Cédric, toujours aussi soucieux, marchait sur le terrain d'entraînement, accompagné de Liam et Maldon. Ils se retrouvaient comme à l'accoutumée pour une séance de pratique au maniement de l’épée, mais Cédric n’était pas vraiment concentré sur l'exercice. Ses pensées tournaient autour de sa nouvelle connaissance et de la guérison de sa sœur, Lyra. Bien que la jeune fille marchait à nouveau, il n’avait pas pu se débarrasser du sentiment étrange qu'il ressentait envers sa nouvelle " amie ", un mélange de gratitude et de perplexité. Pourquoi semblait il plus facile pour sa sœur de se rapprocher d'elle ? Cette fille semblait vouloir mettre intentionnellement de la distance entre eux.
Maldon, toujours aussi observateur, remarqua que son ami était ailleurs, l’air préoccupé. Il lança un regard à Liam, qui haussait les épaules en signe de nonchalance. Le regard de Maldon se tourna de nouveau vers Cédric.
— T’as l’air bien pensif, mon ami. Ça concerne encore ta sœur ? demanda-t-il avec un sourire en coin.
Cédric hocha la tête mais sembla hésiter un instant avant de répondre. Puis, d’un air presque gêné, il se tourna vers ses deux amis.
— Non, c’est… quelque chose d’autre.
Liam, qui écoutait attentivement, haussait maintenant un sourcil curieux.
— Eh bien, de quoi s'agit-il alors ?
Cédric se mordilla la lèvre inférieure avant de murmurer, comme une confession.
— Je… je voudrais savoir comment devenir ami avec quelqu’un.
Maldon faillit trébucher sur ses propres pieds. Il fixa Cédric avec des yeux ronds, ne comprenant pas ce qu'il venait d’entendre. Puis il se tourna vers Liam, qui était tout aussi déconcerté.
— Attends une minute, fit Maldon, en se repliant sur ses jambes et s’asseyant à côté de Cédric. Tu veux des conseils sur comment être ami avec quelqu’un ? C’est bien ça ?
Cédric hocha la tête avec une expression d’une sincérité désarmante. Maldon baissa alors les yeux, se demandant si son ami était en train de faire une blague ou non.
— Ok, je suppose qu’on commence par les bases. C’est une fille ou un garçon ?
Cédric, qui ne semblait pas voir la direction que la conversation prenait, répondit innocemment.
— C’est une fille.
Maldon eut un petit éclat de rire, et Liam, bien plus discret, tourna son regard ailleurs pour éviter de laisser échapper un sourire. Mais la question suivante de Maldon fit revenir Cédric à la réalité.
— Son nom ?
Cédric sembla un instant perdu.
— Je… je ne sais même pas son vrai nom, avoua-t-il, les joues rosies de gêne. Tout ce que je sais, c’est qu’elle m’a aidé à guérir ma sœur. Elle… elle est différente. Elle est intelligente et intéressante...
Liam et Maldon échangèrent un regard perplexe, mais Maldon, touchant son menton d’un air pensif, lâcha un sourire.
— Ça, mon ami, c’est bien plus qu’une simple amie. Il semble que tu sois tombé sur quelque chose de bien plus compliqué. Mais si tu veux vraiment qu’elle devienne ton amie… offre-lui des fleurs. Ça plaît toujours, crois-moi.
Cédric haussait les épaules, incertain de ce conseil, mais son visage s’éclaira alors comme une idée lui traversant l’esprit.
— Des fleurs ?! Oui, pourquoi pas !
Il se leva d’un coup et se dirigea vers l’extérieur du terrain d’entraînement sans ajouter un mot de plus.
Maldon, après un instant de réflexion, se tourna vers Liam.
— Je vais suivre ce pauvre enfant. On ne sait jamais, peut-être qu’il a besoin de conseils pour choisir un bouquet.
Sans attendre de réponse, il partit derrière son ami, tout en chuchotant à Liam qu’il valait mieux le surveiller. Cédric, lui, était déjà sur le chemin de la bibliothèque, sa démarche décidée, son esprit concentré sur sa mission : offrir des fleurs à Léonie.
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La bibliothèque, comme d’habitude, était calme et plongée dans une atmosphère studieuse. Cédric entra, jetant un regard furtif autour de lui. Il chercha Léonie du regard et, après un moment, la repéra entre les étagères, profondément absorbée dans un vieux manuscrit. Il se dirigea vers elle d’un pas un peu hésitant, un petit pot de fleurs rares en main. Mais alors qu’il s’approchait, il aperçut Maldon, caché à l’arrière, qui observait la scène avec un regard incrédule.
Cédric s’arrêta un instant, se demandant s’il avait fait le bon choix. Mais une force étrange sembla le pousser à avancer. Il tendit alors le pot de fleurs à Léonie, ses mains légèrement tremblantes.
— Je… j’ai pensé que tu apprécierais… Ces fleurs sont rares, et je les ai… trouvées. Elles viennent de ma chambre. Je voulais t’offrir quelque chose… en remerciement pour avoir aidé ma sœur.
Léonie leva les yeux de son livre et observa le pot avec une expression indéchiffrable. La plante était belle, ses fleurs d’un bleu sombre, mais quelque chose dans l’air paraissait étrange et cela l'intriguait.
— Merci, Cédric, dit-elle d’un ton qui laissait transparaître une curiosité mêlée de méfiance. Mais… pourquoi ces fleurs, précisément ?
Cédric, un peu déstabilisé par la question, expliqua brièvement.
— Elles sont rares et… je les garde souvent pour les étudier. Mais je voulais te les offrir pour montrer ma gratitude.
