Chapitre 6 : Un démon dans la chambre

Raziel scrutait la chambre de Léonie avec un regard curieux, ses yeux rouges s'attardant sur chaque détail. La pièce était petite mais impeccablement rangée. Sur une étagère, plusieurs livres aux reliures usées côtoyaient des bocaux en verre contenant des plantes séchées et quelques fioles mystérieuses. Ici et là, des fleurs aux couleurs vives ou étrangement sombres parsemaient l’espace, certaines facilement identifiables comme étant venimeuses. L’ensemble donnait une impression de calme mêlé à une aura légèrement inquiétante.

Son regard s’arrêta sur un petit sachet brodé posé sur une commode. Il l’attrapa et le porta à son nez pour le renifler. Une odeur douce et apaisante s’en dégageait, et il fronça les sourcils.

— Des fleurs de sommeil ? murmura-t-il en plissant les yeux, pensant reconnaître l’effet.

Mais quelque chose clochait. L’odeur lui semblait familière, mais différente de ce qu’il connaissait.

— C’est de la lavande, répondit Léonie, entrant dans la pièce derrière lui.

Elle attrapa délicatement le sachet de ses mains et le reposa à sa place avec soin. Raziel observa ses gestes précis, comme si elle manipulait un objet précieux. Puis, sans un mot de plus, elle prit son poignet pour l’entraîner jusqu’à une chaise près du bureau. Il se laissa faire, bien qu’un sourire ironique effleura ses lèvres face à l’autorité tranquille qu’elle imposait.

Léonie ouvrit un petit coffret en bois et en sortit une aiguille et du fil. Elle les tendit devant elle, son regard sérieux.

— Je vais recoudre ta plaie. L’anesthésiant que j’ai utilisé dans la forêt devrait encore faire effet. Tu ne devrais pas ressentir de douleur.

Raziel haussa un sourcil et, avant qu’elle n’ait pu commencer, il attrapa doucement son poignet, l'arrêtant dans son élan. Ses yeux se firent plus sombres, et son ton, bien que calme, portait une ombre d’avertissement.

— Je ne crains pas la douleur.

Léonie croisa son regard, impassible, avant de libérer sa main d’un geste ferme.

— Ce n’est pas une question de crainte, mais d’efficacité. Si tu bouges, je risque d’aggraver les choses, expliqua-t-elle en plantant l’aiguille dans le fil pour le préparer.

Raziel relâcha alors sa prise, et un étrange silence s'installa entre eux. Léonie commença à coudre la plaie avec une précision remarquable, ses doigts fins mais assurés guidant l’aiguille à travers la chair avec soin. Raziel, bien qu’habitué à des situations bien plus violentes, ne pouvait détourner son regard d’elle. Il l’observait comme on observerait une énigme impossible à résoudre, fasciné par la concentration qui se lisait sur son visage. Chaque mouvement qu'elle effectuait semblait empreint d’une détermination qui le déstabilisait.

Brisant le silence, il déclara soudain :

— Je m'appelle Raziel.

Léonie ne releva pas immédiatement la tête, mais son expression se durcit légèrement. Ce nom, elle le connaissait. Raziel. Le prince sombre. Le démon le plus cruel de l’Enfer. Ce n’était pas un nom qui pouvait être ignoré ou mal interprété. Ses doigts ralentirent un instant alors que des fragments d’informations tirés de ses lectures lui revinrent en mémoire : Raziel, le démon capable de raser des villes par pure ennui, le maître d’une magie destructrice que même les plus puissants craignaient.

— Hm, répondit-elle finalement, sans lever les yeux. Intéressant.

Elle continua son travail en silence, bien que son esprit tournait à toute vitesse. Que fait-il ici ? Pourquoi un être comme lui se trouve-t-il blessé, dans un état si vulnérable ? Et surtout, comment gérer un tel problème ? Elle avait déjà assez à faire avec les trois "love interests" de l’histoire principale. Maintenant, il fallait qu’un démon d’une puissance incommensurable décide de débarquer dans son quotidien. Cela sentait l’événement imprévu ou, pire, un Easter egg rajouté dans le scénario.

Elle poussa un léger soupir tout en nouant le dernier point de suture.

— Tu sembles préoccupée, fit remarquer Raziel, sa voix teintée d’une curiosité presque amusée.

— Je réfléchis, répondit-elle sèchement.

— À quoi ?

Léonie hésita une seconde avant de répondre, essayant de rester vague.

— À comment gérer les complications.

Raziel plissa les yeux, la fixant intensément.

