VI

Quand il se rend compte que je ne bouge pas, il recule et me regarde de haut en bas.

J’ai honte. Tellement honte.

Si ça lui fait mal à l’ego, il n’en montre rien et me désigne le lit d’un coup de menton.

Qu’est ce que je dois faire ? Je dois me déshabiller ? Mais je n’ai strictement aucune envie de me mettre toute nue devant cet homme.

- Monte sur le lit, m’ordonne t-il.

Outre le tremblement de mains et ma respiration difficile, extérieurement rien ne pourrait transparaître la panique qui me gagne actuellement. J’ai la gorge sèche, les mains moites et j’ai l’impression que je vais me mettre à pleurer comme une madeleine d’une seconde à l’autre. Mes yeux sont sensibles et mes jambes vont s’écrouler sous le poids de mon stress.

Contre toute attente je monte sur lit. Derrière moi, l’homme me regarde comme si j’étais un chat qui se trémoussait sensuelement. J’ai l’impression d’être un crapaud en pleinne crise de tachycardie quand je monte sur le lit.

- J’aime bien quand vous faites les vierges effarouchées. Ça me fait bander les pucelles.

Euh. Ok. C’est normal ça ? Perso, je trouve ça un peu trop bizarre. Mais bon, on va faire avec.

- Enleve ton haut.

Je crois que je vais exploser en sanglots. Je ne veux pas. C’est la seule chose que j’ai à dire pour me justifier.

- Laisse tomber, je vais te l’enlever.

Il s’assoit sur le lit en m’intimant de me rapprocher. Il attrape ma cuisse et me tire pres de lui. Ses doigts me font frissonner de dégoût, je ne veux pas les sentir sur ma peau. Ils me dégoûtent.

Ils passent ses phalanges sous le bas de ma chemise et la sort de ma jupe. J’ai l’impression qu’il me souille. Je n’ai rien demandé mais je suis obligé de subir son touché. Pour ma famille. Pour nous tous. C’est injuste. Je ne veux pas. Je ne veux pas coucher avec cet homme.

•••

Les frictionnement des draps me révoltent. Je sens la peau de ses cuisses entre les miennes, la chaleur de son corps. Sa transpiration s’étale sur ma peau tandis qu’il me vole la seule chose que j’avais encore a offrir. Ma précieuse liberté qu’il me revenait de donner a la personne de mon choix. A celle que j’aurais choisi moi. J’ai mal, cet homme me déchire. Je ne suis pas chaude, ni trempée, la nausée me sert la gorge et les pleures sont en train de couler silencieusement sur mes joues mais je crois que lui est trop concentré sur autre chose pour les sentir couler sur ses épaules. Il n’avait pas de lubrifiant alors il a fait sans, en écartant d’un revers de la main la souffrance que j’endure. Il prend son pied. Moi pas.

J’ai ouvert les cuisses comme une pute. Je me suis laissé faire sans dire non. Je suis une fille facile, qui baise pour de l’argent. Je n’ai rien d’exceptionnel mis à part que je suis la plus grosse déception de la fratrie. Est ce qu’Olympe me renierait s’il apprenait que je m’etais prostitué ? Probablement.

J’ai envie de mourir. Ça ne m’étais jamais arrivé de vouloir fermer les yeux et de ne plus avoir à les rouvrir. Je veux disparaître avec ma misère, que les gens m’oublient. Je veux que cet homme partent, je ne veux plus qu’il me touche. Tout ça me dégoûte. Je tremble comme une feuille sous lui. Je subit ses coups de rein.

Lorsqu’enfin il se déverse dans le préservatif, je souffle. C’est fini.

Il me remercie, depose une liasse sur le lit et quitte la chambre tandis que je me rhabille en ignorant le sang qui coule sur mes cuisses. Je l’essuie avec du papier toilette et attrape mon sac dans la salle de bain. J’ai mal quand je marche. Ça brule, ça tire, ça me déchire. Je met dix minutes à descendre les escaliers tant j’ai mal. Mes seins me dégoûtent, j’ai envie de couper au couteau tout les bouts de peaux qu’il à touché, tout les endroits. De mes lèvres, à mes mollets en passant par les cuisses, le cou, les mains, les seins, la taille, les hanches et les clavicules.