Léonie, bien qu’elle ait un léger sourire sur les lèvres, ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi ce geste. Pourquoi une plante aussi particulière ?
Elle acquiesça lentement et accepta le pot avec le regard rempli d'intérêt et décida de la ramener dans sa chambre.
Une fois la jeune fille partie Maldon sortie de sa cachette pour tapoter l'épaule de son ami qui allait sûrement rester célibataire pour le restant de ses jours vue son niveau de compréhension de la gent féminine.
...****************...
Léonie marcha jusqu'à sa chambre les yeux rivés sur la petite créature endormie dans la plante en pot. Alors qu'elle prenait toutes les précautions pour ne pas la réveiller. La créature se redressa brusquement le regard fixé dans les fourrés au-delà du mur de l'école. La petite fille semblable à une fée attrapa l'une des feuilles de la plante en pot tirant de toutes ses forces comme pour faire comprendre à Léonie qu'elle devait si rendre.
La jeune fille soupira et rampa à travers un trou dans le mur jusqu'à l'extérieur et tomba sur un lieu sombre et caché par les arbres.
Elle avançait prudemment dans l'obscurité du sous-bois, la plante en pot bien calée dans ses bras. La lumière tamisée de la lune perçait à peine à travers les feuillages épais, donnant à l’endroit une atmosphère presque irréelle. La petite créature, perchée sur l’un des bords du pot, tirait frénétiquement sur une feuille, son regard fixé sur un point à quelques mètres devant elles.
— D’accord, d’accord, murmura Léonie, agacée. Montre-moi où tu veux aller.
La créature sauta de la plante, virevoltant comme une luciole dans l’obscurité, avant de s’arrêter brusquement devant un arbre massif. Léonie fronça les sourcils et s’approcha, ses bottes s’enfonçant légèrement dans le sol humide.
Adossé au tronc de l’arbre, un jeune homme était étendu, respirant difficilement. Ses vêtements, bien que richement brodés de motifs étranges, étaient déchirés, et une tache sombre s’étendait sur le tissu près de son abdomen. Sa longue chevelure noire, éparse, tombait autour de son visage pâle, marqué par la douleur. Mais ce n’était pas un homme ordinaire.
Léonie fronça alors les sourcils. Qui pouvait bien être cet homme ? Elle ne se rappelait pas d'un tel personnage dans l'histoire. Son cœur se serra. C'était peut-être un événement dangereux. Un Easter egg.
Elle hésita un instant, ses pensées se bousculant. Aider un inconnu blessé était non seulement une prise de risque immense, mais aussi une possible violation des règles tacites de la neutralité qu’elle s’était imposée. Pourtant, la petite créature, toujours perchée à proximité, tapotait la main de l'homme comme pour lui dire de rester éveillé.
— Hé, murmura-t-elle doucement, essayant de ne pas le brusquer. Vous êtes en vie ?
L'homme ouvrit les yeux faiblement, révélant des iris d’un rouge incandescent qui vacillèrent comme une flamme sur le point de s’éteindre.
— Fleur de sang… souffla-t-il, sa voix rauque mais empreinte d’autorité.
Léonie sentit un frisson lui parcourir l’échine alors que l'homme lui attrapa le poignet. Elle se pencha davantage pour examiner sa plaie. Une blessure profonde traversait son abdomen, et une étrange fumée sombre s’en échappant était visible à l’œil nu.
— Un poison, murmura-t-elle pour elle-même.
Raziel grimaça.
— Toi… humaine… pourquoi es-tu là ?
Elle l’ignora, se concentrant sur la petite créature qui tirait maintenant sur une feuille spécifique de la plante toxique qu’elle avait apportée.
— Toi, tu veux que je l’utilise, hein ? murmura-t-elle à la créature.
Léonie détacha la feuille et sortit le couteau que le jeune homme portait a sa cheville pour en écraser délicatement un morceau sur une pierre plate. La substance résultante dégageait une odeur âcre, mais elle savait que ses propriétés étaient similaires à celles d’un anesthésiant léger capable de calmer la douleur.
— Reste immobile, ordonna-t-elle.
Elle appliqua la pâte sur la plaie, Raziel grogna de douleur, mais la respiration saccadée du jeune homme sembla se stabiliser peu à peu.
— Pourquoi… m’aides-tu ? demanda-t-il, ses yeux brillant faiblement.
Léonie s’arrêta un instant, réfléchissant à sa réponse.
— Je ne choisis pas mes patients, répondit-elle finalement. C'est eux qui viennent a moi tel une malédiction.
Raziel esquissa un sourire, bien que faible.
— Quelle… arrogance…
Elle termina de bander la plaie, consciente que ce n’était qu’une solution temporaire.
— Tu es trop faible pour rester ici, déclara-t-elle. Si tes ennemis te retrouvent, tu n’auras aucune chance.
— Et tu comptes… me sauver seule ? ironisa-t-il, un éclat amusé dans sa voix malgré sa fatigue.
— Si je te laisse mourir ici, j'aurais travaillé pour rien
Elle se redressa, glissant un bras sous son épaule pour l’aider à se lever.
— Si tu peux marcher un peu, il y a un endroit sûr où je peux te cacher pour la nuit.
Raziel hésita un instant, mais finit par s’appuyer sur elle. Ses mouvements étaient maladroits, et Léonie grimaça sous son poids.
— Tu es plus lourd que tu n’en as l’air, grogna-t-elle.
Il laissa échapper un léger rire, presque inaudible.
— C’est la première fois… qu’on ose me parler ainsi.
La petite créature virevoltait devant eux, éclairant leur chemin alors qu’ils quittaient la clairière pour repartir en direction de l'école.
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