaliers.
Sans attendre de réponse elle claqua la porte au nez de la surnaturelle qui ne tarda pas à faire la même chose quelque seconde après en s'enfermant dans sa chambre. La jeune femme s'affala sur son lit, et la tête plongée dans l'oreiller poussa un hurlement de rage.
Les mots sont la pire des armes. Ouvrants des blessures invisibles et éphémères, ils ravageaient le cœur, transperçaient l'âme et atomisaient la conscience. Elles ne s'en étaient pas rendu compte mais les deux femme s'étaient enfermées dans leur chambre, le cœur meurtri, laissant les autres vampires nager dans la perplexité la plus complète. Ils ne savaient pas quoi dire, ne savait pas comment réagir. Chacunes d'elles avaient défendu admirablement son point de vue, bien que les mots d'Alexane étaient bien plus nuisibles.
Des sentiments, des mots, des pensées, des émotions se frayèrent dans le bordel du cœur de Livi. Elle se surprise à prier pour que Jagger revienne au plus vite.
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Voila une belle photo de Coconut
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