La Dix-septième

La Dix-septième

I

Quand je vois tous ces enfants de riche profiter de l’argent de leur parents, je me dit que je leur cracherais bien toute mon amertume à la gueule.

J’entretiens une profonde haine envers tous ces mioche qui roule en porche, qui s’habille en Louis Vuitton, qui habite dans des villas énormes et qui passe leur vacances à Miami. Certain diront que c’est de la jalousie. Et oui, ils ont raisons. Il y a une partie de moi qui les envie, qui les jalouse pour ce qu’ils ont et que je n’ai pas. Mais pas que. Je les déteste aussi pour eux. Eux tous entier et pas simplement pour ce qu’ils ont.

Combien de fois s’est t’on moquer de moi parce que je n’avais pas de voiture ? Combien de fois m’a t’on évite comme la peste pour ne pas porté de vêtement de marque ? Combien de fois m’a t’on hué à la cantine parce que je mangeais un sandwich ?

Ils ne comprennent pas la chance qu’ils ont.

C’est gens là ne connaissent pas le froid qui vous glace quand vous devez marcher durant deux heures sous la pluie pendant qu’eux sont au chaud dans leur bagnole.

Nous ne sommes pas du même monde. Pourtant nous sommes dans la même école, le lycée St-Arminne.

Ma mère n’ayant pas les moyens de nous payer une éducation prestigieuse.

Elle nous avait mit, mes frères et moi, dans le collège-lycée publique à côté de cher nous.

A peine deux mois après la rentrée en sixième, les professeurs ont décidé de me faire passer un examen. Je l’ai réussi et ils m’ont obtenu une bourse pour finir mes études au Collège-Lycée St-Arminne.

Je dois avoué que le niveau n’est pas le même. Mais j’arrive quand même à suivre même si certain s’amuse à balancer mes cahiers dans la flotte.

En effet, j’ai du mal à m’intégrer.

Nos niveau de vie ne sont pas les mêmes et beaucoup m’évite comme si j’avais le choléra.

Au début, j’ai essayé de m’intégrer. Mais après m’être pris vent sur vent sur râteau, j’ai vite abandonné l’idée d’une vie sociale.

Mais je n’ai pas le droit de me plaindre, je suis dans une très bonnes école. Et même si je dois marcher pendant deux heures tous les matins pour rejoindre mon lycée à New-York, que je ne vois presque plus mes frères qui ne sont pas dans le même établissement et que je me fais craché dessus tous les jours, je ne dois pas me plaindre.

- T’es toujours là la S.D.F ?

Je ne répond pas et continu d’avancer. Il me reste dix minutes avant la sonnerie. Sa voiture roulant à mon allure, il est à côté de moi et je pourrais certes lui mettre une claque facilement mais je n’ai pas vraiment envie de finir la tête dans les chiottes voyez-vous.

- C’est ça. Fait comme si tu m’entendais pas.

- ****** ! continu la blonde sur le siège passager se trouvant être sa sœur.

Marcus referme la fenêtre de son Audi R8 noir et reprend sa route. Ce que je les haï tous les deux.

N’ayant pas de montre, je regarde sur la devanture de la pharmacie. *****, je suis en retard.

En plus, il fait que je pense à me racheter des médicaments.

•••

- Vous êtes en retard mademoiselle.

- Je suis désolé madame.

- Aller vous assoir en vitesse, me balance t’elle sèchement.

- Merci.

Je me dirige vers ma place au fond de la pièce. Ma voisine de classe s’appelle Mari.

C’est une ami de Lilia, la blonde qui m’a insulté plus tôt. Donc autant vous dire que c’est le genre de fille sur qui je cracherais bien ma fameuse amertume. Vous voyez cette catégorie insupportable, qui crois qu’elles sont parfaite en tous point ?

Vous l’avez ? Oui bas ça, c’est le genre typique de fille qui règne dans ce lycée. Il y en a partout. C'est simple, il n’y a que ça ici.

Quand la pause arrive enfin, je file aux toilettes.

