Après cette journée, je suis rentrée, je me suis fais engueulé, j'ai voulue aller dormir et j'ai fini par dormir. Mais le destin n'est jamais aussi clément avec moi, les choses ne m'arrivent jamais aussi simplement. Ma vie n'est constituée que de petits astérisques cachés qui finissent toujours par me rattraper quand tout parait trop calme.
Alors c'est pour cette raison que je me retrouve à vomir dans les toilettes à trois heure du matin, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne réveiller personne.
Mon œsophage me brûle, j'ai un goût amer de savon dans la bouche et je vois bien à travers le miroir au dessus du lavabo que mon visage commence à palir.
Marcus m'a forcé à boire une bouteille et demi de gel douche pour " me laver de l'intérieur ". Aux rires de toute sa bande, ce devait-être hilarant vu de l'extérieur.
En sentant la nausée me réveiller, j'ai emprunté le téléphone de Cronos alors qu'il dormait et j'ai fait quelques recherches.
Google dit qu'avaler du gel douche n'est pas très grave mais je ne lui fait pas vraiment confiance. Quand on vomi de la mousse c'est grave n'est ce pas ?
De toute façon, la seule chose qu'il me reste à faire c'est attendre que ça passe et retourné me coucher discrètement parce que demain je travaille.
- Ça va ?
Ou pas.
- Question conne Hestia, lui répond Zeus en passant devant lui pour s'asseoir à côté de moi et me tenir les cheveux en arrière.
Les deux se lancent des regards médusés alors que des bruits de pas se font entendre dans le couloir.
Au même moment, mon estomac devient lourd et je sens quelque chose remonter au fond de ma gorge, avant de le voir remplir la cuvette.
Putain, y a des bulles.
Tirer la chasse d'eau vite !
- Attends, je vais chercher Hermès.
Dix minutes plus tard, ils sont douze, entassés dans l'encadrure de la porte de la salle de bain à me regarder comater aux dessus des toilettes.
- Si on prévient maman, elle va nous envoyer chier et te faire dormir dehors à coup de pieds au cul, résume Orion. Mais tu es vraiment pâle, on devrait appeler un médecin ou aller aux urgences.
- Attends, je regarde ce que dit internet, lance Cronos.
- Nans ! je lui crie. Je vais bien, vous pouvez retourner vous coucher, je me sens déjà mieux.
Je me lève en modissant le peu de fierté qu'il me reste au près d'eux. Mon ventre est lourd, ma gorge est en feu mais Cronos doit retourner se coucher pour que je puisse effacer son historique.
- Te fou pas de ma gueule minus. Assies-toi tu marche pas droit.
- C'est pas grave, je vais manger quelque chose et je vais me recoucher.
- A quand date ton dernier vrai repas ?
- Hier.
Soupire générale.
Je ne m'arrête pas à leurs regards et descend les escaliers pour attraper un bout de brioche.
Quand on fait les courses, tout est minutieusement calculé. Avec l'argent que maman m'a donné, j'ai pu acheter deux packets de brioche et après avoir fait le compte, il y en a assez pour que chacun puisse prendre deux part. Sachant que la première a finie dans la poubelle de je-ne-sais-qui et que je suis en train de manger la deuxième qui était censé me servir de petit déjeuner. Je ne mangerais rien avant ce midi. Et il est trois heure trente du matin.
J'adore ma vie !
C'est pas grave, je piquerais un bout de pain au resto. J'éteins les lumières de la cuisine et remonte me coucher en lançant un regard vers ceux qui restent encore planté devant la porte des toilettes.
- Allez-vous couchez, je leur dit.
- Promet moi que si tu ne te sens pas bien ce matin, tu resteras à la maison ? Me demande Hyppolyte.
- Oui, bonne nuit les gars.
Ils me saluent et retournent se coucher en éteignant les lumières à leur tour.
•••
Le lendemain matin, je ne sens pas vraiment mieux. Mon ventre me fait toujours atrocement mal et je vomie une ou deux fois mais je crois que le plus gros est passé.
- A ce soir, je leur lance en claquant la porte direction le resto.
Vingt minutes de marche plus tard, j'arrive et me change dans les vestiaires puis aide à préparer le service.
Je met les tables, remplie des carafes d'eau avant de les mettre dans le frigo, j'allume la caisse et nettoie le contoir.