- Ah bah c’est pas trop tôt, qu’est-ce que tu faisais putain ? Me gueule mon beau-père quand j’arrive dans le hall.

Je ne repond rien mais reste à bonne distance de lui. Je n’attends pas qu’il me montre le chemin et sort de l’hôtel.

- Rohhh fais ta mijaurée. Tout le monde passe par là. C’est qu’un mauvais moment à passer c’est bon.

Mauvais est un euphémisme.

Nous rentrons à la maison dans le silence. Quelque fois je m’arrête pour vomir dans les bouches d’égoût quand les souvenirs remontent trop vite.

- T’exagères. C’étais pas si nul. Je suis sur que t’as dû aimer. Hein ma salope ?

Ses mots tranchant me rappellent la vérité. Je suis une pute. Je n’ai plus rien à moi. Mon physique est souillé de l’intérieur comme de l’extérieur.

- Qu’est ce qu’il y a ? T’es pas au lycée ? Me demande Onix quand je passe la porte.

Je lui adresse un regard et file me coucher. Avant, je lave le reste de sang sur mes cuisses avec du papier et de l’eau.

Après ce qui me semble être une demie-heure, j’entends quelqu’un toquer à la porte. Je me terre sous ma couette. Au bruit, je reconnais Hestia qui avance sur la pointe des pieds, slalomant entre les matelas sur le sol.

- Ça va pas ? Qu’est ce qu’il c’est passé ?

Il s’assoit sur le lit, si bien que je sens le matelas s’enfoncer sous lui.

- Je veux juste dormir.

- T’es sur que tu veux pas en parler ? Insiste t-il.

- Oui.

Il soupire et se resigne. Notre echange n’a duré que quelque secondes mais déjà j’ai envie de pleurer. J’attends qu’il claque la porte pour laisser mes larmes couler.

A cet instant précis, j’aimerais fermer les yeux et ne plus jamais avoir à les rouvrir.

J’aimerais m’éteindre dans le silence.

•••

- Tu pues.

Je sais.

- Tu sens la merde.

Je sais.

- Tiens Marcus, t’as personne pour le travail en maths tu veux pas te mettre avec elle ?

Marcus fait une grimace de mongole en me montrant du doigt avant de balancer un truc du style « je vais pas me mettre avec une teubé pareil » ou «  elle pues trop la chiasse, on va avoir une note pourrie ».

- Mais j’ai rien fait de mal, je dit histoire de me défendre un minimum.

- MDR, t’as vu elle a dit qu’elle avait rien fait de mal GNNN, et il refait encore une grimace de mongole, j’ai rien fait de mal, répète t-il avec une voix bizarre.

Le pire c’est que je sais que c’est de ma faute. Eux, ils sont là juste pour rigoler. Ils trouvent ça drôle, ça les fait marrer. Mais moi, je me sens obligé de le prendre mal. Peut être que j’exagère. C’est pas si grave quelques moqueries de temps en temps. Mais au bout de quelques années, le « de temps en temps » fini par devenir beaucoup trop. Et j’ai mal de leurs humiliations à répétition, j’en ai marre que les gens m’évitent parce que les filles disent a tout le monde que j’ai des poux, que je me lave jamais les dents. Mais évidemment, comme personne ne m’approche, personne ne peut dire l’inverse.

- Tu veux me sucer c’est ca ? Si tu dis rien c’est que tu veux me sucer ? T’es une salope en faite.

- Vas te faire foutre Marcus, je dis enfin.

- Ohhh attention mademoiselle à dit d’aller me faire foutre, quelqu’un a entendu ? Parce que moi je sais que personne ne t’écoute parce que tu pues de la gueule.

Et si depuis le début, je puais vraiment de la gueule. Les gens me le disent tout le temps peut-être que c’est vrai. Je refute mais je me suis jamais posé la question. Olympe me l’aurait dit si c’était le cas pas vrai ?