Marcher ça donne envie de faire pipi. J’entre dans une cabine et une fois fini, je sort et me dirige vers le lavabo. Celui ci est occupé par toute la clic de Lilia qui sont occupées à se remaquiller. Les trousses de beauté éparpillée sur les rebords des quatres pauvres lavabos surpeuplés d’une dizaine de fille toute entassée autour me donne la désagréable sensation de ne pas être à ma place.

Je lance un timide pardon à une fille pour pouvoir accéder aux robinets. Celle ci se retourne vers moi, me dévisageant sans pitié. Ne déscidant pourtant pas de se pousser, elle s’accoude au meuble sans lâcher mon regard. Toute les filles autours de nous se retourne pour me regarder de haut en bas.

- Tu veux quelque choses la poulleuse ?

Certaines d’entre elles lâchent un petit rire, tandis que d’autre reprennent leur rouge à *****.

- Je voudrais pouvoir me laver les mains.

Elle se retourne.

Dégouté, je quitte les toilettes et me dirige vers d’autres.

Je me lave les mains et retourne en classe.

La professeur arrive dans la pièce. Elle pose son manteau sur son siège et se retourne vers nous. Puis elle commence son cour.

•••

La sonnerie retentit. Je m’abaisse pour ranger mes affaires dans mon sac quand je constate que celui ci a disparue. Je me retourne vers Mari.

- T’a vu mon sac ?

Elle glousse et sort de la pièce sans me répondre. Bas va-y snobe moi j’te dirais rien, Pétasse. La classe se vide mais aucune trace de mon sac. Je l’avais pourtant se matin, et il était là à la pause.

- Dépêcher-vous jeune fille.

Je sort alors de la piece en pensant à vérifié sous les tables. La professeure ferme la classe et part, me laissant seul dans le couloir. Je marche alors vers les toilettes que j’avais utilisé ce matin en sachant toutefois que je n’avais pas pris mon sac.

Marchant dans les couloirs, un rassemblement d’adolescents surexcités me fait tourné la tête vers l’extérieur du bâtiment.

Quel bande d’enfoiré !

Je sors en vitesse. Marcus se tourne vers moi, un sourire de fierté sur les lèvres.

- Tu cherche quelque chose ?

- Petit con !

J’en ai ma claque de lui et ses conneries à deux balles.

- Pardon ? J’ai pas bien entendu. Tu peux répéter?

Avant que je puisse rajouter autre chose il m’attrape part les cheveux et m’oblige à relever la tête vers lui.

J’ai l’habitude à force mais c’est vrai que ça surprend toujours un peu.

Il fait souvent ça. C’est un peu son moyen de dissuasion préféré. Dans cette position, je ne peux rien faire. Si je riposte il me cole généralement une droite dans le bide. Et je suis vraiment pas d’humeur à me faire cogner aujourd’hui.

J’opte donc pour le silence et grâce à cette sage décision, son sourire s’agrandit et sa poigne se desserre.

- Je préféré ça.

Il me relâche et se recule. Le public éclate de rire.

Je déteste ce genre de moment.

Ce moment où tu comprend qu’ils se foutent de ta gueule, que tu n’auras jamais d’ami parmi eux parce que personne ne veux l’être avec toi, ce moment où tu comprends qu’ils se fichent royalement de ce que tu peux ressentir. Ce moment où ils éclatent de rire par ce que tu viens d’être dénigré devant tout le monde comme si tu n’avais aucune valeur.

Je déteste tous ces moments. Tous ces gens. Pour autant de raisons qu’il n’y a de personnes sur cette Terre.

Voir mon sac accroché dans un arbre qui se trouve au milieu de l’étang du jardin des lycéens me donne envie de tous les étriper un par un.

•••

Poussant la porte, elle s’ouvre toute seule. Huit mois qu’il n’y a plus de serrure. Il faudras penser à en remettre une si on ne veux pas se faire cambrioler. Remarque, y a rien à voler dans cette baraque délabrée.