Le service du midi s'enchaîne vite. Les clients affluent, mon estomac est lourd et mon cœur me crie que je suis folle mais je courent partout, l'odeur des plats me donne une sérieuse nausée que je retiens tous le service avant de déverser dans les toilettes. Vers 14h, nous arrêtons l'accueil des clients et finissons de servir les derniers qui restent.
Je débarrasse et nettoie les tables avant d'enfiler des gants et de passer l'après-midi midi à la plonge, les mains dans l'eau savonneuse.
Le soir arrive et le deuxièmes service s'enchaîne sans une seule pause.
Je cour, je sers, j'accueil pendant presque trois heure et ne finis ma journée qu'à minuit. J'enfile mes vêtements et rentre chez moi.
- Comment s'est passé ta journée?
- Épuisante, je réponds à Onix.
- Tu as loupé le fabuleux repas que maman à cuisiner. A savoir, des pâtes!
- Je t'enmerde sale gosse ! Si tu veux bouffer autre chose va travailler au lieu d'épuiser ma thune pour rien ! Merdeux ! nous crie celle-ci depuis la sale de bain.
- Moi aussi je t'aime Maman.
- Pas moi connard !
Notre mère n'a jamais été très démonstrative. Surtout niveau preuve d'affection. Parfois, j'ai l'impression que nous sommes de véritables fart d'eau pour elle, mais quand je la vois rire devant nos chamailleries de gamin je me dit que je me trompe et qu'elle nous aime vraiment. C'est juste qu'elle ne le montre pas.
- Vous m'avez gardé une part au moins ?
- Bien sure, elle est là. Tiens, viens t'asseoir.
S'en suit une discussion animée pour savoir qui aura le pouvoir sur la télécommande. Après de multiples tentative de convictions civilisées avec des arguments finement réfléchis, la communication est vite abandonnée au profit de la loi du plus fort. Je ne suis pas défaitiste mais généralement, c'est le trio Zeus, Cronos et Artémis qui prend rapidement l'avantage grâce à leur carrure athlétique. Les plus petits comme Onix, Olympe ou moi n'ont jamais pu toucher à la télécommande. Je n'ai jamais choisi le programme télé et ceux que les garçons regardent ne m'intéressent pas vraiment. Je m'en détourne vite pour discuter avec Olympe qui ne les aime pas non plus.
- Est ce que tu le trouve beau ? me demande t-il en me montrant une photo de classe imprimer sur du papier jaunie.
- Je sais pas trop. Il est bien mais sa coupe ne lui va pas du tout.
- Ahhh, on est d'accord !
Soudain alors que nous parlons, les garçons se taisent brutalement et la télé est mise sur pause. Un blanc inhabituel s’installe.
- Qu'est ce qu'il y a ?
Silence pesant.
- Mais vous avez quoi ? Pourquoi vous me regarder comme ça ? je leur demande en chaussant un sourcil.
Je crois que j'entends la mouche obèse de la cuisine voler.
- T'es enceinte ? brise finalement Hestia.
Hein ?
- Ben non. Pourquoi ?
- Parce qu'en zappant sur la télé, on est tomber sur le truc de babyboom machin truc là. Et la meuf disait que durant sa grossesse elle avait été malade comme un chien.
Misère, même Olympe commence à me regarder de travers.
- Hors, continue t-il, il me semble que tu étais malade comme un chien hier. J'ai aussi un autre argument de poids, c'est que tu as un vaguin. Ce qui rend donc capable le portage d'enfant.
- Oui, mais il se trouve que j'ai un contre-argument de taille.
- Qui est ?
- Que je suis vierge, BOUFFON !
- Ah merde.
- T'es trop con Hestia, lui balance Déméter en éclatant de rire.
- Genre toi, la minus ? T'es vierge ?
- Bas ouais.
- C'est ça. Te fous pas ma gueule. T'as 17 ans, tu es en milieu de 11th grade* ( *c'est l'équivalent de la terminale aux USA ), t'es dans un lycée de bourge où tous les mecs doivent faire la blinde de sport pour attirer les meufs, et en plus tu es jolie.
Ça c'est gentil.
- Ne vas pas me dire que jamais aucun mec ne s'est intéressé à toi.
