Chapitre 7 : L'Alliance des Destins

Les jours suivant le concert furent marqués par une étrange sérénité dans le cœur d’Art’héna. L’écho des applaudissements résonnait encore dans sa mémoire, mais au-delà de la reconnaissance, ce moment avait réveillé en elle une question qu’elle avait trop longtemps ignorée : *Et si ma quête n'était pas celle de l'échec, mais celle de la vérité ?*

Désiré, toujours présent comme une ombre bienveillante, sentit ce changement. Il la trouva un soir, assise devant une vieille guitare, ses doigts jouant distraitement des accords qu’elle ne maîtrisait pas encore.

« Tu écris une nouvelle chanson ? » demanda-t-il en s’asseyant près d’elle.

Elle releva les yeux, une lueur de malice mêlée d’hésitation dans le regard. « Pas vraiment. J’essaie juste de comprendre pourquoi tout ce que je touche semble prendre un sens que je ne contrôle pas. »

Désiré rit doucement. « Peut-être parce que tu n’as jamais essayé de contrôler quoi que ce soit. Tu te laisses porter, et c’est ça qui te rend si spéciale. »

Mais Art’héna ne riait pas. « Et si je voulais vraiment choisir cette fois ? Pas pour échouer, ni pour réussir, mais juste… pour me prouver que je peux mener quelque chose du début à la fin ? »

Désiré sembla réfléchir un moment. « Alors choisis. Mais rappelle-toi que peu importe ton choix, il ne s’agit pas de plaire ou de déplaire. Il s’agit de toi. »

C’est ainsi qu’Art’héna prit une décision audacieuse. Elle allait enregistrer un album. Pas un album pour vendre ou pour se faire connaître, mais un recueil intime de ses émotions et de ses pensées, qu’elle déposerait dans un petit studio local sans grandes prétentions. Ce serait sa manière de se confronter à elle-même, sans public, sans attentes.

Le processus fut plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé. Ses propres standards devenaient son pire ennemi. Elle doutait de chaque note, de chaque mot, de chaque mélodie. Mais à mesure qu’elle avançait, elle comprit que cet effort, cette lutte pour aligner sa musique avec son âme, faisait partie de ce qu’elle cherchait depuis si longtemps.

Un jour, en sortant du studio, elle croisa une vieille femme qui vendait des fleurs au coin de la rue. La femme semblait fatiguée mais souriante. Art’héna s’arrêta, intriguée, et acheta un bouquet.

« Vous êtes la jeune fille qui chante au quartier ? » demanda la femme avec un sourire édenté.

Art’héna hocha la tête, surprise.

« Merci, ma fille. Vos chansons... elles parlent à des gens comme moi. Continuez. »

Ce simple échange la toucha profondément. Peut-être que sa musique n’avait pas besoin d’être parfaite ni même aboutie. Peut-être que son rôle n’était pas de répondre à ses propres attentes, mais d’être le lien fragile entre des âmes dispersées.

Le soir même, alors qu’elle partageait ses doutes avec Désiré, il lui proposa une idée surprenante : organiser un concert collaboratif, où elle inviterait des talents locaux à chanter avec elle. Ce serait une soirée où chacun aurait une voix, où les imperfections deviendraient la beauté du moment.

Elle hésita, mais quelque chose dans la proposition résonnait comme un appel. Art’héna accepta. Ce projet serait son prochain défi, non pas pour échouer ni pour briller, mais pour construire un pont entre elle et les autres.

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