- T’as vu l’heure ?

- J’avais perdu mon sac, répond-je en balançant ce dernière dans le placard.

Je me dirige vers la cuisine. Ce bouffon n’a même pas fait les courses.

- T’entends quand j’te parle ?

M’accordant au comptoir, je prend un ton sec et désintéressé.

- Quoi ?

Il se retourne bière en main.

- Me parle pas comme ça, sale gosse.

D’ici je peux voir les cadavres de bouteilles qu’il n’a pas jeté à la poubelle depuis trois jours et les mégots qu’il a négligemment posé sur la table basse. Mais d’ailleurs, il est où le meuble télé ?

- Il est où le meuble qui était sous la télé ?

- Je l’ai vendu, j’avais besoin de thune pour aller joué.

Prenant une gorgée, il continu :

- J’ai faim.

- Et ?

Il pose sa bouteille sur la table.

- Fait ton boulot.

Je soupire et monte à l’étage. Ce trou du cus prend ses beau enfants pour ses esclaves. Et en plus je déteste faire à manger.

Ah ****** !! J’avais pas vu le trou dans la marche.

Et *****.

Et une réparation en plus. Yes ! Ouais ben ça attendra plus tard.

J’ouvre la porte de notre chambre.

- Je fais à bouffer, vous voulez quoi ?

Les garçons relève leur tête vers moi.

- Y a quoi comme possibilité ?

- Des pâtes ou de la farine ?

- C’est tout ?

- Ouais faut allez faire les courses, je répond en passant ma main sur mon visage.

Mon jumeau tapote la place à côté de lui. Je soupire et m’assois avec eux. Ils sont en train de jouer aux cartes. Les parties avec mes frères durent longtemps, très longtemps.

Étant une fratrie de 17 enfants dans une toute petit maison en ruine, nous n’avons pas vraiment d’intimité, on se retrouve donc vite entassé les uns sur les autres. Tout le monde se marchent dessus. La maison ne compte que deux chambre, une cuisine ouverte sur un petit salon, une buanderie aménagée en chambre et une petite salle de bain. Pour une superficie totale de 75 mètres carrés. Et tout ça pour 19 personnes.

Donc pour la répartition des chambres, c’est le ******. Mes deux jumeaux et moi dormons avec six autres de nos frères entassés dans la deuxième chambre, tandis que huit autres dorment dans la buanderie. La dernière chambre est occupée par ma mère et mon beau-père qui ont eu le culot de s’y installer confortablement.

Au départ, cette habitation n’étais faites que pour une ou deux personnes, mais ma mère étant femme de ménage et mon beau père étant au chômage, ils n’avaient pas les moyens pour une maison plus grande. Je vous jure que pour la sale de bain, c’est bagdad. Ça gueule de partout. Le planning est si serré que les horaires douche terminé parfois à 23h. Les tubes de dentifrice ne tiennent même pas deux semaines et la machine à laver étaient tellement surchargés de linges sale qu’elle a rendu lame il y a un mois.

Même la canapé n’est pas assez grand pour qu’on puisse tous s’y assoir dessus.

De plus, mon obèse de beau-père prend la moitié du canapé à lui tous seul et c’est sans compte tous ses potes du bistrot qu’il ramène à chaque fois. Il ne daigne jamais levé le petit doigt pour nous aider et passe la plus part de son temps à dépenser notre argent durement gagner au casino.

- Lune la bouffe ****** !

- J’arrive.

•••

Il est actuellement 21h. Nous sommes tous calmement installés dans nos chambres respectives quand mon nom résonne dans la maison. Les garçons relèvent leurs têtes tous intrigué en même temps. On dirais un gang de fouine. L’image est assez drôle.

Aucun d’eux ne parle, mais je sais qu’il me demande ce qu’il se passe.

- Quoi ? je lui répond en criant.

- Descends.

Je me lève du lit et slalome entre les différentes affaires qui parsème le sol. N’ayant ni la place, ni l’argent pour s’acheter une armoire nous sommes obligés de les laisser part terre.