Et bah, aussi étrange que ça puisse visiblement te paraître : non.
- Je te jure que c'est vrai. J'ai jamais vu un mec à poil.
On me fixe intensément.
- Mais vous faite quoi entre filles si vous approcher pas de mec ?
Bas rien, vu qu'il n'y a ni fille, ni mec, ni pote, ni plus simplement personne.
- Bah on discute.
- Chiant, conclu Adonis.
- Ok attend, genre, je peux vous poser une question ?
Ils hochent la tête.
- Vous vous foutez pas de moi. Mais, qui ici parmi vous à soit deja vu une fille nue, pas moi ou maman ou juste accidentellement, mais une fille consententement nue ou a déjà coucher ?
1,2,3,4,5,6,7,8,9...10...11... Je déprime.
C'est officiel. Je suis en retard sur ma génération.
- Onix ?! T'es sérieux ?
- Rohhhh, c'est bon, se justifie t-il.
- Mais genre t'as jamais eu de copain ? s'interroge Horace avec amusement.
Je peux pas leur dire que tous le monde m'évite comme la peste. Que je suis la paria du lycée, que je n'ai pas d'ami et encore moins de réputations qui me permettrait d'être une potentielle petite copine.
- Ouais bien-sûre, mais c'est pas aller jusque là.
- Tu m'as fait peur. J'ai crue que t'avais pas de potes, se marrent t-ils tous ensemble.
Est ce que quelqu'un de normal rigolerait avec eux en leur assurant que ses potes sont les meilleurs du monde ?
Ayant 16 frères, je suis abituée aux piques à longueur de journée mais ceux qui concernent ma vie sociale me font particulièrement mal.
Est ce que c'est parce qu'il n'y personne dans mon coeur que les attaques de ce genre résonnent douloureusement dedans ?
Est ce que Marcus est mon ami ?
Peut être que c'est ça d'avoir un ami mais comme que je n'en ai pas et que je n'ai aucune relation à laquelle la comparer et je ne le vois juste pas.
Quand j'étais petite, je passais mon temps avec mes frères alors je n'ai jamais vraiment vu l'intérêt de me faire des potes.
Est ce que les meilleures amies avalent du gel douche ensemble ?
Personnellement, je trouverais ça bizarre mais je ne connais rien en relationnel alors je ne suis personne pour juger.
•••
- Vous n'oublierez pas votre manuel de littérature pour demain.
Lundi, reprise des cour de la semaine. Réveil pénible, matin difficile.
Mais c'est la pause du midi et j'ai enfin un vrai repas ! Dieux merci.
Je m'installe sur mon bout de muret et dévore mon déjeuner. De délicieuses tomates, de la salade, et un peu de carottes. Ce n'est pas assez pour comblé le manque de toute ma semaine mais emplement sufisant pour aujourd'hui. Et je note la gentille attention d'Orion qui m'a glissé un post-it me rappelant de passer à la pharmacie.
Le reste du midi se passe tranquillement, je dessine et regarde les oiseaux.
Puis les cours reprennent. Mari discute avec Loé en oubliant d'être discrète. Les deux ont l'air de bien s'entendre. C'est bien pour Loé qu'il arrive à s'intégrer facilement.
- Lune ?
- Oui Madame ?
- Qu'as tu répondu à la question 3 ?
- J'ai mis que la population hispanique était principalement présente dans l'Ouest et le Nord-ouest, donc surtout à la frontière mexicaine.
- C'est bien. On continue.
Mari attrape ma feuille et recopie ma réponse avec son stylo à paillettes rose. Elle repose son crayon et surligne avec son fluo violet. Puis elle fait une flèche avec un autre fluo, bleu cette fois, et elle écrit "à retenir" avec un crayon gris argenté décoré d'une tête de chat en moumoute complètement affreuse.
Misère, pauvre cahier.
Soudain, la porte s'ouvre et laisse entrer la CPE.
- Mademoiselle Lune est-elle là ?
- Oui, je fait en me levant.
Elle me toise quelques seconde avant de reprendre :
- Merci, prenez vos affaires avec vous et suivez moi dehors.
Je jette mes affaires dans mon sac et l'attrape pour la suivre.
- Désolé du dérangement, s'excuse t-elle avant de fermer la porte derrière nous. Bon, ton père à appeler. Il t'attend dehors.
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