Chapitre 7 : Un instant suspendu

Léonie pressa le pas vers la bibliothèque. Après la tension de l’épisode avec Raziel, elle avait besoin d’un endroit où retrouver son calme. L’odeur familière des livres et le silence apaisant étaient tout ce dont elle avait besoin.

Lorsqu’elle franchit les grandes portes, elle sentit immédiatement la tension dans ses épaules se relâcher. Quelques élèves feuilletaient des livres çà et là, mais l’endroit restait aussi paisible qu’elle l’espérait. Elle s’installa à une table isolée, sortit un grimoire ancien et plongea dans sa lecture, espérant que les mots étoufferaient le chaos dans son esprit.

Cependant, au bout de quelques minutes, une main légère se posa sur son épaule, la faisant sursauter. Elle se retourna vivement et croisa le regard doux mais inquiet de Cédric.

— Tout va bien, Serena ? demanda-t-il doucement.

Léonie poussa un soupir de soulagement, relâchant la tension qui crispait ses muscles. Elle hocha la tête et murmura :

— Oui, tout va bien.

Cédric lui adressa un sourire rassurant et s’assit en face d’elle, posant un livre sur la table. Mais avant qu’elle ne puisse pleinement se détendre, une autre main, plus ferme, enserra sa taille. Léonie se figea, et son cœur accéléra alors qu’une voix grave résonna dans sa tête, comme une pensée intrusive.

Qui est cet humain ?

Elle se retourna lentement et trouva Raziel derrière elle, son menton posé sur son épaule, un air irrité assombrissant ses traits.

Ce n’est qu’un ami, pensa-t-elle à son intention, espérant qu’il comprendrait le message.

Cédric, qui observait la scène avec une incompréhension totale, fronça légèrement les sourcils.

— Est-ce que… c’est ton fiancé ? demanda-t-il en désignant Raziel d’un geste prudent.

Léonie sentit une chaleur monter à ses joues, mêlant gêne et agacement. Avant qu’elle ne puisse répondre, Raziel, toujours immobile, la fixait avec une intensité troublante.

Explique-moi, pensa-t-il encore dans son esprit. Un fiancé, c’est quoi exactement ?

Prenant une inspiration pour calmer son embarras, elle murmura à l’intention de Raziel :

— Un fiancé, c’est une personne avec qui on forme une famille et passe sa vie.

Puis, se tournant vers Cédric, elle répondit plus clairement :

— Non, ce n’est pas mon fiancé.

Cédric sembla soulagé, mais avant qu’il ne puisse poser d’autres questions, Léonie repoussa doucement Raziel et attrapa un livre sur une étagère proche. Elle changea de place et s’installa un peu plus loin, espérant qu’ignorer leur présence suffirait à mettre fin à cette étrange confrontation.

Mais alors qu’elle ouvrait son livre, la voix de Raziel résonna à nouveau dans son esprit.

Tu ne pourras pas m’ignorer.

Il s’assit en face d’elle, l’observant avec un intérêt non dissimulé. Léonie tenta de se concentrer sur sa lecture, mais elle pouvait sentir son regard la scruter, comme une caresse invisible.

— Retire tes lunettes, ordonna-t-il soudain, sa voix impérieuse perçant le calme de la bibliothèque.

Elle soupira, exaspérée, et leva les yeux vers lui.

— Non.

Raziel pencha la tête, une lueur amusée dans ses yeux écarlates.

— Pourquoi ?

— Parce que je n’en ai pas envie, répondit-elle sèchement avant de retourner à son livre.

Raziel esquissa un sourire en coin et s’allongea légèrement sur la table, croisant les bras sous sa tête tout en continuant de l’admirer.

— Tu es fascinante, murmura-t-il finalement, plus pour lui-même que pour elle.

Léonie roula des yeux, tentant de ne pas prêter attention à lui. Mais une question restait suspendue dans l’air, qu’elle n’osait formuler. Pourquoi Raziel s’intéressait-il autant à elle ?

Cédric, toujours présent, semblait tout aussi perplexe. Son regard passait de Raziel à Léonie, cherchant des réponses à des questions qu’il n’osait poser.

Finalement, il se racla la gorge et se leva.

— Je vais vous laisser… discuter, dit-il maladroitement avant de disparaître dans les rayonnages.

Léonie se laissa retomber contre le dossier de sa chaise, fermant les yeux un instant.

— Je peux le tuer si tu ne veux plus qu'il te gêne, chuchota Raziel, un sourire satisfait sur les lèvres.

Elle eut un rire sarcastique qui se mue en soupir avant de lever à nouveau les yeux vers le jeune homme.

— Bien, je garderais cette information dans un coin de ma tête au cas où, murmura-t-elle, plongeant à nouveau dans son livre.

Raziel resta silencieux, ses yeux rouges fixés sur Léonie alors qu’elle semblait absorbée par sa lecture. Chaque mouvement qu’elle faisait, chaque note qu’elle griffonnait dans son petit carnet, révélait une précision fascinante. Il pencha légèrement la tête, intrigué. Les schémas qu’elle traçait étaient si détaillés, ses explications d’une clarté déconcertante. Pourtant, derrière cette simplicité apparente se cachait un savoir immense, complexe et méticuleux.

Cette humaine, pensa-t-il, n’était pas comme les autres. Elle dépassait de loin la norme, non seulement par son intelligence, mais aussi par son aura unique. Elle avait l’apparence d’une fleur sauvage, fragile au premier regard, mais pleine d’épines acérées prêtes à repousser ceux qui s’approchaient trop près.

Mais ce n’était pas tout. Son parfum… Ce parfum doux et sucré qu’elle dégageait inconsciemment. C’était une odeur enivrante, à la fois apaisante et provocante, qui ne quittait pas ses pensées. Cela lui rappelait la fleur de sang, une petite fleur rouge dont le parfum se faisait plus sucré après une journée chaleureuse.

Raziel laissa un sourire furtif effleurer ses lèvres.

— Une fleur pleine de surprises, murmura-t-il à mi-voix.

Léonie, plongée dans son livre, ne releva pas la tête. Mais Raziel savait qu’elle l’entendait, qu’elle sentait sa présence. Il ne disait plus rien, se contentant de l’observer en silence, une fascination étrange le gagnant peu à peu.

Plus il l’observait, plus il se demandait ce qui, chez elle, provoquait une telle attraction. Elle était différente, imprévisible, et cela le captivait autant que cela le troublait.

Peut-être, pensa-t-il, que ce n'est pas moi l'easter egg.

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