Le calme avant la tempête

Le calme ça fait du bien...

Pour « fuir » mon acte, je m'étais réfugiée dans le grand jardin du manoir. Un décor paradisiaque ou la lumière folâtrait au vigoureux pas de danse du vent. La forêt verdoyante semblait être gangrenée de vie, sa splendeur m'éblouit. Des végétaux tous aussi différents les uns que les autres ; des bleus, des roses, des circulaires, des uniformes, des informes...je me complaisais dans ce décor aux propriétés diverses. Admirant avec attention, ces merveilles de la nature.

Depuis mon arrivé, je n'ai fait que rester enfermé dans ma chambre. On m'apportait mes plats et je fessait mes leçons et mes cours dans ma chambre. Cela m'allait très bien puisqu'elle m'apportait une certaine sécurité dans ce monde inconnu, j'avais peur, et voulant avoir des réponses, je m'étais mise à lire pour en apprendre le plus possible.

Mon esprit valdinguait à des pensées saugrenues puis une question me venu soudain à l'esprit : Comment va maman ? Je chassai cette question de mon esprit lorsque je sentis les larmes me monter aux yeux. Je ne voulais pas réaliser, je ne voulais pas réaliser j'étais seul — Plus que je ne l'étais déjà. J'avais perdu mon seul repère, mon seul pilier et le plus ironique est que je n'étais qu'un fardeau pour elle.

J'étais seule...

Complètement seule...

Encore toute seule...

Toujours toute seule...

Au fond de moi, je crois que j'espérais recevoir un traitement différent ici, recevoir l'amour que je n'avais jamais pu avoir.

Je me tapai les joues, la douleur me permit d'étouffer toutes ses idées et de me focaliser sur le moment le présent.

Je relevai la tête, au centre de mon champ de vision une colombe blanche au ramage blanchâtre et aux yeux ciel me fixait d'un œil indiscret. Pour je ne sais quelle raison, cet oiseau me paraissait étrange. Intriguer, je m'approchai en douceur, l'oiseau ne bougeait pas d'un pouce. Alors je me mis à faire de grands mouvements, en vain. L'oiseau ne semblait pas vouloir bouger, me fixant de son regard perçant. J'avais l'impression d'être analysé comme un rat de laboratoire.

Lorsque je fume à quelques centimètres de lui, je m'abaissai et implantai à mon tour mon regard dans le sien. Dans la profondeur de ses océans, se cachaient des mystères que je ne pouvais entrevoir, seulement une chose m'apparut claire au premier contact visuel : Le chagrin et la solitude.

- Toi aussi, tu te sens seul, n'est-ce pas ? Lui demandais-je comme s'il me comprenait.

- Moi aussi. Je n'ai plus de famille et d'amis...Ils m'ont tous trahi ou abandonné. Lui souriais-je. Et toi ?

L'oiseau resta stoïque et je ris face à ma stupidité.

- Je suis bête, tu ne peux pas me comprendre, mais je ne sais pas, j'ai comme l'impression que...tu peux me comprendre....J'ai besoin d'un compagnon, tu veux bien le devenir ? Comme ça, on ne sera plus seul.

Je tendis une main accueillante vers lui, son regard se tourna vers ma main puis vers moi avant de prendre son envol.

- Hé, ce n'est pas gentil ! Lui criais-je étant offensé par son acte.

Même les animaux me détestent, j'ai touché le fond.

- Mademoiselle ?

Je me retournai pour voir à qui appartenait cette voix. Un homme aux oreilles très longues et pointues, une salopette verte et un chignon taille basse se dressa devant moi.

Était-ce un humain ? Une créature ?

- Oui ? Répondis-je d'une faible voix comprenant qu'il s'adressait à moi.

Son expression de surprise se rétracta pour devenir plus doux et calme, il me fit un magnifique sourire avant de pencher légèrement la tête en avant, suivi de son buste tandis qu'il mit une main sur sa poitrine.

- Bonjour mademoiselle que les dieux miséricordieux vous guident vers un chemin brillant.

Je me relevai un peu déconcerté, son aura réconfortante m'inspirait une grande sérénité. Je fis une révérence et lui dédia une prière :

- Merci cher monsieur, que les dieux régnant sur le Sustentra veillent sur vous ainsi que vos proches.

- Oh mademoiselle ! C'est très gentil à vous, mais je ne mérite pas que vous me fassiez la révérence et encore moins que vous me dédiez une prière ! Relevez-vous, je vous en prie !

Je me relevai et lui adressa un sourire plein de sincérité.

- Vous le méritez plus que vous ne le pensez.

Oui, car je pouvais le voir, une aura d'une pureté incommensurable et une loyauté sans faille. Il méritait tout l'or de Célestia.

Plus que ces crétins qui servent de famille.

- J'en suis honoré, mais je...Il secoua sa tête de gauche à droite comme pour reprendre ses esprits. Merci mademoiselle, je vous promets de chérir vos paroles et de les graver à jamais dans mon cœur.

- Je ferai de même...

Son visage s'illumina, tellement que son éclat me brûlai la rétine.

Mes yeux !

- Mademoiselle, j'ai quelque chose à vous montrer pour vous remercier. Que diriez-vous de venir avec moi ?

Je fus prise de court, je réfléchissais longuement avant d'accepter. Nous nous engouffrâmes dans le jardin merveilleux, ronger de végétaux irréels de beauté ainsi que de créature aux spécificités particulièrement intrigantes.

- Nous y voilà.

