Chapitre 2 : Un Pacte Scellé

Cédric se réveilla dans la bibliothèque, le front encore marqué par les pages du livre qu’il avait lu la veille. La fatigue l’avait terrassé, mais, étrangement, il se sentait plus reposé qu’il ne l’avait été depuis des mois.

En posant la main sur la table pour se relever, il trouva un petit sachet. Il le prit délicatement, l’observant sous tous les angles. Un parfum doux et apaisant en émanait, un mélange subtil de lavande et d’autres herbes qu’il ne reconnut pas immédiatement.

Qui aurait laissé cela ici ? Et comment une simple composition de plantes pouvait-elle avoir un tel effet ?

En tant qu’apprenti maître en potions, il avait étudié des milliers de remèdes et d’herbes médicinales, mais jamais il n’avait entendu parler d’une telle utilisation de plantes fraîches. Habituellement, on les séchait, on les broyait, ou on les transformait en potions. L’idée d’un simple sachet apaisant semblait à la fois trop simple et profondément ingénieuse.

Intrigué, il se tourna vers le vieil homme qui gérait la bibliothèque.

— Ce sachet, demanda-t-il en le montrant, savez-vous à qui il appartient ?

Le bibliothécaire plissa les yeux en le regardant.

— Une jeune fille, répondit-il enfin. Elle passe ses journées ici, plongée dans les livres. Discrète, mais sérieuse. Je ne connais pas son nom, mais elle était là hier.

Cédric hocha la tête, une étincelle d’espoir naissant en lui. Peut-être cette jeune fille sait-elle quelque chose qui pourrait m’aider à guérir ma sœur.

...****************...

Il trouva la jeune fille plus tard dans la journée, assise seule dans une section reculée de la bibliothèque, entourée de livres ouverts. Elle semblait concentrée, griffonnant frénétiquement dans un carnet posé devant elle.

Cédric s’approcha lentement, ne voulant pas l’effrayer. Mais dès qu’elle leva les yeux et croisa son regard, il remarqua une panique fugace dans ses iris gris.

— Excuse-moi… commença-t-il.

Elle ne lui laissa pas le temps de finir. Elle referma précipitamment son carnet, le fourra sous son bras, et se leva brusquement.

— Attends !

Mais elle s’enfuit, ses pas résonnant dans le silence feutré de la bibliothèque. Dans sa précipitation, elle fit tomber son carnet, qui glissa sur le sol. Cédric le ramassa, appelant à nouveau :

— Attends, tu as laissé…

Elle avait déjà disparu.

Curieux, il ouvrit doucement le carnet, jetant un coup d'œil aux premières pages. Ce qu’il y trouva le laissa sans voix.

Des notes précises, des schémas, des formules… Tout y était. Des informations détaillées sur des plantes qu’il connaissait, mais utilisées d’une manière qu’il n’avait jamais envisagée. Les recettes décrites dans ce carnet avaient un potentiel extraordinaire, bien au-delà de tout ce qu’il avait pu lire dans les livres de l’Académie.

Si ces notes sont exactes, alors il y a une chance. Une vraie chance.

Une détermination nouvelle s’empara de lui. Il devait retrouver cette jeune fille.

...****************...

Plus tard dans la soirée, Léonie retourna à la bibliothèque, le cœur battant. Elle avait passé la journée à s’inquiéter de la perte de son carnet. Si quelqu’un tombait dessus…

Elle poussa la porte lentement, espérant que l’endroit serait désert. Mais à peine avait-elle fait quelques pas qu’une voix familière s’éleva derrière elle :

— Tu cherches ceci ?

Elle se retourna vivement pour voir Cédric sortir de l’ombre, son carnet à la main. Elle recula instinctivement, mais il s’avança, déterminé. Avant qu’elle ne puisse protester, il attrapa doucement son poignet, la retenant.

— Attends, je t’en supplie. Écoute-moi.

À sa grande surprise, il se mit à genoux devant elle, ses yeux brûlant d’une sincérité désarmante.

— Ces notes… Ce savoir… Si c’est toi qui les as écrits, alors tu peux m’aider. Ma petite sœur est malade. Personne ne trouve de remède. Je ferai tout ce que tu veux, mais aide-moi.

Léonie le fixa, décontenancée. Elle n’avait pas prévu cela. Elle inspira profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur.

— Très bien, finit-elle par dire, mais j’ai trois conditions.

Cédric releva la tête, suspendu à ses lèvres.

— Premièrement, tu ne chercheras jamais à savoir qui je suis réellement.

Il fronça légèrement les sourcils mais hocha la tête.

— Deuxièmement, tu ne poseras aucune question sur la manière dont j’ai acquis mes connaissances.

Il hésita, mais finit par accepter.

— Et enfin, troisièmement… Tu ne parleras de moi à personne. Jamais. Ni maintenant, ni après le traitement de ta sœur. Aux yeux du monde, je ne suis qu’une inconnue.

Cédric resta silencieux un moment, visiblement troublé par ces exigences. Mais en voyant le sérieux dans son regard, il comprit qu’il n’avait pas le choix.

— D’accord, dit-il enfin. J’accepte.

Un soupir s’échappa des lèvres de Léonie. Elle retira doucement son poignet de son emprise et reprit son carnet.

— Très bien, alors commençons. Mais je te préviens : cela ne sera pas facile.

Cédric hocha la tête, une lueur d’espoir et de gratitude brillant dans ses yeux.

Pour la première fois depuis des mois, il sentait que sa sœur avait une chance.

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