Lorsqu’au loin, je vois Loé s’approcher avec Lilias, je me dit que je n’ai définitivement plus aucune chance d’avoir un ami. Et rien que cette idée me donne envie de pleurer, là maintenant, comme une gaminne a qui on aurait arraché tout ses chances d’être heureuse. C’est triste mais je baisse la tête et je fixe mes pieds. Je me soumet. Je suis épuisé de me battre contre la méchanceté de Marcus, c’est désormais au dessus de mes forces.

- Ohh Lune, tu veux que je te frappe ? Bah vas-y alors… tiens, crie t-il en me tapant l’arrière de la tête.

Mon crâne absorbe le choque et mes cheveux s’envole sous la force du coups. En cet instant, je sais que Loe me voit car je l’entend s’approcher de nous, j’entends ses pas, mélangés a ceux de Lilia, sur les graviers. J’ai honte alors je baisse encore plus la tête, et ma mâchoire se met à trembler quand je me rend compte qu’il ne fait strictement rien. Je crois que je vais pleurer.

- Tu veux encore ?

- Bon c’est bon là, je crois qu’on a compris Marcus.

- Ah bas oui parlons en, puisque tu te fais approcher par une chienne en chaleur qui pues la merde. T’as vraiment pas de chance. J’aurais vomi à ta places.

- Laisses là tranquille un peu, elle t’a rien fait.

- Mais elle respire, c’est ça le problème. Si tu savais à quel point elle me sort par les yeux. C’est incroyable d’être aussi con. Regarde la, on dirait une trisomique.

- C’est méchant.

- Nans mais c’est bon, faut s’avouer la vérité une bonne fois pour toute, elle est conne elle est conne. Y a pas a chipoter.

Les pics devraient ne plus m’atteindre depuis le temps mais j’ai toujours du mal à comprendre ce que j’ai fait de mal.

••• Point de vue de Loé

Je sais que Marcus peut se montrer méchant, voir profondément sadique, mais la pauvre n’a rien demandé. Je n’ai pas trop enive de casser l’ambiance alors je n’insiste pas trop non plus.

- Et puis merde, fait ce que tu veux mais calme toi un peu quand même, je l’avertis.

Sans plus de discussion, nous retournons discuter avec Lilia. En marchant le lond des bâtiments du lycée, je lui demande :

- C’est souvent comme ça ?

- De quoi, Marcus avec Lune ? Depuis la 6th.

Ça fait cinq ans ?

- C’est regulier les humiliations comme ça ?

- Ouais, Marcus quiffe se défouler sur elle. Il la trouve excessivement conne. Faut dire qu’après tout, il a pas tord.

La pauvre doit être brisé. Du peu que j’ai pue voir c’est une élève brillante, studieuse et sympa.

- Est ce qu’elle en a parlé a sa famille ? Marcus pourrait avoir des problèmes si elle decide de parler ?

- Elle dira rien. C’est une suiveuse faible d’esprit. Elle sait rien faire d’autre que se soumettre. Elle a même pas la thune de se payer la cantine. Sérieux ? La cantine.

Est ce que c’est pour ça qu’elle a refusé de manger avec moi l’autre jour ?

- Mais coment elle peut se payer le lycée si elle peut même pas se payer la cantine ?

- Je sais pas trop, une histoire de bourse étudiante je crois. Mais tu m’as l’air de bien l’aimer nans ?

- Bas elle avait l’air simpa alors je me suis dit pourquoi pas devenir pote mais bon. Si elle a des poux, je vais pas trop m’approcher.

- Je vais t’avouer un truc. Elle a pas de poux, elle pues pas, elle est intelligente et plutôt jolie. C’est une fille du genre timide. Le problème, c’est que je peux pas la blairer. Avec son air de petite fille modèle, les gens qui s’imposent pas ça me saoule. Elle a une gueule de petite fille battue, un peu comme les bébés qui font les yeux doux. Ça me donne envie de les étrangler.

Elle est bizarre ma cousine.

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