En bas des escaliers, je le vois m’attendre. Il est assis sur le canapé à regarder un matchs de Rugby. M’entendant arriver, il mets la télé sur pause et se retourne avec un faux sourire sur les lèvres. En général, il ne souris jamais, et ne prend même pas la peine de faire semblant.

Vous la sentez vous aussi la douille ?

- Viens, me fait-il.

Je m’assois à ses côtés, mal à l’aise. Ce mec m’a toujours mît mal à l’aise. C’est le genre de gars que toute les filles ont peurs de croise le soir, seule dans une ruelle.

- Ça va ?

Je hausse un sourcil. Ce n’est vraiment pas son genre, ni de poser cette question, ni de sourire, ni d’adopté un ton gentil et serein.

- J’aimerais te parler.

Il se frotte les mains, signe qu’il va m’annoncer quelque chose qui risque de ne pas me plaire.

- Je ne vais sûrement pas t’apprendre qu’on est fauché.

J’acquiesce. Ne surtout pas lui dire que c’est en partie à cause de lui.

- T’a mère bosse jours et nuit, vous êtes 17 et nous sommes surendettés.

En même temps, si tu dépensais pas 65 % de notre thune aux casino on serais pas obliger de passer nos vacances à bosser à droite à gauche pour rembourser les dettes que TU collectionnes.

- Je sais que tu bosses comme serveuse le week-end mais ça ne rapporte pas assez.

Je commence à flipper un peu. Il paraît étrangement serein.

- Je t’ai trouvé un nouveau job.

- Oui ?

- Écoute …

Il soupire bruyamment et se pince le nez.

- Tu as rendez-vous demain, dans la maison en face de la mairie à 18h15.

- Mais c’est une maison close ?!

- Écoute. On a plus une thunes et…- Je vais pas me vendre à un inconnue parce que tu dépense notre argent !

- Parle moi mieux !

Il se lève brusquement. Son regard est empli de mépris. Il se fiche clairement d’avoir mon consentement ou pas.

- Je fais ce que je peux pour relever votre famille alors tu la ferme et tu fais ce que je te dit ! C’est clair ?

- Mais je suis encore vier- Je m’en fiche !

Il s’avance mais je recule. Je finis plaquer contre le mur. Il se place devant moi et me gueule dans les oreilles.

- Tu sais ce que tu es ? Je vais te le dire moi ! Tu es égoïste ! Tu fais passer TON petit bonheurs avant celui des autres ! Il y a une personne qui doit se sacrifier ici pour sauver toute les autres et c’est toi ! Mais toi tu préfères rester dans ton bon confort que sauver le reste de ta famille !

Sa bouche est à peine à 3 centimètres de mon visage, il me cris tellement fort dessus que je sens le mur derrière moi trembler. Il me fait peur, je baisse les yeux et fourre ma tête dans mes épaules. Je n’ai qu’une envie actuellement, c’est de me mettre en boule dans un coin et de disparaître dans les profondeurs de la planète. Son haleine est si infâme que mes yeux pique. J’ai atrocement mal au crâne à force de l’entendre hurler. Soudain et comme souvent, il commence à frapper le mur juste à côté de mon visage. J’ai tellement peur qu’en un coup de vent, je me prenne une droite. Tellement peur qu’il me frappe. Tellement peur de lui.

- Tu sais que te plaindre ! Tu sais même pas faire à bouffer !

Dans un silence meurtrier, il m’assene une claque monumentale.

On ne peux pas non plus dire que je me sois fait frapper, ce serais clairement de l’abus, mais je peux vous le dire que celle la je l’ai sentie passer.

- Donc demain 18h30 ?

J’acquiesce sous son faux sourire et son regard de faux gentil.

Enfin, j’ai pas vraiment le choix.

Je remonte. En ouvrant la porte de la chambre, les garçons se retourne vers moi. Mais je m’empresse de me recoucher et m’endors en espérant oublier cette journée.

•••

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