Des fleurs d'une transparence et d'une nouvelle clarté gorgeait l'endroit, la lumière du soleil les rendait étincelantes, m'aveuglant de leurs brillances souveraine. Je mapprochai d'une et tendis la main, j'étais comme hypnotisé. La fleur de cristal s'ouvrit au contact de ma main.

- Les fleurs de crystallin s'ouvrent aux âmes nobles.

- Que dite vous ?

C'est alors que la panoplie de fleurs autour de moi s'ouvrirent chacune leurs tours dans un spectacle grandiose faisant danser la lumière parmi eux. Je contemplais ce spectacle avec émerveillement. Mon cœur s'emplit d'une joie immense oubliant mes peurs, mes doutes et mes regrets tout cela n'avait plus la moindre importance face au miracle qui se déroulait devant moi.

1 semaine plus tard.

- Mr.Krolle ! Je suis là ! Lui avertissais-je de ma présence en courant en petite foulée vers l'homme aux oreilles de lutin.

- Mademoiselle ! Ne me vouvoyez plus je vous pris !

- Oh oui, excusez-moi, laissez-moi du temps, ce n'est pas évident.

Il soupira.

- Très bien, mais s'il vous plaît rectifier cela au plus vite, vous ne pouvez pas vous permettre...

- "De s'adresser à moi avec autant de respect, ce n'est pas digne de votre rang" Complétais-je sa phrase d'un ton las bla bla bla. Oui, vous l'avez déjà répété cent fois au moins. Bon maintenant, on peut commencer notre activité quotidienne ?

- Bien évidemment mademoiselle.

Cela faisait une semaine que je me rendais dans le jardin, depuis que j'ai assisté à ce spectacle enchanteur, je me suis prise de passion pour la botanique. Pendant les cours, je ne pensais plus qu'à me rendre dans le jardin découvrir de nouvelles choses et nouveaux recoins. Ce sentiment d'excitation mélangé à une poussée d'adrénaline me stimulait tellement que je n'arrivais pas à tenir en place.

Mr.Krolle m'expliquait les conditions de pousse pour chacune, leurs caractéristiques, leurs nourritures, la façon dont elles se nourrissaient, etc. Ce fut très enrichissant bien qu'à mon grand regret, je ne pouvais pas participer à la vie du jardin, car c'était jugé comme une pratique de classe sociale inférieure.

N'importe quoi.

Je marchais dans les couloirs du manoir souriante après cette journée passé trop vite à mon goût, un livre en main. Au bout du couloir, je reconnus la silhouette maigrelette du garçon à l'apparence semblable à la mienne, enfin plutôt celle d'Élisa. Son regard se retrouva toujours fixé droit devant lui, ne déviant même pas une seconde vers moi alors je fis de même. Au point de croisement, je ressentis un énorme frisson me parcourant l'épiderme, je me retournai d'effroi, le garçon continuait son chemin normalement tandis que tout mon corps tremblait comme une feuille.

Qu'est-ce que c'était que ça ?

- Mademoiselle Élisa, vous êtes déjà rentré ? D'habitude, vous mettez plus de temps...

Je n'eus pas la force de répondre.

- Quelque chose ne va pas mademoiselle ?

- Oui, tout va bien...j'ai juste...sommeil...

La nuit tomba sans que je ne m'en rende compte, j'avais passé le plus clair de mon temps à ruminer la scène de tout à l'heure, la retourner dans tous les sens, essayé de comprendre. Mais comprendre quoi au juste ? Pourquoi cela me faisait autant cogiter ? Pour quelle raison est-ce que je me sentais comme ça ?

Je poussai un cri de frustration en me levant d'un bond, je repoussais les rideaux en soie de mon lit et descendis prudemment. La lueur marraine de la pleine lune éclairait ma chambre. J'en admirai un instant la beauté avant de quitter ma chambre pour rendre dans le jardin, mon nouveau havre de paix.

Lorsque que j'arrivai au jardin, c'est avec horreur et stupéfaction que je le découvrais totalement saccagé, les plantes perdait de leurs vitalités à une vitesse affolante, des fleurs revenait à l'état de bourgeons, d'autre s'affaiblissaient, je regardai avec horreur le jardin que j'avais tant chérie mourir à petit feu. Je me suis mise à courir pour chercher de l'aide.

- Mais qu'est qui se passe ?! Mr.Krolle ! Mr.Krolle ! Vous êtes là ! Le jardin est en train de mourir ! Quelqu'un ! À l'aide ! S'il vous plaît !

Plus j'avançais, plus les dégâts empiraient mon cœur se compressa en assistant à ce désastre. Je trébuchai et tombai violemment la tête la première au sol salissant mes vêtements de terre. Prise de désespoir des larmes commencèrent à déferler sur mon visage.

Pourquoi dès que quelque chose me rend heureuse, on me le retire ?! Pourquoi ?!

Une colombe blanche se posa en plein dans mon champ de vision, me scrutant d'un œil impassible.

Cette colombe...c'est celle de la dernière fois.

Soudain, je me rappelai l'avoir aperçu à plusieurs reprises au cours de mes escapades dans le jardin. Ses yeux bleu ciel renfermant un profond néant me fis l'effetune décharge électrique, mes souvenirs se rassemblait et s'imbriquai parfaitement et je compris.

Une magie capable de se métamorphoser pour changer d'espèce. Une des magies les plus avancées et les plus complexes.

- C'est toi...c'est toi qui as fait ça ? N'est-ce pas ?

Bcros...

À suivre...

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