— Quelles complications ? demanda-t-il, son ton se faisant légèrement plus grave.

Léonie recula légèrement pour examiner son travail, s'assurant que la plaie était correctement fermée. Elle rangea ensuite son matériel avec un calme apparent, bien que ses pensées restaient agitées. Elle évitait soigneusement de croiser son regard, mais elle ne put s’empêcher de jurer dans sa tête.

Trois love interests et maintenant un démon qui est sûrement un Easter egg. Super…

Raziel, qui l’observait toujours attentivement, releva un sourcil. Un éclat intrigué passa dans ses yeux.

— Qu’est-ce qu’un Easter egg ? demanda-t-il avec sérieux.

Léonie sursauta légèrement, tournant la tête vers lui avec un mélange de stupeur et de méfiance. Il avait entendu ?! C'était impossible.

— Rien, lâcha-t-elle rapidement, espérant clore le sujet.

Mais Raziel ne semblait pas disposé à abandonner si facilement. Il se pencha légèrement vers elle, un sourire énigmatique étirant ses lèvres.

— Oh, mais si, c’est quelque chose. Dis-moi, humaine, qu’est-ce qu’un Easter egg ?

Elle le fixa un instant, pesant ses options. Mentir à un démon de cette envergure n'était probablement pas une idée judicieuse. Mais lui dire la vérité ? Hors de question.

— Une sorte de… surprise inattendue, répondit-elle finalement, choisissant ses mots avec soin. Quelque chose qu’on ne s’attend pas à trouver.

Raziel sembla réfléchir à sa réponse, son regard devenant pensif. Puis il se redressa sur la chaise, les bras croisés.

— Une surprise, hein ? Alors, suis-je une surprise agréable… ou une menace imprévue ?

Léonie détourna les yeux, soupirant une fois de plus. Définitivement une menace imprévue.

Raziel tendit brusquement la main, attrapant le poignet de Léonie avant qu’elle ne puisse se détourner. Son geste était rapide, précis, presque prédateur. Elle se raidit, son instinct lui criant de ne pas bouger. Il la tira légèrement vers lui, la forçant à s’approcher alors qu’elle lui lançait un regard mi-méfiant, mi-agacé.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle d’un ton sec, essayant de garder son calme.

Raziel ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de la fixer intensément, ses yeux rougeoyants semblant percer à travers son âme. Lentement, il leva l’autre main, ses doigts effleurant le bord de ses lunettes. Ce geste, intime et déconcertant, déclencha une réaction immédiate chez Léonie. Sans réfléchir, elle tira une aiguille d’acupuncture de sa poche et, d’un mouvement fluide, la planta dans un point stratégique de son cou.

Raziel se figea instantanément. Son corps semblait paralysé, incapable de bouger, mais son sourire s’élargit, révélant une satisfaction étrange.

— Intéressant, murmura-t-il, sa voix plus rauque, presque envoûtante malgré sa situation.

Léonie recula légèrement, son souffle court. Elle aurait dû s’éloigner complètement, mais quelque chose dans son sourire la clouait sur place. Raziel ferma les yeux un moment, inspirant profondément comme s’il savourait l’odeur de l’air autour d’elle.

— Une odeur douce et sucrée, souffla-t-il. C’est… envoûtant.

Un frisson parcourut Léonie. Elle serra les poings pour se calmer, mais son regard ne pouvait s’empêcher de dériver vers ses lèvres, où persistait ce sourire dérangeant. Lorsqu’il rouvrit les yeux, son regard était différent. Plus sombre. Plus intense. Une ombre de désir y brûlait, brute et irrépressible.

— Tu devrais partir, murmura-t-elle, sa voix se voulant ferme mais trahie par une pointe de panique.

Raziel ne répondit pas. Il la fixait simplement, son immobilité forcée n’étant qu’une barrière temporaire à son aura menaçante. Sentant une tension presque insoutenable dans l’air, Léonie recula prudemment vers la porte. Elle tourna la poignée, ouvrit légèrement, mais jeta un dernier coup d’œil vers lui.

— Repose-toi, conclut-elle, presque dans un murmure avant de sortir.

Alors qu’elle refermait la porte derrière elle, une voix basse et suave traversa la pièce, glaciale et troublante.

— On joue au chat et à la souris, murmura Raziel, son sourire toujours présent.

Léonie resta figée de l’autre côté de la porte, son cœur battant à tout rompre. Ce démon était bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé. Mais pire encore, il ne semblait pas vouloir la laisser en paix.

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